JoJo Billingsley
Lynyrd Skynyrd - Alias
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°61 (mars - avril 2008) et Blues & Co n°43 (mars - avril - mai 2008)
JoJo Billingsley, l'ancienne Honkette de Lynyrd Skynyrd, est depuis quelques temps de retour dans le monde de la musique avec, en particulier, un très bon disque. Nous l'avons rencontrée afin d'en discuter. Mais bien sûr, nous l'avons questionnée sur toute sa carrière et en particulier sa saga avec Lynyrd Skynyrd. Un éclairage intéressant sur cette vie mouvementée avec ses moments de bonheur et ses drames... Une page de l'histoire du rock and roll.
Bonjour JoJo,
Vous êtes née Deborah Jo White mais on vous connaît en tant que JoJo Billingsley. Quelle est l'origine de ce surnom ?
Je suis née Deborah Jo Billingsley. J'ai épousé Timothy White, White est donc mon nom de mariage. Ronnie Van Zant m'a appelée "JoJo" parce qu'il y avait deux personnes dans l'entourage de Skynyrd avec le même prénom, moi et Joe Osborne, notre technicien guitare. Pour éviter la confusion, j'étais donc connue comme "JoJo". Ça a juste bien collé.
Utilisez-vous toujours ce surnom ?
Ce n'est pas un surnom, c'est mon nom de jeune fille. Je ne l'ai pas utilisé pendant plusieurs années parce que je chantais principalement à l'église et que je pensais que j'avais besoin de faire une distinction entre les deux. J'ai découvert que je suis malgré tout la même personne. J'ai surtout utilisé ce nom pour ce projet afin que le monde sache que je suis toujours bien là ("I am still alive and well") et aussi pour honorer le nom de mon père qui est Billingsley.
Pouvez-vous nous parler de votre jeunesse et de comment vous avez commencé à chanter ?
J'ai commencé à l'âge de trois ans. J'ai pris des leçons de danse claquettes et jazz de trois à quatorze ans. Je donnais des récitals environ deux fois par an. C'étaient des représentations faites par tous les élèves. Je devais chanter et danser. J'étais aussi soliste à l'église quand j'ai eu dix ou douze ans. J'étais également impliqué dans le programme musical de mon école : chorale, ensemble vocal féminin, etc. J'étais soliste. Je chantais à ma remise de diplôme au lycée. À l'époque, j'étais soprano coloratura. J'ai obtenu une bourse d'étude pour aller à l'Université du Mississippi (Ole Miss) mais ça a été une période difficile parce que je n'avais jamais fait de solfège. Je ne sais pas lire la musique ou jouer d'un instrument (à part les percussions). Je suis née avec un don pour la musique que Dieu m'a donné, presque une mémoire auditive. J'ai la capacité d'entendre les harmonies vocales et différents instruments dans ma tête comme des guitares, des trompettes, des violons, etc. mais je n'ai pas de connaissance réelle de la clé utilisée ou de savoir comment en jouer mais simplement je SAIS. Ça doit venir de Dieu. Mon père m'a appelée alors que j'étais à l'Université et m'a demandé de quitter Ole Miss juste quelques mois après m'être inscrite. Je suis rentrée à la maison. Il est décédé d'une crise cardiaque juste quelques mois après, à peine âgé de cinquante et un ans. Je suis contente d'avoir quitté l'école quand papa me l'a demandé. Ainsi on a pu passer un peu de temps ensemble.
Il y a un fait peu connu à mon sujet : j'ai été une fois invitée alors que j'avais seize ans à visiter et à suivre les cours de l'école Juillard [NDLR : fameuse école des Arts du spectacle] mais mon père n'a pas voulu m'y laisser aller parce que c'était à New York. Je rêve parfois de ce que ma vie aurait été si j'y avais été.
Votre chant était-il influencé par certains artistes ?
Oui, ayant été élevée près de Memphis, j'avais un contexte très favorable pour écouter de la soul, du rhythm and blues et du rock. J'ai assisté à pas mal de revues soul de WDIA et j'ai vu Aretha Franklin, Ike et Tina Turner, James Brown, les Temptations, etc. Quand j'étais adolescente, une de mes favorites était Aretha Franklin. Cette femme savait sacrément chanter ! J'aimais aussi Elvis, Otis Redding, Janis Joplin, the Allman Brothers et Delaney & Bonnie. Le premier concert auquel j'ai assisté est celui des Rolling Stones alors que j'avais douze ans. C'est marrant que douze ans plus tard, à Knebworth, en Angleterre, j'ai joué avec Skynyrd en partageant la même affiche que les Rolling Stones, devant 250 000 spectateurs ! Il y a beaucoup trop de groupes qu'il faudrait mentionner mais ce sont juste quelques-uns de mes favoris de mon adolescence.
Vous avez rejoint le groupe Oil Can Harry en 1972. Étais-ce vos débuts en tant qu'artiste professionnelle ?
Oui, je pense que vous pouvez dire ça. Quand mon père est décédé en 1971, il n'a laissé aucun héritage j'ai donc commencé à chanter pour vivre parce que je n'avais jamais travaillé un jour dans ma vie. Le premier groupe dans lequel j'ai chanté était un groupe local de ma ville natale, Senatobia, dans le Mississippi, avec un type qui s'appelait Tommy Howe. Je crois que j'ai joué quatre concerts avec eux. En jouant avec eux, j'ai rencontré un bassiste de Memphis, Billy Beaver. Quand il y est retourné, il a parlé de moi à son groupe et ce groupe, c'était justement certains des musiciens de Oil Van Harry. J'ai commencé à jouer avec eux peu après. Certains des musiciens ont changé. On a fait une tournée à l'étranger en 1973 ou 1974. Ma mémoire n'est pas tout à fait certaine. Ça fait un bon moment ! Le groupe a ensuite changé de musiciens pour devenir Gizmo et on a joué ensemble un an jusqu'à ce qu'on m'appelle pour rejoindre Skynyrd.
Quel était votre rôle ? Chanteuse ("lead singer") ?
J'étais à la fois chanteuse et choriste. Plusieurs des membres du groupe chantaient, y compris le batteur, Chuck Covey et le guitariste rythmique, Jack Rowell. J'étais la seule fille du groupe.
Quel était le style de ce groupe ?
On était un groupe de reprises. On faisait le top 40, du rock, du rhythm & blues et de la soul.
Quand et comment avez-vous commencé à travailler avec Lynyrd Skynyrd ?
Un ami à moi qui s'appelait Bob O'Neal faisait les lumières de Skynyrd et Fleetwood Mac. Il leur a donné mon nom et Kevin Elson (leur producteur son) m'a invitée à venir à un concert à Nashville. C'est là que j'ai rencontré Ronnie Van Van Zant pour la première fois et il m'a embauchée sur le champ. Quand je suis rentrée dans la loge où il était assis avec ses pieds nus appuyés sur une table, il m'a jeté un regard, il a rabattu son chapeau en arrière, il m'a souri et a dit "Elle va pile faire l'affaire !" et il m'a embauchée sans même m'entendre chanter. Ça serait bien si je savais pourquoi !
Quand étais-ce ?
C'était lors de la tournée de "Give Me Back My Bullets". Je ne me souviens pas exactement de la date ; probablement début 1975. Allen et Gary étaient alors les seuls guitaristes. L'album avait déjà été enregistré, en utilisant les Honeycutts (je pense) lors de l'enregistrement. C'était (autant que je sache), des choristes de studio. Nous, les trois Ladies, nous avons été embauchées pour la tournée quand le groupe faisait la promo de ce disque. Le reste, c'est l'histoire du rock.
Vous intéressiez-vous au rock sudiste et spécialement à Lynyrd Skynyrd ?
Oui, c'était mon groupe favori.
Pourquoi Ronnie Van Zant voulait-il rajouter des choristes féminines au groupe ?
Peut-être pour mettre la cerise sur le gâteau !
Quand et pourquoi ce nom de "Honkettes" a-t-il été choisi ?
Pour quelque raison Ronnie m'appelait souvent "honky" ("sale blanche") quand je l'ai rencontré la première fois mais je n'ai jamais su pourquoi. Je ne savais même pas ce que ça signifiait. Il était le seul à nous appeler es Honkettes et il ne nous a jamais dit pourquoi. Ça semblait simplement bien coller avec nous.
Les Honkettes, c'étaient Leslie Hawkins, Cassie Gaines et vous. Le choix de vous trois était-il basé sur des arguments techniques comme une complémentarité de vos voix, etc. ?
Non, on n'a jamais chanté ensemble avant d'être embauchées. Leslie venait du groupe Wet Willie [NDLR : on peut écouter Leslie aux choeurs sur deux titres de leur LP " The Wetter The Better"] et je connaissais Cassie pour avoir travaillé avec elle à Memphis dans un endroit qui s'appelait Pancho's. Elle savait que j'étais chanteuse et je savais qu'elle était chanteuse mais c'était tout. On n'avait jamais chanté ensemble. Elle était mon amie et elle suivait comme moi les cours à l'Université d'État du Mississippi où elle participait aux activités du département Art, Théâtre et Musique. Un fait peu connu au sujet de Cassie est qu'elle chante dans la version originale de "Hair" à Broadway. Donc, après qu'ils m'aient embauchée, ils m'ont demandé si je connaissais d'autres chanteuses et je leur ai parlé de Cassie. Elle vivait dans l'Oklahoma quand je lui ai téléphoné et que je lui ai demandé de venir avec nous sur la route. Elle n'avait jamais entendu parler de Skynyrd. Je lui ais dit d'aller acheter leurs deux premiers albums et de les écouter. Elle l'a fait, on l'a fait et le reste est l'histoire du rock and roll. Elle me manque ! C'est une des personnes les plus vivantes et remarquables que j'ai jamais rencontrée.
Avez-vous commencé à accompagner Lynyrd Skynyrd en concert seule ou étiez-vous tout de suite trois ?
Toutes les trois. Et on était embauchées comme faisant partie de Lynyrd Skynyrd lui-même. C'est plus tard, lors de la tournée, que Ronnie nous a donné un nom. On a toujours fait partie du groupe ; on n'était pas une entité séparée.
Est-ce que chaque Honkette avait un rôle particulier, un petit peu différent du rôle des deux autres ?
Pas vraiment. En général, je chantais les parties basses parce que je le pouvais, sauf pour "Down South Jukin". J'ai eu à chanter la partie haute de ce morceau parce qu'on l'a enregistré en première prise au studio à Muscle Shoals et c'est ce que j'ai chanté naturellement. On n'a jamais fait ce morceau en live pendant que j'étais dans le groupe. Cassie chantait habituellement toujours la partie médiane et Leslie la partie haute. On se positionnait aussi toujours dans le même ordre. Leslie à gauche, Cassie au milieu et moi à droite. Toujours. Leslie jouait du tambourin, Cassie jouait de la cabasa et moi j'utilisais les maracas. J'étais la seule à avoir l'honneur de chanter avec Ronnie sur les parties d'harmonies vocales et quelques improvisations comme "Tuesday's Gone " pendant que les autres filles faisaient les choeurs. Nos voix se mariaient simplement à merveille.
Comment était la vie sur la route avec Lynyrd Skynyrd ?
Incroyable, agitée, sauvage, amusante, fatigante, excitante, glamour et pas toujours dans cet ordre...
Quels ont été vos souvenirs les plus significatifs avec le groupe ?
Les relations de type familial et l'amour que tous nous avions pour chacun des autres même si on était si différents. Aussi, le fait que chaque spectacle que nous avons joué était complet à l'avance. Ce furent vraiment les meilleurs musiciens que j'ai jamais écoutés. Ils aimaient leur musique et avaient une passion pour jouer. Ils avaient vraiment la classe. J'ai été vraiment honorée et bénie pour avoir fait partie d'un des meilleurs groupes du monde entier !
Pouvons-nous parler un peu de la tragédie de 1977 ou peut-être préférez-vous ne pas le faire ?
Ok.
Pourquoi n'étiez-vous pas dans l'avion ?
C'est une longue histoire mais c'est mon point de vue sur l'histoire et je suis heureuse de fixer clairement cette histoire. J'avais mes problèmes mais une chose qui est sûre c'est que je pouvais et que je peux toujours chanter. Ronnie m'avait dit qu'il voulait revenir avec juste les musiciens mâles du groupe et, résultat, en août 1977, le dernier concert où j'ai chanté avec eux était à l'Aladdin Theatre à Las Vegas, au Nevada. J'étais physiquement malade car j'étais accro aux drogues et à l'alcool. Je suis donc revenue à la maison pour rester pendant un temps avec ma mère à Senatobia, dans le Mississippi. J'y étais aux bons soins d'un médecin. Par le téléphone arabe, j'ai appris que Leslie avait été réembauchée puis Cassie. Honnêtement, je n'y ai pas fait attention parce que j'étais fatiguée par ce style de vie. C'est une dure vie que d'être une star du rock & roll ! Ils ont joué quatre concerts sans moi juste après la sortie de l'album "Street Survivors". Ronnie m'a ensuite appelée et m'a demandé de reprendre la route parce que je lui manquais et parce qu'il avait besoin de moi. C'était du miel pour mes oreilles ! Il m'a demandé de prendre l'avion pour les retrouver à Greenville, en Caroline du Sud. Mais je lui ai dit que je voulais les retrouver dans deux jours à Little Rock, Arkansas., du fait que c'était à 140 kilomètres de là ou je séjournais dans le Mississippi. Cette nuit là quand je suis allé me coucher après avoir parlé à Ronnie, je me suis réveillée après que Dieu m'ait donné le rêve le plus pénétrant de ma vie. J'ai rêvé que l'avion s'écrasait ! J'ai vu entièrement dans mes rêves les choses deux nuits avant que ça ne se passe réellement. Le jour après mon rêve, j'ai appelé pour essayer de les avertir de ne pas revenir en avion. J'ai appris plus tard qu'ils avaient décidé, après avoir voté, avant de quitter Greenville, que ce serait leur dernier vol avec cet avion. Et bien, nous savons ce qu'il en est.
Comment avez-vous vécu l'accident ?
J'étais la seule qui n'était pas dans l'avion.
Désolé, je voulais vous demander quelles furent vos réactions quand vous avez appris le crash. Comment avez-vous vécu ces nouvelles ?
J'étais à Memphis avec mon vieux groupe d'amis musiciens et on prenait du bon temps. On fêtait le fait que le lendemain je recommencerais à chanter avec le groupe. Ma mère a appris le crash je ne sais comment et elle m'a appelée chez mes amis. Elle et mon frère, Neal, m'ont appris les terribles nouvelles. J'étais dévastée Ça a été le début de longues années de chagrin. J'en ai encore parfois. C'était le meilleur groupe dans le monde et certaines des plus merveilleuses personnes que vous auriez jamais pu rencontrer. Quelle terrible fin pour une chose si merveilleuse. Je suis heureuse que finalement ils aient été honorés par une introduction au Rock and Roll Hall of Fame. C'est triste qu'ils n'aient pas inclus Leslie, Cassie et moi. Cassie a donné sa vie ; que pouvait-elle donner de plus ? Nous trois, on a été négligées, mais on ne sera jamais oubliées ! J'ai toujours entendu dire qu'il était dur de surpasser l'original.
Êtes-vous toujours en contact avec Leslie Hawkins ?
Oui. On discute de temps à autres. Je l'aime.
Avez-vous été contactée pour rejoindre Lynyrd Skynyrd quand ils se sont réunis en 1987 ?
Non. On ne m'a jamais demandé.
Parlons maintenant d'Alias. Pourquoi ce nom ? Est-ce en relation avec le fait que vous utilisez un surnom ?
Non, c'est parce que tous les gars de Skynyrd utilisaient un pseudonyme chaque fois qu'on s'enregistrait dans un hôtel.
Comment est né le projet ?
Dorman [NDLR : Dorman Cogburn, guitariste] et Jimmy [NDLR : Jimmy Dougherty, chanteur] avaient écrit quelques-unes des chansons et m'ont demandé d'en chanter certaines. Ensuite, ils m'ont demandé de me joindre à eux. Après, on a eu un contrat discographique. Je n'aime vraiment pas penser à cette période de ma vie. Les souvenirs sont vraiment trop douloureux.
Pouvez-vous nous parler un petit peu du guitariste Dorman Cogburn ? Quel a été son itinéraire avant qu'est il devenu après Alias ?
Je ne sais pas.
Et le chanteur Jimmy Dougherty ? [NDLR : il vient de décéder]
Je ne sais pas non plus.
Sur le disque "Contraband" (Mercury, 1979), il y avait Barry Lee Harwood, Artimus Pyle, Billy et Ricky Powell, ainsi que Leon Wilkeson. Étais-ce le même line-up en concert ?
Non, seulement en studio.
Y a-t-il un lien familial entre Ricky et Billy Powell ?
Je pense mais je n'en suis pas sure.
Combien de temps le groupe a-t-il existé ? Quand et pourquoi s'est-il séparé ?
Tous les trois, on est resté ensemble environ un an et demi. On s'est séparé à cause de la cupidité, d'un mauvais management et parce que j'ai presque été tuée en coulisse à un concert à Savannah, Géorgie. Il y avait trop de conflits de personnalité, pas assez d'argent, un mauvais management ainsi que mille autres raisons dans lesquelles je ne rentrerais pas maintenant. Je prie souvent pour eux.
Comment est-il arrivé que vous fassiez les choeurs sur le morceau " I'm Not Gonna Let It Bother Me Tonight " sur le "Champagne Jam" de l'Atlanta Rhythm Section ?
Robert Nix, le batteur et auteur/compositeur pour l'Atlanta Rhythm Section m'avait accueillie et proposé de rester avec lui et sa famille à Doraville en Géorgie, après les funérailles de Ronnie Van Zant. Une nuit, il m'a emmenée dans leur studio, m'y a fait rentrer et m'a mise devant un micro, il a baissé les lampes et a établi une atmosphère propice pour que j'écoute la chanson. Il m'a dit qu'ils l'avaient enregistrée plusieurs fois mais qu'il avait besoin de quelque chose et que si j'entendais quoi que ce soit, il m'a demandé de commencer à chanter dessus. C'est un bon producteur et les producteurs font ça.
Il l'a fait, je l'ai fait et cet enregistrement que vous entendez est ce que le groupe a laissé le matin d'après après m'avoir mixée très faible et presque m'avoir sortie du morceau pendant que Robert et moi nous étions endormis après la session. Ça a anéanti Robert. Ça aurait pu faire un super hit, un numéro 1 ! Cependant, ça a grimpé assez haut dans les charts. Dommage que vous n'ayez pas entendu la version que Robert et moi avons enregistré à l'origine !
Comment se fait-il que vous ayez été ami avec Robert Nix ?
Je l'ai rencontré la première nuit où j'ai rencontré Skynyrd à Nashville, quand Ronnie Van Zant m'a embauchée. Le concert, ce soir là, comprenait l'Atlanta Rhythm Section et Lynyrd Skynyrd. C'était à guichets fermés. Ronnie m'a présentée à Robert et on est devenu tout de suite des amis proches. C'est toujours le cas. Robert Nix est un homme remarquable. Je lui serais toujours reconnaissant, ainsi qu'à sa famille, pour m'avoir aidée après l'accident d'avion. Ils ont bien pris soin de moi durant cette horrible période.
Vous intéressiez-vous à la musique de l'Atlanta Rhythm Section ?
C'étaient de bons musiciens et ils avaient de bons morceaux. Ma connexion avec eux, c'était Robert.
Aviez-vous un job de choriste de studio ?
Non, mais j'ai toujours voulu être une choriste de sessions.
Pour autant que je sache, vous avez enregistré avec Billy Joe Royal. Quand étais-ce et quel était le titre du disque ?
C'était après le crash de l'avion ; je ne me souviens plus exactement quand. Lui et Robert Nix étaient de bons amis et, ainsi, Robert était le producteur sur ce projet. Je pense que le titre allait être "Home And Homesick". Autant que je sache, ça n'est jamais sorti. C'était un autre de ces grands projets enterrés par les compagnies de disque avant même que ça ne soit réalisé. Pas parce que ce n'était pas bon, parce que c'était trop bon. Leslie Hawkins, moi-même et une fille qui s'appelait Lynn (je crois), on faisait ensemble les choeurs. Robert nous avait baptisé "The Vicious Voices" ! Ça a été ma seule association avec Billy.
Comment se fait-il que vous ayez été présente à cette session ? Vous le connaissiez ?
Non, je ne l'avais jamais vu avant cette session. C'est Robert qui avait fait appel à nous.
Avez-vous participé à d'autres projets musicaux (à part Lynyrd Skynyrd, Alias, "I'm Not Gonna Let It Bother Me Tonight", le disque de Billy Joe Royal) jusqu'à votre retour dans les années 2000 ?
Non.
J'ai lu que cous avez joué en concert avec 38 Special. Quand étais-ce et ça a duré combien de temps ?
Une fois, à un show à Passaic dans le New Jersey. J'ai chanté avec eux une chanson, "Tell Everybody". Ils étaient juste en train d'obtenir cette nuit là un nouveau contrat. Le studio de répétition de 38 Special était juste à côté du notre à Jacksonville et je pouvais y aller de temps en temps et me joindre à eux.
Quand et pourquoi avez-vous fini de chanter professionnellement ?
J'ai été battue et laissée pour morte en coulisse à un concert à Savannah, Géorgie en 1970, ironiquement par un roadie de l'Atlanta Rhythm Section. J'ai même eu un procès en Géorgie qui m'a attribué un dédommagement qu'ils ne m'ont jamais payé. Je leurs pardonne.
Quelle a été votre vie ensuite ?
J'ai cessé de chanter en 1980 après m'être réveillée dans une mare formée par mon propre sang, après l'agression de Savannah. J'ai quitté le chant à cette époque parce que je pensais que "si c'est ça la musique, je ne veux plus en faire". J'ai rencontré mon mari peu après et on a vécu à Atlanta puis, pour une brève période, dans sa ville natale de Ashland, dans l'Alabama. J'ai joué quelques fois cette année là dans un groupe qui s'appelait Joker et qui était d'Anniston, dans l'Alabama. Mon mari et moi nous sommes mariés en 1981 et on a déménagé à Dallas au Texas. Là, j'ai joué quelque fois avec les frères LaVally dans un groupe qui s'appelait Nuthin' Fancy. Je n'ai plus chanté pendant sept ans. Mon fils est né en 1983 à Dallas et j'ai vraiment adoré être une mère. Je lui ai donc consacré ma vie et mon amour.
Si je ne m'abuse pas, vous avez recommencé à chanter en 1987 et vous avez enregistré deux cassettes, "In Jesus Name" et "Double Portion". Pouvez-vous nous en parler, nous évoquer leur style et surtout nous en dire plus sur la reprise de "Sweet Home Alabama" titrée "Sweet Home Heaven" ?
Bon, "In Jesus Name", ça a été mon vraiment premier enregistrement solo. C'est essentiellement un mélange de chansons que j'aimais chanter à l'époque. Principalement des cantiques et autres morceaux religieux écrits par différents artistes. L'enregistrement suivant, "Double Portion" était du même tonneau mais sur un rythme plus enlevé. "Sweet home Heaven" est une variation de "Sweet Home Alabama"; juste avec des paroles différentes. Ça parle du paradis comme étant maintenant ma vraie maison. La chanson m'a été offerte une nuit, il y avait bien des années, par un ministre du Culte après que j'ai officié dans son église. Après, j'ai ajouté quelques lignes et je l'ai depuis chantée ainsi.
Est-ce qu'on peut se procurer ces enregistrements ?
Oui, mais uniquement sur demande par l'intermédiaire de mon ministère Je les ai passés sur CD il y a deux ans.
Avez-vous enregistré quelque chose d'autre entre les cassettes et "I Will Obey" ?
Oui, j'ai enregistrée comme invitée sur le "Something Heavy" de Michael Buffalo Smith. J'ai aussi enregistrée avec Artimus Pyle pour son projet "Artimus Venomous". Ed King, Artimus Pyle, Leslie Hawkins et moi avons aussi fait un "Skynyrd Legends Tour" avec le Saturday Night Special Band. On a fait aussi un concert tous ensemble avec Bob Burns aussi et quelques musiciens merveilleux de New York. C'était historique. On formait vraiment un bon groupe et c'est une honte que quelqu'un ait encore cassé ça. C'est un tel gaspillage de talent.
Sur le DVD "This Is Southern Rock", il y a quatre morceaux avec vous, Leslie, Artimus et Ed (je ne me souviens pas avoir vu Bob). Ça provient de la tournée 2005 ?
Je n'en ai aucune idée. Je n'ai même jamais rien su au sujet de ce produit ! C'est la première fois que j'en entends parler. Si vous pouvez avoir une copie, pourriez-vous m'en envoyer une ?
Comment est né le projet d'enregistrer ce disque ("I Will Obey") ?
J'ai créé certains de ces morceaux depuis bien des années mais je n'avais jamais eu l'opportunité de les jouer de par mon incapacité à jouer d'un instrument. Mais j'avais toujours les chansons dans ma tête et dans mon coeur. J'ai chanté une de mes chansons à mon pasteur musical de l'époque, Larry Graham, un jour qu'on travaillait dans notre église et il m'a aidée en jouant la chanson au piano exactement comme je l'avais chantée. Je n'avais jamais soupçonné que ça puisse se faire si facilement ! Il m'a ensuite aidée à noter quelques morceaux que j'avais depuis toujours dans mon coeur.
Len Mink m'avait prophétisé en 2001 que Dieu voulait pour moi un projet. Cette opportunité est arrivée après que j'ai chanté à l'église du Pasteur Robb Tripp à Gallatin, dans le Tennessee, en 2004, où Buddy Hyatt m'a entendue chanter et a aussi entendu Dieu lui dire qu'il devait m'enregistrer. Il a obéi à ce qu'il a entendu et le résultat est ce projet ! Buddy est un des hommes les plus généreux et un des joueurs de claviers les plus doués que j'ai jamais écouté. C'est aussi un merveilleux producteur. Il a choisi les musiciens pour mon projet et je n'aurais pas pu être plus heureuse ! Ce sont vraiment les meilleurs ! Je leur suis tellement reconnaissante pour leur aide. Il en va aussi ainsi pour les frères qui font les choeurs. Ils sont tous géniaux !
L'ensemble des dix chansons sont des (co-)compositions de votre plume. Est-ce pour vous facile de créer mélodies et paroles ?
Oui, elles me viennent naturellement ; certaines plus facilement que d'autres. Parfois j'obtiens la chanson en entier en une seule fois, mélodie et paroles, alors que d'autres fois je n'ai que la mélodie et j'ajoute des paroles ensuite.
Quelles sont vos influences principales : le gospel ? Le rock sudiste ? Etc.
Mon influence principale est la parole de Dieu et ma relation avec Jésus. Bien sûr, je m'appuie sur le son de Skynyrd puisque j'en ai fait partie et que c'est maintenant une partie de mon héritage musical. Je crois que le gospel n'est pas forcément mortel et ennuyeux. Jésus n'est pas mort, il est vivant !
Mon morceau favori est le merveilleux " By My Spirit " Pouvez-vous nous dire comment vous avez créé la musique ?
Buddy Hyatt a une grande part là dedans. J'avais les mélodies principales et les paroles des chansons. Buddy est ensuite venu avec les arrangements des morceaux. Il est merveilleux. Ce que j'apprécie le plus, c'est qu'il n'a pas essayé de changer mes chansons ; il a juste mis en valeur ce qui était là. Je l'aime pour ça !
Je suppose que les paroles sont très importantes pour vous. Écrivez-vous uniquement sur Dieu, la religion ?
Ma relation avec Jésus est l'unique raison pour laquelle je suis encore en vie aujourd'hui et Il signifie pour moi plus que n'importe quoi ou n'importe qui. Il a tant fait pour moi. Il m'a libérée d'un style de vie basé sur les drogues et l'alcool ; il a sauvé ma vie un nombre incalculable de fois ; il m'a donné une raison de vivre. Si seulement les gens voulaient Lui donner une chance, il ferait quelque chose de beau sur les cendres de leurs vies. Nous sommes tous créés dans un but. Le mien est de chanter, de dire aux autres Son merveilleux amour pour eux. J'ai voulu que mes morceaux soient des sermons au format d'une chanson et non simplement utiliser des paroles vides de sens. C'est pourquoi j'ai choisi la Parole de Dieu car elle est déjà consacrée et reste toujours la même.
Comment ont été choisis les musiciens ?
Comme je l'ai dit plus tôt, c'est Buddy Hyatt qui les a choisis. Ce sont des musiciens de studio de Nashville.
Allez-vous seulement vendre votre disque par votre site Web ou recherchez-vous une plus large distribution ?
Je n'aimerais rien plus que d'avoir plus de distribution, même au niveau mondial, mais je ne sais pas comment m'y prendre et personne ne s'est proposé. Je me fie à Dieu pour qu'il m'envoie quelqu'un pour m'aider. Comme je n'ai jamais été payé pour ce que j'ai chanté sur les albums de Skynyrd (je suppose que c'est parce que j'étais à l'époque une employée), maintenant j'ai du mal à faire confiance aux gens jusqu'à ce que Dieu me donne le feu vert.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose au sujet de ce disque ?
C'était un désir de mon coeur de le faire et maintenant, c'est fait. Ces chansons vont directement de mon coeur au coeur de quiconque l'entend. Je veux que les gens sachent qu'avec Dieu tout est possible dans leurs vies.
Quels sont maintenant vos projets, spécialement au niveau musical ?
J'aime toujours chanter la musique de Skynyrd et j'ai été terriblement blessée qu'ils ne m'aient jamais demandé de revenir. La seule raison pour laquelle Leslie et moi avons pu assister à la cérémonie d'introduction du Rock and Roll Hall of Fame est qu'un généreux bienfaiteur (qui souhaite garder l'anonymat) a payé notre voyage. Le groupe ne nous a pas invitées à venir. Après que nous ayons été sur place, ils nous ont permis de chanter sur "Sweet Home Alabama". Tous les membres survivants de groupe d'origine étaient en même temps sur scène. C'était un moment émouvant.
Vous avez tourné avec Ed, Artimus, Bob et Leslie mais n'étiez-vous pas en relation avec Gary Rossington et les autres membres du "nouveau" Lynyrd Skynyrd d'après l'accident ?
Non mais je les aime toujours ! Le groupe ne m'a contactée qu'une fois et c'était pour le dixième anniversaire du crash de l'avion, quand ils ont eu un concert au BJCC de Birmingham, dans l'Alabama, lors de leur Tribute Tour. Mon mari et moi avons alors été invités par le nouveau Skynyrd à venir pour le concert (car c'était juste à 90 kilomètres de note maison à Cullman, Alabama). C'était merveilleux de tous les voir. Ils m'ont même fait la surprise de me demander de chanter ce soir là "Sweet home Alabama". Je les ai revus quelques années après à une balance à Huntsville dans l'Alabama ainsi que quand on a fait la première mondiale de "Freebird, the Movie" à Atlanta et à la soirée du Rock & Roll Hall of Fame à Cleveland. D'après mes souvenirs, ça a été mes seuls contacts avec eux. J'ai été un soir à Birmingham à la demande de Judy Van Zant, pour signer des autographes avant l'un de leurs concerts. Mon jeune fils et moi-même étions dans la foule pendant le concert. On a été assaillis et harcelés par des fans ivres. Pas besoin de vous dire, que moi et mon fils, on a rapidement quitté le show pour notre sécurité. Au fil des ans, J'ai essayé d'aller à certains de leurs concerts qui passaient pas loin de chez moi mais leur management agissait comme s'il ne me connaissait pas ! Dale et Gary m'ont appelé quelques fois il y a quelques années mais pas récemment.
Je prie souvent pour tous les membres passés et présents du groupe qui vivent toujours. À leurs familles aussi.
Pas d'autres projets de CD ?
Pas encore. J'écris. Aussi longtemps que je respirerais, je chanterais. Ensuite, quand Jésus m'emmènera au Paradis, j'y chanterais pour toujours !
Quels sont vos disques favoris de rock sudiste ?
Tous les albums de Skynyrd plus "The Allman Brothers Live At Fillmore East". J'aime tous les albums de rock sudiste. Des gens comme le Charlie Daniels Band, Marshall Tucker Band. Molly Hatchet, etc. sont tous de grands musiciens et des gens bons.
Merci JoJo.
MERCI, Luc, pour l'opportunité et merci encore plus pour passer ma musique; Dieu te garde !
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