Butch Trucks
Interview par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Blues & Co n°47 (avril - mai - juin 2009)
Les Allman Brothers fêtent en 2009 leurs quarante ans d'existence. Les Allman Brothers sont fameux pour leurs guitaristes passés et actuels, la voix de Gregg mais aussi leur section rythmique. Nous avons rencontré l'un des batteurs, Butch Trucks, l'oncle de Derek, pour parler un peu de cet anniversaire et de la révolution technique qu'il compte lancer à cette occasion avec le système Moogis.
Salut Butch, merci beaucoup d'avoir bien voulu à répondre à ces questions qui viennent de France où l'Allman Brothers Band est populaire.
Te souviens-tu la dernière où tu es venu en France ? C'était le 2 juillet 1991 dans une salle du nom de "La Cigale". J'étais là et c'était la première fois que je vous voyais (pas la dernière ! J'ai eu la chance de vous voir à la Nouvelle Orléans il y a dix ou onze ans). As-tu des souvenirs particuliers de ce concert en particulier ?
J'ai quelques souvenirs très précis comme un tableau (ma femme est une artiste) dans la loge de la Cigale. On n'avait joué à Paris qu'une seule fois avant et l'accueil n'avait pas été terrible. En revanche, La Cigale est un de ces concerts que je n'oublierai jamais. L'ambiance du public était incroyablement intense. Ça a été l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, concerts européens qu'on n'ait jamais joué et l'émotion dégagée par le public en est une des principales raisons. J'ai toujours voulu y revenir. Espérons.
Venez-vous souvent en France ? Si ce n'est pas avec les Allman Brothers, venez-vous ici pour des vacances ? Qu'aimez-vous en France ?
En fait, j'ai acheté un mas dans le Languedoc il y a deux ans. C'est à environ une demi-heure à l'Ouest de Nîmes. On est toujours en train de l'aménager. C'est un très bel endroit au milieu des vignes et des exploitations agricoles. On a mis les pierres à nu et on a tout refait à neuf du sol au plafond tout en gardant l'apparence douzième siècle à l'extérieur. On est en train de mettre des panneaux solaires, on a creusé pour aller chercher de l'eau pour la géothermie pour notre chauffage et la climatisation. Ma femme et moi avons l'intention de nous y retirer quand les Allman Brothers décideront d'arrêter de tourner. On vient quatre fois par an pour surveiller l'avancée des travaux. C'est chaque fois plus difficile de repartir. On aime ce lieu.
Parlons de Moogis. Quand et comment l'idée vous est-elle venue ?
Il y a six ou sept ans, j'ai réuni des fonds et j'ai lancé un label indépendant ayant comme philosophie de signer de nouveaux jams bands, "frais" et de bonne qualité. Le concept était que plutôt de les arnaquer, on leurs avançait des fonds pour faire des CDs et gérer entièrement la publicité. On a signé un accord avec le meilleur distributeur d'indies ; on pouvait donc diffuser les CDs dans les magasins. Notre concept était de diviser équitablement le résultat net et qu'à partir d'un certain moment le groupe pouvait obtenir la propriété de ses masters. La boite a bien marché un moment mais après on heurté un mur de briques. Le vieux modèle de label d'enregistrement ne fonctionnait plus. On ne pouvait obtenir que notre musique soit diffusée. Beaucoup de radios laissaient tomber la programmation musicale et avec l'avènement de Napster et autres, il semblait que beaucoup trop de personnes n'avaient pas le sentiment qu'il était nécessaire de payer ces musiciens affamés pour ce qu'ils avaient créé. J'ai décidé d'arrêter de perdre mon temps et l'argent que j'avais investi. J'ai arrêté le label (Flying Frog Records). J'étais sur le point de quitter le business lorsque j'ai réalisé que l'industrie musicale était en train de vivre une révolution conceptuelle. J'ai compris que ce seraient ceux qui pourraient en premier trouver les nouveaux paradigmes qui gagneraient le gros lot. Internet était le choix évident pour le medium. Bien que la technologie ne fut pas alors assez bonne pour faire ce dont on avait besoin, on savait tous que c'était juste une question de temps pour que la bande passante et que les technologies de distribution ne s'améliorent et soient capables de fournir des vidéos musicales et des concerts audio d'une bonne qualité, qui puisse finalement être aussi bonne voire meilleure que la TV.
Je suis familier avec internet depuis bien longtemps, depuis même avant qu'il n'y ait eu Windows. Le fait d'être un joueur est une chose qui me permet de rester sain d'esprit quand je suis sur la route et qu'on a des heures à passer dans une chambre d'hôtel sans rien à faire. Je sais qu'Internet est le lieu où les communautés des jeunes gens d'aujourd'hui se forment. Il m'est apparu qu'un site Web spécifique à un style (comme les jam bands) qui offrirait des concerts, des vidéos des groupes, des interviews avec les artistes, etc. permettrait aux fans des jam bands de voir des concerts chaque soir, de parler à leurs amis des nouveautés et de les écouter, de regarder des shows présentés par les plus grands noms dans ce domaine, etc. Ce serait un modèle qui pourrait fonctionner une fois que la bande passante et la technologie le rendrait possible. J'en ai parlé à un de mes amis investisseurs. Il a été d'accord avec ça et m'a offert de le financer entièrement. (J'ai peur d'avoir pris le mauvais investisseur. On a découvert ensuite qu'il avait mis en place un fond "Ponzi" [NDLR : schéma pyramidal et frauduleux d'investissement] et il a pris vingt ans). Heureusement, je ne lui avais pris aucun fond. Maintenant on est assez confiant dans la bande passante et la technologie pour faire fonctionner ce modèle. La série de concerts des Allman Brothers au Beacon Theatre va permettre de tester notre concept. Si c'est un succès, alors on développera le modèle et on installera des équipements vidéo dans plusieurs clubs américains, européens et japonais pour offrir ça sur la base d'un abonnement mensuel.
Vous aller contrôler la réalisation de vidéos avec Moogis. Il me semble, sauf erreur, que vous contrôliez la réalisation des albums des Allman Brothers via ABB Recordings. Vous n'avez pas un contrôle complet des concerts audio puisqu'Instant Live en est en charge [Le label Instant Live publie en CD de très nombreux enregistrements de concerts des Allman Brothers et d'autres artistes. Plusieurs dizaines chaque année pour le groupe de Butch Trucks]. Est-ce un désir de votre part et du groupe d'avoir un contrôle complet de votre travail comme ça semble être le cas pour d'autres formations comme Widespread Panic ?
Moogis ne contrôlera rien si ce n'est la diffusion en streaming des concerts que nous produirons. Nous ne permettrons pas le téléchargement de cette diffusion. Les Allman Brothers posséderont tous les droits, ainsi que sur les productions elles-mêmes. Ce sera aux Allman Brothers de choisir de mettre en vente ou non n'importe quel des concerts au Beacon. En tant que membre des Allman Brothers (je retire maintenant ma casquette Moogis), je peux dire qu'on en a fait pas mal pour prendre le contrôle de notre musique et de la manière dont elle est distribuée. On a été totalement arnaqués par les majors pendant quarante ans. Ça aurait été super si il y avait eu Internet au début des seventies. Peut-être que les choses auraient été différentes. Il est sûr que je suis heureux que maintenant les artistes réalisent qu'ils peuvent prendre le contrôle de leur propre production et je suis encore plus heureux que Moogis puisse faire partie de ce processus.
Est-ce que Moogis est uniquement prévu pour la diffusion en streaming sur le Web ou est-il possible que vous vendiez aussi des performances audio ? Si oui, cela veut-il dire que vous ne travaillerez plus dans le futur avec Instant Live ?
Le modèle Moogis est juste ce que nous diffusons en streaming. On pourrait comme évolution créer une sorte de devanture pour aider des groupes moins connus à produire leur musique mais ce n'est pas une partie importante de notre modèle.
Moogis s'occupera-t-il juste des concerts des Allman Brothers ou s'intéressera-t-il à d'autres groupes ?
Comme je l'indiquais auparavant, on prévoit d'utiliser la série des Beacon comme un test pour le concept pour ensuite proposer Moogis.com à toute la famille des jam bands.
Savez-vous si les majors sont intéressés par Moogis ? Est-ce que Moogis est un projet que vous voulez mener vous-même ou y a-t-il des chances que certaines compagnies entrent dans le projet ?
Quand j'ai démarré Moogis, mon idée a toujours été d'en faire une compagnie indépendante. Si la série des Beacon se passe suffisamment bien, on prendra tous les profits générés pour passer à l'étape suivante sans apports financiers extérieurs. Dans le meilleur des scénarios, nous reverserons tous les profits générés par Moogis pour l'agrandir et l'améliorer puis pour construire d'autres sites centrés sur d'autres styles (jazz, metal, musique Chrétienne contemporaine et si possible deux sites country, traditionnelle et contemporaine). On aimerait être capables de maintenir un contrôle complet sur la compagnie et distribuer les bénéfices de l'entreprise à ceux qui auront contribué à son succès. Il n'est pas dans mon intention de mettre ça sur pied et de le bazarder à Google pour des millions de dollars. Je suis vraiment sérieux quand je dis que ce modèle travaille à aider les musiciens exploités à être capables de vivre de leur musique.
Êtes-vous le seul membre des Allman Brothers impliqué dans ce projet ?
Tout le monde dans le groupe est derrière moi et m'aide à sa façon mais je suis le seul membre des Allman Brothers à travailler directement avec Moogis.
Combien de personnes travaillent actuellement pour Moogis ?
On a six employés à plein temps. On va engager d'autres personnes quand nous nous développerons. Les équipes de production vidéo et audio pour la série des Beacon seront embauchées juste pour le temps de la série.
Qui finance le projet ?
J'ai levé le capital auprès d'amis qui sont de grands fans des Allman Brothers. Après avoir pendant des années essayé sans succès de réunir le capital pour le site Moogis.com en entier, qui inclurait l'ensemble de la communauté jam bands, j'ai décidé, comme je l'ai déjà dit, de faire marche arrière et de procéder par étapes. Il y a eu beaucoup de compagnies intéressées par la modèle mais elles n'ont pas adhéré au concept d'un modèle basé uniquement sur l'abonnement. La série des Beacon est un plus petit investissement et va être utilisé pour prouver la viabilité du concept. Ensuite, si nécessaire, on pourra s'allier à des entreprises de capital risque pour l'étage numéro deux. Comme je le disais, j'espère que les Beacon vont nous permettre de réaliser cette étape sans financement extérieur.
Y a-t-il une chance que Moogis s'implique dans la production et la réalisation d'albums studios ? Avez-vous approchés certains groupes ?
Non, nous avons un modèle très ciblé. Nous diffuserons de concerts à nos abonnés et nous mettrons en ligne sur notre site Web des tonnes de contenu et nous construirons une communauté pour les gens qui aiment la musique. Moogis.com sera le premier et sera focalisé sur les fans de jam bands. Nous ne sommes pas et nous ne serons pas une compagnie discographique. Je crois que cette époque est révolue.
Le premier concert au Beacon sera le premier diffusé sur le Web. Mais avez-vous déjà enregistré des concerts que vous allez proposer sur le site de Moogis ?
Non, les concerts que nous avons actuellement sur notre site sont des spectacles enregistrés en différents endroits (vidéo et audio) ou ces dernières années.
Allez-vous aussi proposer des vidéos du type "la fabrication d'un album studio" ?
Encore une fois, nous n'allons pas faire d'album studio, la question ne se pose donc pas.
Si je ne me trompe pas, l'abonnement concerne la série des concerts au Beacon. Quand celle-ci sera terminée, nous pourrons revoir ces concerts. Qu'en est-il des autres shows ? Seront-ils disponibles avec le même abonnement ou avez-vous déjà réfléchi à un abonnement mensuel ou annuel ?
L'abonnement pour la série des Beacon vous permettra de voir le contenu déjà disponible : l'ensemble des quinze concerts en direct et nos archives jusqu'au 30 septembre 2009. Vous pourrez regarder jusque là n'importe quelque des concerts du Beacon, ou tous, aussi souvent que vous le souhaitez. On décidera plus tard, s'il y a assez de demandes, de permettre aux gens de s'abonner pour six nouveaux mois. Si oui, on laissera tout en l'état et on repartira jusqu'à la prochaine série de concerts au Beacon, l'an prochain. L'abonnement concerne uniquement les Allman Brothers.
Pouvez-vous nous parler le la taille et de la résolution des images, de la qualité du son que nous pouvons attendre de ces vidéos en diffusion sur la Toile ?
Nous allons diffuser les concerts en utilisant le lecteur Flash 10 à 500 Ko. On l'a essayé et si presque partout en Europe on peut avoir un débit plus important, malheureusement ici aux Etats-Unis, on est très loin derrière vous en matière de bande passante pour la plupart des gens. De par nos expérimentations, on a trouvé que ce niveau de largeur de bande nous donnerait la meilleure qualité de vidéo et audio avec le moins de problèmes, comme ceux de la mémoire tampon et des séquences saccadées, pour le plus grand nombre. Heureusement, dans les prochaines années, les choses vont s'améliorer ici et on pourra avoir les Beacon 2010 en haute définition totale (full HD). Espérons-le. On a montré beaucoup de vidéos à un important panel de test et il semble très content.
Les gens auront-ils besoin d'un accès Internet à grande vitesse ou à très grande vitesse pour ces vidéos ? Est-ce que l'ADSL 512 kbps est le minimum requis ?
OnStream, l'entreprise qui s'occupe d'encoder et de distribuer notre diffusion Internet nous dit que des débits aussi faibles que 250 à 300 kbps permettent de regarder un concert avec peu de difficultés.
Faut-il installer des logiciels spéciaux sur notre ordinateur ou fournissez-vous des vidéos lisibles par Windows Media Player ou des lecteurs de ce type ?
Tout ce dont vous aurez besoin, c'est Adobe Flash 10 Player. Tous les systèmes d'exploitation que je connais permettent l'installation de ce lecteur.
Allez-vous offrir dans un futur proche la possibilité de télécharger une vidéo ?
Comme je l'ai dit précédemment, ce n'est pas notre modèle. Si nous le faisons ce sera pour rendre service à des groupes qui voudraient bénéficier de notre aide pour diffuser leur musique. Nous ne pensons pas en faire une source de revenus et si on le faisait, on ne facturerait que les coûts de mise en place du service. Nous, très certainement, nous ne ferons pas de téléchargements pour les Allman Brothers.
Avez-vous déjà pensé sur un moyen pour que les gens ne puissent pas enregistrer la diffusion Web qu'ils recevront sur leur ordinateur ?
Nos flux seront encodés pas OnStream et ils nous ont averti que personne ne pourra les télécharger. Bien sûr, beaucoup essayeront et je suis certain que certains concevront un système pour le faire. Les voleurs abondent. Nous sommes presque certains que ces tentatives n'arriveront pas à approcher la qualité de l'original.
Parlons maintenant de la série des concerts au Beacon. Il y a longtemps que vous y jouez. Depuis quand exactement ?
On joue au Beacon chaque mois de mars depuis vingt ans. On a dû annuler la série de l'an passé parce que Gregg était en plein milieu d'un traitement médical pour un très sérieux problème de santé et était incapable physiquement de jouer. Il est maintenant en meilleure forme qu'il ne l'a été depuis des années. Soyez prêts à une série 2009 héroïque.
Si le nom de l'Allman Brothers Band est historiquement associé à celui du Fillemore East, la salle des Allman Brothers semble bien être le Bacon Theatre à New York. Qu'est ce qui vous a amené à commencé à l'utiliser ? Il est rare que les groupes restent si longtemps au même endroit.
On avait la possibilité de jouer au Madison Square Garden pour une ou deux nuits ou jouer de nombreuses nuits au Beacon. Pour nous, il n'y avait pas photo. L'interaction avec le public dans ce plus petit lieu et la liberté que nous avons en jouant quinze ou d'avantage de concerts au même endroit est ce que nous préférons tous. Quand on fait notre tournée estivale avec des concerts d'une nuit dans des lieux plus grands, nous nous sentons plus ou moins obligés de jouer un concert "Greatest Hits". Lorsqu'on est au Beacon, on est plus libre de prendre des risques et de faire des choses qu'on ne pourrait faire si on n'avait qu'une nuit.
Chaque année, vous avez beaucoup d'invités qui viennent sur scène. Est-ce qu'il y a des gens que vous invitez et qui ne sont jamais venus ?
Oui. Cette année, c'est notre quarantième anniversaire. On a commencé le groupe le 26 mars 1969 à Jacksonville en Floride. On dédie l'ensemble des quinze concerts de la série du Beacon à la mémoire du gars qui a tout lancé : Duane Allman. On a invité pas mal d'amis à lui et à nous que nous avons connu ces quarante dernières années et beaucoup viendront. La liste est assez longue et chaque nuit je pense que le public aura de très belles surprises. Je ne vous donne pas les noms car ces surprises font partie de la série des Beacon. Cette année, on amène ça à un autre niveau.
Il y a eu certaines rumeurs sur Internet selon lesquelles Dickey Betts pourrait être invité sur scène. Pouvez-vous nous dire s'il sera là ?
On a invité Dickey à venir et à laisser de côté nos différents personnels pour une nuit et nous aider à rendre hommage à Duane. Jusque là, nous n'avons pas entendu parler de lui.
Comment sont vos relations avec Dickey ? Y a-t-il une chance de vous voir ensemble sur scène dans le futur ?
Je n'ai plus parlé à Dickey depuis la demande d'arbitrage qu'il avait demandé. Nous ne sommes pas en contact et, pour être honnête, je pense que nous ne jouerons plus jamais ensemble. C'est tragique mais je crains que ce soit inévitable. Il a de très sérieux démons avec lesquels nous avons essayé de composer et nous l'avons fait pendant des décennies. C'est finalement devenu pour moi impossible de continuer ainsi.
Y a-t-il d'autres festivités prévues, si ce n'est la série des Beacon, pour le quarantième anniversaire ?
L'année 2009 en totalité sera un long festival. On va faire quelques packages bien cool pour une série estivale étendue.
Pour le vingtième anniversaire, il y avait eu un superbe coffret, "Dreams". Est-il prévu quelque chose de similaire pour le quarantième anniversaire ?
Je viens de vous le dire.
Pour préparer le Beacon, je suppose que vous avez répété. Combien de temps ça a duré ? Avez-vous travaillé à de nouveaux morceaux ? De nouvelles compositions ?
On a répété environ dix jours et passé la plupart de notre temps à apprendre un bon paquet de reprises. Comme je l'ai dit, attendez-vous à quelques vraies surprises cette année. Pour la première fois depuis très longtemps, on a prévu de faire une balance chaque jour. Ce sera notre seule opportunité de répéter ces chansons avec les gens qui vont venir jouer avec nous.
Avec la quantité de travail que certains membres des Allman Brothers ont [appartenance à plusieurs groupes], est-il facile de réunir tout le monde ensemble pour travailler ?
Non ! C'est une chose les plus dures à faire.
Combien de dates faites-vous habituellement chaque année ?
Environ quarante par an.
Si je ne me trompe pas, vous n'avez, vous, aucun autre projet musical en dehors des Allman Brothers. Que faites-vous quand vous n'êtes pas sur la route ?
Ces dernières années, j'ai travaillé sur Moogis. Je voyage aussi avec ma femme, je lis pas mal et j'aime jouer à World of Warcraft [NDLR : jeu vidéo] quand je peux.
La vie sur la route est-elle fatigante ou est-ce toujours un plaisir d'âtre sur la route, de jouer des concerts ?
J'aime toujours ça. Je peux travailler et jouer à World of Warcraft depuis n'importe quelle chambre d'hôtel et c'est ces dernières années que j'ai eu le plus de plaisir à jouer avec ces gars depuis la mort de Duane. Le sentiment de camaraderie qui avait marqué le groupe est revenu. Vraiment, pour la première fois depuis 1971, j'aime toutes les personnes avec lesquelles je joue. Il y a plus de sourires et de communication que nous n'en avons eus depuis bien des années. Je peux vraiment dire qu'on n'a pas eu une mauvaise soirée ces dernières trois années. Certaines sont meilleures que d'autres, bien entendu, mais elles sont toutes un amusement et ont leurs bons moments.
Il y a quarante anas que les Allman Brothers sont nés. Avez-vous déjà pensé à mettre fin au groupe ? Est-ce que quelqu'un a déjà posé une date limite à son appartenance au groupe ? Ou jouerez-vous tants que la santé vous le permettra ?
Je choisis la troisième option. Je m'attends à ce qu'après cette année nous ne jouions plus autant de concerts que nous l'avons fait. On continuera à faire les Beacon et probablement 12 à 15 concerts. Quand cela finira-t-il est une devinette pour chacun.
D'où est venue l'idée d'avoir deux batteurs aux seins des Allman Brothers ?
De Duane. Ça a commencé parce que James Brown en avait deux. C'est devenu réalité quand Jaimoe et moi avons commencé à jouer ensemble.
Au milieu des années quatre-vingt dix; Marc Quinones est venu s'ajouter aux deux batteries dans le groupe. Qui a eu cette idée ?
On a toujours voulu un percussionniste latin dans le groupe mais on ne pouvait pas en trouver qui puisse jouer avec la puissance et la musicalité nécessaire pour convenir aux Allman Brothers. J'ai vu jouer Marc avec Spyro Gyra et j'ai en fin de compte trouvé ce que nous cherchions. Je suis allé en coulisse le rencontrer après le concert et lui donner ma carte de visite. Je lui ai dit que j'allais le piquer à ce groupe. Quand j'ai quitté la loge, Marc a voulu vérifier et a demandé qui c'étaient que ces foutus Allman Brothers ! C'était il y a plus de vingt ans. Je pense qu'il a trouvé.
Quand Marc jouait avec Spyro Gyra, leur musique était complètement différente. A-t-il été difficile pour lui "d'entrer" dans la musique des Allman ?
Non, pas du tout. C'est un superbe musicien et il joue ce qui doit être joué. Même chanter quand il le doit. Imagine-le, élevé à la salsa, chanter des harmonies sur "Ramblin' Man". J'avais l'habitude de le surveiller et de rire. C'était comique.
Votre dernier album studio est sorti il y a quelques années, en 2003, neuf ans après le précédent. Y a-t-il un projet de sortir un nouvel album studio ? Aurons-nous à attendre neuf ans, ce qui nous amènerait en 2012, ce qui n'est plus très loin ?
On parle d'en faire un mais avec l'état de l'industrie musicale en ce moment, il n'y a pas trop de raison de faire quelque chose. On a toujours détesté ce que le studio nous fait. Mon sentiment est que réaliser un album studio est un métier alors que jouer live est un art. On a passé toutes nos carrières dans le studio à essayer de sonner live. Maintenant, on peut simplement enregistrer tout nouveau morceau en "live" et compiler un nouvel album quand c'est prêt. On devrait revenir en studio mais j'espère que non.
Ces dernières années, vous avez sorti en CD une série de concerts des années 70 mais ça fait un moment que vous n'en avez pas réalisé un nouveau. Allez-vous en proposer dans un futur proche ?
Oui, on en a beaucoup et ils vont continuer à sortir.
Avec l'avènement de Moogis, cela signifie-t-il que vous resterez aux État-Unis et ne viendrez pas jouer en Europe ?
On a pris la décision de ne pas tourner en Europe il y a quelques années. Déplacer notre équipe jusqu'en Europe revient très cher et nous ne sommes pas le genre de groupe qui peut jouer bien sur du matériel de location.
Avez-vous des contacts avec des promoteurs européens ?
Je suis sûr que nous en avons. Cependant, je ne suis que le batteur.
Merci beaucoup Butch d'avoir répondu à cette interview. Nous vous souhaitons à vous et à l'Allman Brothers Band un heureux anniversaire, de supers concerts au Beacon, bonne chance pour Moogis et plein plein d'années de super musique avec les Brothers.