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Raphaël Porcherot
Diesel Dust
Interview par Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°79 (mars-avril 2011)
Logo Diesel Dust
Si le Sud français n'est pas trop actif et alors que l'activité Southern se concentre pas mal dans l'Est avec des groupes comme Natchez, Truckers ou Plug & Play et avec une bonne partie des concerts grâce, en particulier, à Ancerville et Charmont, on est heureux de voir la région lyonnaise prendre une part de plus en plus active. Et ça, on le doit à Diesel Dust qui confirme avec « Lily » ce qu'on avait découvert avec « Ghost Dance » et qui, de plus, se lance à accueillir d'autres groupes avec d'ailleurs comme prochain invité, une pointure, Doc Holliday. Chapeau bas les gars ! Et merci Raph d'avoir répondu à nos questions.
De quand date la création du groupe ?
Le Diesel Dust actuel a pris forme en juin 2003. Depuis, les musiciens ont changé avec le décès de Paulo notre premier bassiste et le départ de Christian au chant.
Comment Diesel Dust s'est-il formé ?
Jmill à la batterie, Paulo à la basse et Nico à l'harmo étaient ensemble. Ils ont recruté un chanteur en la personne de Christian, lui-même guitariste. Il se trouve que nous sommes amis, il m'a donc appelé à les rejoindre. Micka a intégré la formation en remplaçant Paulo à la basse. Et Matt, à la seconde guitare, est désormais intégré à la famille.
À lire les crédits, où on lit que tu composes presque tout tout seul et que tu enregistres et mixes, je pensais que le groupe s'était créé autour de toi. Comment expliques-tu que tu as pris cette place centrale dans Diesel Dust ?
Quand je suis arrivé dans Diesel Dust, le groupe amorçait son virage vers le southern rock et ne faisait que des reprises de Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet et autres Blackfoot et consorts. Je ne suis pas homme à me contenter de cela. J'affectionne par-dessus tout la création, l'écriture, je ne m'épanouie réellement qu'ainsi... il n'existe rien de plus fort en musique, et d'ailleurs quelque soit l'art, que de partir de la page blanche et construire une entité complète... la modeler, l'entendre, la regarder prendre petit à petit forme et devenir vivante, puis la libérer, qu'elle fasse son chemin vers le coeur de ceux qui la reçoivent... Ensuite, par mon expérience et grâce à mon caractère bien trempé, j'ai une tendance naturelle à vouloir servir de locomotive. Je crois qu'avant tout ils me font confiance et ont accepté de me suivre pour cela.
Peux-tu nous présenter ton itinéraire musical et tes principales influences ?
J'ai commencé la musique très jeune en apprenant le violon. Après le conservatoire et une dizaine d'années, j'ai découvert le piano et surtout la guitare. Une révélation ! J'ai commencé à écouter le rock et dès le début des groupes comme Lynyrd Skynyrd, mais aussi Aerosmith ou Blue Oyster Cult, ont touché mon âme au plus profond. J'ai créé un premier groupe, puis un autre et ainsi de suite, épluché de nombreuses scènes jusqu'à mon arrivée dans Diesel Dust. Je suis un fou de southern rock mais surtout de musique. La Musique avec un M majuscule est mon opium, mon essence. Le rock sudiste me donne accès à bon nombre de mes gouts musicaux car il est un des genres les plus libres qui soient.
Parallèlement je suis un amoureux du metal. Des groupes tels que System of a Down ou Rammstein me comblent de technique et de décibels. Et comme j'ai une culture classique, je passe beaucoup de temps à en disserter en écoutant le plus souvent possible, même en voiture des albums de tous les plus grands orchestres philarmoniques. J'ai d'ailleurs un projet dans ce sens.... Mais il est trop tôt pour en parler.
Raph (Diesel Dust)
Hum... Ça éveille la curiosité !
Certes, mais je ne veux pas en parler trop tôt... c'est un projet complexe à mettre en oeuvre. Je peux dire qu'il est écrit, prêt à être interprété. Promis, dès que ce sera possible, j'en dirai plus.
Et pour les autres musiciens ?
Tous sont des autodidactes complets et ce sont formés sur le tas, en travaillant les partitions de leurs artistes favoris. Jmill, à la batterie, est très branché Molly Hatchet version hard, ou AC/DC. Mais il connaît moult choses, il a une culture rock incroyable ! Nico et son harmonica sont plutôt issus du rock'n'roll, et du blues pur. Il affectionne des groupes comme Georgia satellites. Micka, à la basse, est tout comme moi très gourmet en matière de metal au gros son, mais il vient aussi d'une école rythm'n'blues qui lui donne une richesse de jeu supplémentaire. Il a participé à de nombreux groupes auparavant. Ted, au chant, est un accroc au hard-rock, musique qu'il jouait avec son précédent groupe, dans lequel il officiait aussi en tant que « 6 cordes-iste ». Notre nouveau guitariste, Matt, est un jeune homme plein de talent et d'idées. Il va faire parler de lui, au sein de Diesel Dust. Mais aussi je le pense dans le métal qu'il aime tout particulièrement. Il a d'ailleurs un projet nommé Fire Wizard dans ce domaine qui promet beaucoup. C'est un véritable fan de rock sudiste et il porte en lui l'espoir d'une jeunesse qui renouvellerait le genre et lui permettrait d'exister encore et encore...
Quelle est la moyenne d'âge des musiciens ?
Ha ha ! Une fourchette peu banale.... De 20 ans à.... 50 ans. Ce qui fera une moyenne de 35 ans non représentative de la réalité... Disons que nous sommes une petite famille et que l'étendue générationnelle nous offre une vision différente de la musique et de son approche. La fougue des uns et l'expérience des autres nous permettent de superbes échanges musicaux et philosophiques.
Définis-tu Diesel Dust comme faisant uniquement du rock sudiste ?
Oui. En tout cas je le souhaite. Nous jouons de l'extrême ouverture de ce style vers les autres pour teinter nos morceaux tantôt de rythm'n'blues, de hard ou de baroque. Mais sur le fond, nous faisons du southern rock avec toute l'honnêteté de nos coeurs et dans un esprit résolument moderne je crois.
Et d'ailleurs, comment définis-tu cette musique, le rock sudiste ?
Je reprendrais ce que j'affirmais peu avant. Le southern rock est LA musique ouverte par excellence. Elle puise allègrement dans le blues, la country, le rythm'n'blues, le jazz, mais aussi dans le rock british, la musique irlandaise...et j'en passe. Aujourd'hui, on peut en durcir le son en utilisant les accents hard ou même metal... Plus encore qu'une image musicale, je crois que le rock sudiste est une affaire de mentalité. Ses chansons ont un souffle épique de liberté, de grands espaces soulignés par des chevauchées « guitaristiques », des harmonisations sans concession et d'une durée oubliée depuis les années 70. Au sein de cette musique, un instrumentiste peut encore se faire plaisir et improviser à fond. Je hais aujourd'hui cette snob'attitude qu'ont les groupes, refaisant à la perfection sur scène la même chose que sur leurs albums studio. Certes ils savent jouer technique et sont irréprochables, c'est bien ! Mais la musique dans tout ça ? Heureusement que des Led Zeppelin ou autres Deep Purple et Lynyrd Skynyrd ne s'en sont pas tenus à cela ! Le rock serait mort ! Le rock sudiste c'est la musique de la liberté d'expression musicale !
Diesel Dust - Ghost Dance
Une chose que j'avais bien aimé sur la pochette de « Ghost Dance », c'était le texte d'explication du drapeau sudiste qui n'est pas un symbole raciste. C'est une accusation qu'on vous assène souvent ?
Moins qu'à l'époque. Nos détracteurs ont dû apprendre à lire l'anglais ou sont venus consulter les traductions de nos textes sur notre site ! Haha ! Malgré cela, il nous arrive encore de devoir nous justifier face à la bêtise humaine, d'autant plus que le racisme est devenu un mot galvaudé, qu'il est de bon ton aujourd'hui d'en parler, de se justifier, de se démarquer et que l'ignorance des gens n'a pas de limite, pas même celle de la stupidité. On balance le racisme à toutes les sauces même là où il n'en est pas question. Les cons m'ennuient profondément car ils sont méchants par ignorance... pour ceux là il faudrait remettre le texte sans cesse au dos des albums. Ils n'en auront pas plus de cerveau malgré tout. Je préfère me consacrer à l'art. Il n'en demeure pas moins que parfois on nous impose d'enlever notre drapeau confédéré (ou mon drapeau breton !) pour avoir un contrat et nous refusons systématiquement ce type d'obligation... ce n'est certes pas du racisme, mais déjà de la discrimination non ?
Le plus original peut-être dans le son du groupe c'est cet harmonica très présent, peut-être autant que les guitares. Pourquoi ce choix ?
Nico était là avant moi, comment faire autrement ?? hahaha !!! Plus sérieusement, l'harmonica nous apporte, outre une originalité certaine, la possibilité d'enrichir notre palette sonore. Le jeu de Nico étant assurément très blues, il nous permet de garder cette couleur même dans les morceaux les plus durs d'une part, et d'autre part il peut donner des rythmiques percussives à la manière des cuivres dans le rythm'n'blues. Il prend la place laissée vacante par l'absence de claviers. Par son côté populaire, son image rassurante de la famille de cow-boys autour du feu le soir, il capte l'attention du néophyte et ouvre les portes de l'écoute. Car pour beaucoup, cet instrument, le « ruine babines » selon Nico, est à lui seul un des fers de lance de l'image du Sud américain, entre les mains d'un cow-boy solitaire, d'un prisonnier ou d'un noir... Il a toujours la même place égale, celle de la musique. Un sacré coup de pied aux images toutes faites dont on parlait juste avant ! En duel ou en complément avec les guitares, l'harmonica nous permet de sortir des sentiers battus et de teinter notre musique différemment. Elle fait partie du son de Diesel Dust, sans compromis.
Pourquoi le choix du chant en anglais plutôt qu'en français ?
L'anglais, quoi qu'en disent les pourfendeurs de la langue de Shakespeare, est la plus musicale des langues dans l'esprit du rock. Il est évident que je ne renie pas le français dont je vante sans cesse la richesse. Il a permis d'écrire tant de magnifiques chansons... mais dans le rock, arrêtons de nous faire croire que ce serait la même chose. Ce n'est pas le cas et de plus, même dans le public, il existerait une incompréhension. Dans tous les pays du monde, dès que l'on « rock », on parle en anglais... J'adore écrire en français, mais pas pour le southern rock.
C'est toi qui compose presque tout le répertoire de Diesel Dust. D'où te viens l'inspiration et comment procèdes-tu pour mettre sur pied les morceaux ?
L'inspiration vient de l'intérieur de soi, des tripes et en même temps puise de l'énergie dans son éducation musicale et dans le regard que l'on pose sur ce qui nous entoure, ou ce que nous traversons. Il faut écouter en soi le souffle de la création. Quand je sens cet appel, je me mets à la guitare ou au piano et je cherche le riff qui habillera cette sensation qui m'envahit. Parfois, plus rarement, j'ai un sujet qui me tient à coeur, les paroles écrites ou presque. La démarche est sensiblement la même mais plutôt que de travailler sur un sentiment il s'agit d'habiller le texte, de lui donner son support.
Ensuite, j'écris, j'enregistre dans mon home studio le morceau complet pour donner une vision de ce que je vois comme ambiance et comme type de jeu pour les différents instruments lors d'une écoute avec les membres du groupe. Les musiques sont très souvent à la base du texte que j'écrirai, plutôt que l'inverse. Les textes sont souvent issus de mon vécu et véhiculent des idées qui sont ancrées en moi, comme la lutte contre les différences, le racisme, le respect de notre environnement ou les maux d'amour...
Diesel Dust : Raph - Nico - Jmill - Ted - Micka 'Chauve'
Quel est l'apport des autres musiciens dans ce processus ?
Total dans le sens où il ne s'agit pas de leur imposer une vision, une manière de jouer, mais au contraire de leur laisser tout le loisir d'être eux-mêmes. Ils s'approprient la partition et en ressortent le meilleur puisqu'ils vont l'interpréter, l'arranger, la triturer selon leur sensibilité propre. À la première écoute d'une maquette, ils savent déjà si le morceau leur plait et ce qu'ils en feront. Parfois, les idées évoluent en répétition. Une concertation, une idée, un choix... il suffit d'une note nouvelle pour modifier une ambiance, pour changer une direction. C'est ce que j'aime dans le travail de groupe.
Que se passe-t-il si un morceau ne les accroche pas ? Le morceau part-il au panier ou le transformez-vous ? Dans le premier cas, quelle est la proportion de « déchet » ?
J'écris environ quatre ou cinq morceaux pour un que je vais proposer au groupe... Parfois même, je fais une refonte de ces différentes idées pour n'en faire qu'un... ensuite, il est rare, je dois le reconnaître, qu'une chanson ne soit pas travaillée ou soit refusée. Je n'en ai pas souvenir. Par contre, il arrive que nous en abandonnions en cours de route. Pour « 2nd Life » nous avons travaillé un boogie assez gras et un blues très lancinant qui ne sont pas sur l'album. Je trouvais que nous ne leurs donnions pas assez de vie et qu'il manquait ce petit quelque chose qui fait qu'au moment où on arrête la musique on se dit... « ouais, ça va le faire ! »... Il est très rare que je revienne sur un morceau abandonné ou que je n'ai pas proposé au groupe... ceux là finissent au placard, perdus sur un disque dur sous forme de maquette inachevée. Mais je ne les jette jamais...
Le premier album est orné d'une tête d'indien et on trouve des paroles de Sitting Bull : les indiens, c'est une fascination ?
Non pas au sens strict du terme. J'ai toujours été sensible au problème amérindien, à ce pan de l'histoire de l'humanité que le monde entier semble ignorer. Ce massacre et cet enfermement dans des réserves, encore aujourd'hui !! Je ne comprends pas l'omerta qui existe à ce sujet.
Mais l'idée de la chanson et du cover de « Ghost Dance » est née le jour où j'ai lu les lettres écrites par Sitting Bull au président des Etats-Unis, notamment concernant la transgression des traités par les hommes blancs. J'avais été ému terriblement par l'innocence sincère de l'homme, son respect de la vie et de la nature, sa souffrance et sa détresse incroyables. Il exprimait des horreurs et sa colère avec une poésie et une beauté des mots qui m'ont bouleversées à jamais.
Sur scène, à part vos compos, il y a quelques reprises ?
Oui. Nous alternons des reprises de Molly Hatchet comme « The journey », avec des chansons de Blackfoot du style « Train, train » et bien entendu de Lynyrd Skynyrd. « Simple Man » ou « Sweet Home Alabama » pas exemple. Nous aimons glisser quelques morceaux des Grands au milieu de nos sets. Par reconnaissance, pour nous faire plaisir et parce que le public lui aussi aime entendre des morceaux de ce genre.
Trouvez-vous l'occasion de jouer souvent ?
Pas assez à notre gout c'est certain. Il est difficile de jouer dans les clubs et les bars, pour des raisons de place, de bruit, de finances, etc., etc. Du coup, les places sur les scènes possibles sont disputées. Quant aux festivals les plus connus.... Que dire ? Ils ont tous oublié leur rôle de tremplin, de découvreur...
Il reste ensuite un problème majeur qui concerne les cachets et les déclarations SACEM. C'est un mal de notre hexagone... Je ne débattrai pas plus sur ce sujet brulant et polémique. Musicien en France...
Raph et Nico (Diesel Dust)
Comment se porte la scène rock de la région lyonnaise et comment vous y situez-vous ?
La scène lyonnaise est très active à nouveau. Il fut un temps où Lyon était surnommée la capitale du rock. On en est encore loin, mais il faut reconnaitre que de nombreux artistes bougent et sont pleins de talent, de volonté et méritent amplement de pouvoir offrir leur art à une multitude. Il n'en demeure pas moins que la raréfaction des lieux pour s'exprimer a tendance soit à décourager nombre de musiciens, soit à tuer dans l'oeuf leur talent puisqu'ils ne peuvent exprimer.
« Ghost Dance », enregistré en 2006, fut votre premier CD (à moins que je n'aie raté quelque chose ?), vous aviez les morceaux déjà depuis un moment ?
Avant « Ghost Dance » nous avions sorti un cinq titres de reprises plus pour démarcher qu'autre chose. « Ghost Dance » a été composé en quelques semaines et enregistré dans mon home studio de l'époque, c'est-à-dire, la salle à manger et le salon !
C'était votre première expérience en studio ?
Tous les musiciens de Diesel Dust avait déjà fait du studio auparavant.
Comment se sont déroulées ces sessions ?
Comme nous enregistrions chez moi, les sessions ont été bon enfant et nous avons pris le temps d'étaler les prises. Chacun venait le soir ou le week-end enregistrer. C'était en même temps l'occasion d'un petit verre ou d'une gamelle à partager. Ensuite j'ai mis en boite mes guitares et fait le mixage.
Chacun enregistrait séparément sa partie ?
Oui. Pour enregistrer la batterie, Micka et moi avons joué en même temps que Jmill afin de préserver un minimum d'énergie. Ensuite, je n'ai gardé que les pistes batterie et chacun, (dans l'ordre basse / guitares / harmo / chorus / chant / voix) a enregistré ses parties. Je ne dispose pas de locaux, ni de matériel de prise de son suffisants pour pouvoir faire un groupe tel que Diesel en prise live...
Il y a une reprise du « Train Train » de Blackfoot et une autre du « Workin' » de Lynyrd Skynyrd. Pourquoi ces choix et, en particulier, pourquoi avoir opté pour un Skynyrd de la période Johnny Van Zant et non pour un titre des seventies ?
Les choix des reprises se font simplement en fonction de l'affectif. Chacun propose des titres qui lui plaisent et ceux qui font l'unanimité sont retenus. Ce qui plaisait dans « Train, train » c'était de donner à l'harmonica un morceau de choix et dans « Workin » le riff puissant mais pourtant léger nous parlait à tous. Quant à la période... Le son lourd et ample de Diesel Dust est plus proche du gros son du Lynyrd Skynyrd d'aujourd'hui que de celui de l'époque des seventies. Et je vais faire bondir sans doute mais personnellement la voix de Johnny me parle plus que la voix de Ronnie même si les deux ont le talent Van Zant sans aucun doute.
Le disque s'est-il bien vendu ?
Il s'est vendu raisonnablement. Nous en écoulons encore...
Avec le recul, comment voyez-vous le disque d'un point de vue artistique ? Qu'est-ce qui vous parait totalement réussi et que modifieriez-vous ?
Cet album a permis de démontrer que Diesel Dust pouvait écrire et interpréter des morceaux qui n'ont pas à rougir face aux grosses écuries du genre. Je pense sincèrement que c'est un bon premier album, inspiré et honnête. De ce point de vue c'est une totale réussite. Je ne changerai pas grand-chose si ce n'est le mastering trop timoré qui lui donne un petit son et le manque de travail sur « Workin » qui aurait mérité d'être plus fouillé. Et puis j'aurais mis plus en avant « Time To Be Free » qui est une chanson magnifique et aurait pu servir à ouvrir quelques antennes.
Diesel Dust - Lily
Que s'est-il passé pour Diesel Dust ensuite jusqu'au EP « Lily » puis « Second Life » ?
Le départ de Christian, chanteur et guitariste, nous a mis en péril. Remplacer un instrument est déjà difficile pour le son d'un groupe. C'est encore pire en ce qui concerne la voix qui est la carte d'identité de celui-ci pour la plupart des gens. Pendant deux ans et demi nous avons auditionné, engagé, testé, tenté, guitaristes et chanteurs avec peu de réussite... ceux qui ont vu Diesel Dust en concert à cette époque s'en souviennent ! Nous avons ensuite rencontré Ted. Il s'est affirmé à la voix et le courant a été instantané. Pour la guitare il nous a fallu attendre ce mois pour enfin trouver la perle rare ! Matt apporte fraicheur, modernité et son talent de musicien et de compositeur. Avec lui nous allons pouvoir explorer plus en avant les guitares harmonisées et les parties techniques.
Chris, un des chanteurs guitariste est parti. Quand et pourquoi ?
Il avait envie de tenter autre chose. Il était attiré par Deep Purple. Il a monté un cover... un an après la sortie de « Ghost Dance ». C'est dommage mais on ne peut pas espérer que tout le monde regarde dans la même direction à jamais. Ce qui est le plus difficile dans un groupe n'est pas de jouer ensemble mais de grandir ensemble.
Terry a enregistré comme guitariste trois des nouveaux titres. Était-il membre du groupe pendant un temps ou était-ce juste pour donner un coup de main ?
Terry est un garçon super que nous affectionnons. Il est un guitariste de talent, aux envolées superbes et rythmiquement sans concession ! Travailler avec lui a été un plaisir mais Il vient du métal lui aussi et ce dernier reste son univers. Il ne se voyait pas rester avec Diesel. Il a assuré l'EP « Lily » avec force talent et les concerts qui ont suivi. Son remplacement s'est fait trop tôt à cause d'une mauvaise chute durant l'hiver qui l'a obligé à stopper toute activité pendant longtemps.
Comment Jean-Marc est-il arrivé pour prendre le relais à la guitare ?
L'impossibilité de continuer pour Terry nous a forcés à recruter un guitariste dans l'urgence pour terminer l'enregistrement de l'album « 2nd Life ». l'EP « Lily » existe car il a permis de faire patienter jusqu'à la finalisation de l'album. C'est ce qui explique que sur « 2nd Life » il y ait deux guitaristes différents à la seconde guitare. Jean-Marc a un jeu totalement différent, aux accents blues et aux influences « lukatherienne ». Il a assuré les concerts jusqu'à l'arrivée de Matt.
Les deux choristes du premier album ne sont plus là. Pourquoi ce changement ?
Avec Jean-Marc, Nico et moi aux choeurs nous avons pensé que cela suffirait pour les choeurs. D'autant que les voix féminines ne sont pas présentes sur scène.
Quelles évolutions voyez-vous dans la musique de Diesel Dust depuis le premier album ?
Je crois que cet album est plus mature. Il est surtout, comme je le dis souvent, ambitieux. Ambitieux dans ses titres, ses ambiances, ses mélanges de genre et par les risques pris. Nous avons pris le parti d'alléger notre son par moment pour laisser filtrer un groove naturel à l'instar de « Miss You ». Parallèlement, nous avons alourdi les parties rock, affirmant notre volonté de puiser dans les seventies l'ambiance et la couleur du son tout en utilisant les moyens techniques et les évolutions du rock d'aujourd'hui. Cet album est beaucoup plus complet à tout point de vue, je pense.
Vous n'aviez pas envie de covers sur « Second Life » ?
Au contraire ! Je trouve que cette simplicité dénudée donne au packaging de l'album un aspect de bijou. Un peu comme ces boites sobres dans lesquelles on glisse une bague diamant pour demander sa main à une femme que l'on aime. Alors voilà ! C'est une demande en mariage au public de France et de Navarre que nous faisons officiellement !!!
Diesel Dust - 2nd Life
Eh bé ! Pour en revenir à ma question, je ne voulais pas tant parler du packaging que des reprises de morceaux...
Moi pas compris bien... il y avait un « s » à cover ? Alors, reprenons.... Nous avons choisi de faire un album 100% Diesel Dust volontairement. Nous avions matière à le faire, et plus encore, car pour tout dire, au départ, nous envisagions même un double album de compositions. Les reprises nous les gardons pour la scène essentiellement mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura plus sur un album de Diesel Dust. Nous abordons les reprises comme autant d'hommages, sans aucune connotation de qualité sur notre travail, mais bien dans l'esprit le plus sincère, car nous sommes avant tout public et admirateurs... c'est cela aussi qui nous a amené à jouer à notre tour de la musique.
L'enregistrement de ce second disque s'est-il passé différemment ? A-t-il été plus facile à mettre en boite avec l'expérience acquise ?
Non, nous avons enregistré chez moi comme la première fois. J'avais construit une pièce spécialement pour cela cette fois, c'est la seule différence. Les prises ont été faites chacun son tour par manque de place et j'ai assuré les prises et le mixage comme pour « Ghost Dance ». Le mastering par contre a été confié aux studios d'Abbey Road à Londres. C'est un bonheur, presqu'un rêve de gosse que de pouvoir dire « on a masterisé à Abbey Road ».... !!! Quant à la facilité... Quelle que soit l'expérience il n'en est jamais question car l'exigence croit au fur et à mesure de cette même expérience...
Comment s'est mis en place le partenariat avec Brennus Music ?
Tout simplement. « Bonjour Alain, on est un groupe de southern, on cherche un distributeur »... Il a écouté et voilà. Ceux qui connaissent Alain savent que c'est un gars bien et grâce à lui nous pouvons ouvrir des portes qui nous sont fermées puisque nous ne dépendons pas des grosses majors. Brennus est un peu le maitre des clés pour les formations comme nous qui ne sont pas signées par des grosses boites et sont condamnées à s'en sortir seules.
Peux-tu nous parler de la soirée Hot Rail To Night qui marquait la sortie de « Second Life » ?
Nous avons été invités à Ancerville par Natchez il y a deux ans et j'avais dit à l'époque à Manu que je trouvais bien qu'il existe cette soirée et celle de Charmont organisée par Plug'n'play pour faire coexister les groupes de southern entre autres... Je suis donc reparti avec l'idée de créer sur la région lyonnaise la même chose pour continuer à étendre les possibilités de ces rendez-vous. Nous avions donc convié Natchez que nous aimons beaucoup et Little Man de notre région qui est un homme orchestre incroyablement talentueux, avec une voix de bluesman exceptionnelle. La soirée a été une réussite totale. Salle pleine, public heureux, ambiance top dans la salle, sur scène et entre les musiciens. Tout ça s'appelle le bonheur... Rendez-vous en novembre pour la suite...
Avez-vous déjà une idée de la programmation ?
Pas encore mais je compte travailler avec un ou deux groupes français au moins à chaque fois et tenter pourquoi pas d'inclure des bands étrangers en les attrapant au passage si possible.... Je n'ai encore contacté personne dans l'immédiat.
Vous étiez là avec notamment Natchez. Avec quelles autres formations avez-vous partagé la scène ?
Liane Edwards, Ange, Little Bob, Satan Joker, Koritni, Patrick Rondat... Natchez bien entendu et ces fous chantant de Truckers.
Et avec qui aimeriez-vous la partager ?
Avec tous ! haha... et puis j'espère un jour partager avec les gars de plug'n'play ou calibre 12 par exemple.
Raph (Diesel Dust)
Ça fait quoi à l'idée de jouer avec un groupe américain comme Doc Holliday ?
Tolstoï a écrit « Le plaisir est pour le corps, le bien pour l'âme, mais plaisir et bien coïncident rarement. ». La musique est un plaisir pour tout le corps et l'esprit. Et quand elle te permet de fouler une scène avec des grands, qu'elle t'offre le droit de la baignade au panthéon de l'art, alors oui, il avait raison : c'est toute ton âme qui vibre du bien. Elle entre en « diapason » avec le plaisir d'être là, dans un océan de sensations pour chaque note, confronté à ce dont tu as toujours rêvé... Ces jours-là, tu ressens tellement la vibration du bois de ta guitare dans le ventre que tu comprends que tu ne fais réellement qu'un avec elle. Alors, à l'idée de jouer devant Doc Holliday ?... il n'est qu'impatience et envie. Et une petite pointe de trac.... Ben oui !
Doc Holliday, c'est un groupe que vous appréciez particulièrement ?
J'avoue que je ne suis pas un connaisseur au sens strict, je connais surtout « Rebel Soul » et « Good Time Music » comme albums. Ce que j'apprécie c'est la propreté de ce qu'ils font et la simplicité qu'ils déroulent. On sent la maitrise grave, aussi bien instrumentale que vocale. Et ça m'impressionne.
Avez-vous quelques morceaux d'eux à votre répertoire ou allez-vous en travailler à cette occasion ?
Non nous n'avons pas de morceaux de Doc dans nos sets. Je ne sais pas si nous travaillerons une de leurs compositions. Le public sera là pour voir les vrais et nous ne serions qu'une copie...
Quels sont les projets après ce second disque ?
Nous allons bosser pour retrouver la facilité à jouer et nous consacrer à la scène et à la promotion de « 2nd Life ». Nous aimerions arriver à sortir des frontières de l'hexagone beaucoup plus souvent donc nous allons nous en donner les moyens.
C'est-à-dire ?
Diesel Dust est un groupe qui développe à mon sens une énergie de malade sur scène au niveau du son. Toutefois, les changements de personnel nous ont privés de la cohésion parfaite qui est nécessaire pour aborder un aspect professionnel de la prestation scénique. J'entends par là les échanges entre musiciens, avec le public, avec la technique... mais aussi la gestion des petits tracas inévitables sur scène qu'il faut gérer sans coup férir. Pouvoir jouer les yeux fermés sans se poser la moindre question... pour se consacrer au show lui-même. Parallèlement, je vais poser des jalons pour trouver des dates et pourquoi pas travailler avec un tourneur pour l'étranger.
Quels sont tes disques favoris de rock sudiste ?
« Devil's Canyon » de Molly Hatchet, « Second Helping » et « Last Rebel » de Lynyrd Skynyrd pour les deux époques et les deux voix, « The Hard Way» de Rebel Storm, « An Evening with the Allman Brothers Band » des Allman et « Resolution » de 38 special.
C'est plutôt original entre Rebel Storm qui n'est pas énormément connu et un Allman dont on ne parle pas si souvent que ça. « Resolution », c'est rigolo, Alan de Plug & Play l'avait aussi cité. Je ne pensais pas que ce disque avait autant de fans !
J'avoue que je ne suis pas un inconditionnel de 38 Special mais, malgré tout, des morceaux comme « Rebel To Rebel » dans sa version live à Sturgis sont superbes. « Resolution » possède une âme ; une ambiance qui mêle tantôt des ballades sublimes et reposantes, tantôt des chansons aux accents boogie. En plus sur cet album, les voix, le travail des instruments, les arrangements, sont pour moi particulièrement réussis. Idem pour le live des Allman qui possède aussi une âme à part. Quant à Rebel Storm, cet album est tout simplement une tuerie ! On y retrouve tout ce que le rock sudiste peut offrir...
Et quels sont les nouveautés les plus marquantes de ces dernières années ?
J'ai craqué sur Rebel Storm et l'album « Warpaint » de Black Crowes m'a littéralement scotché ! Joe Bonamassa me rend fou avec sa guitare, tandis qu'un Johnny Lang et sa voix incroyable, son visage de poupon, m'interloquent. Et comme je reste amoureux aussi du metal, je cite tout le temps SOAD qui techniquement sont tout simplement des malades que j'admire. Et Diesel cette année !! haha !
Diesel Dust : Nico - Micka 'Chauve' - Jmill - Matt - Ted - Raph
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