Greg Forgit
The Feel More Band
Interview par Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°71 (novembre - décembre 2009)
Le Feelmore Band ayant brillement confirmé avec "One More" toutes les promesses de son premier opus, il était temps pour Bands Of Dixie de se pencher plus longtemps sur l'Allman Brothers cover band français, que l'on peut classer comme l'une des meilleures formations dans ce style. C'est Greg, le chanteur, qui nous bien voulu répondre à nos questions.
Bonjour Greg,
De quand date la création du Feel More Band ?
Le Feelmore Band s'est formé en 2003 mais beaucoup de musiciens ont tourné et je dirais que pour moi le groupe est vraiment né en 2006.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Bien au départ je cherchais un groupe comme chanteur. Sur une audition j'ai rencontré Benoit (basse) et il s'avérait que l'on se connaissait avec nos jobs respectifs. Comme quoi il n'y a pas de hasard. Ça l'a fait tout de suite et on a décidé de créer notre groupe. Benoit m'a dit « si on faisait du ABB » et voilà. Là dessus Joss est arrivé à la batterie, Ludo à la gratte et François aux claviers.
Vous êtes tous des Charentes ?
Quasiment, sauf Benoit qui a du vivre aux quatre coins de la France.
Peux-tu nous présenter les différents membres du groupe, leur parcours musical et leurs influences ?
Commençons par notre guitariste lead LUDO : je pense qu'il est né avec une gratte ; il peut tout jouer ; ses influences : Rory Gallagher, Jimmy Hendrix, Led Zep, Duane Allman à la slide.
BENOIT, bassiste, c'est un peu notre WIKIPEDIA à nous. Il connaît à peu près tout sur le Southern et le blues ; il a joué dans pas mal de groupes sur Paris mais il a enfin trouvé un cover exclusif ABB.
JOSS, batterie. Il a la rude tâche de jouer pour deux ; il a joué dans deux ou trois groupes je crois, mais pas dans ce style ; il écoute un peu tout blues, rock.
FRANCOIS, claviers, le vétéran du groupe. Dès qu'il est arrivé ça l'a fait ; enfin un bon clavier sur du ABB, c'était indispensable pour reprendre des titres comme "Jelly Jelly", "Don't Want You No More", "Dreams".
Et moi GREGG : aucun antécédent musical ; j'ai tout appris avec Benoit, il m'a fait vraiment découvrir les Allman, et bien d'autres. Je chantais comme ça, j'avais envie de savoir si j'avais le niveau pour chanter dans un groupe et voilà ; et puis je me suis mis à la gratte - merci Ludo - mais je n'avais jamais fait parti d'un groupe auparavant.
Qu'est ce que tu écoutais et chantais avant ?
En fait j'écoutais un peu de tout mais très rock quand même : ACDC, U2, Creedence. Je chantais très peu et à vrai dire jamais sur scène ; toujours chez moi. Comme ça, j'ai poussé quelques notes sur Joe Cocker, Ray Charles, Creedence, etc.
Entre les deux disques, la composition du groupe n'a que peu varié. Était-ce le cas avant ou la création du groupe est-elle passée par la collaboration avec différents musiciens ?
En fait, pas mal de zicos sont passés dans le groupe, surtout des guitaristes. La plupart n'avait pas le niveau et d'autres, c'est plus humainement que ça ne passait pas car je pense qu'un groupe ce n'est pas seulement des musiciens, il faut une alchimie et on l'avait à nous cinq alors on a décidé de tout faire pour rester comme ça.
Pour "One", vous aviez deux guitaristes avec Alain qui venait de Rodez. Comment le connaissiez-vous ?
Il jouait avec nous avant ; il était parti sur Rodez pour le boulot. On l'a connu sur une audition qu'on avait faite pour trouver un guitariste. Une pensée à lui, qui nous a quitté depuis et à qui on a dédicacé le nouvel album. Il doit faire le boeuf avec Rory.
Pourquoi avoir créé un cover Band dédié principalement aux Allman Brothers ?
Je ne sais pas, c'était une évidence. Pour moi il y a tout dans leur musique et puis c'est très « free » : tu peux faire un "Whipping Post" de cinq minutes et le concert d'après il va durer le double. Et puis il y a les morceaux que tu as l'impression de découvrir à chaque fois.
Suite au départ d'Alain, tu as sanglé la guitare. Pratiquais-tu déjà cet instrument ?
En fait ce n'est pas suite au départ d'Alain car on avait un guitariste qu'il l'avait remplacé. Mais après quelques concerts, il n'y avait pas trop de feeling, donc j'ai commencé la gratte et un an après c'était parti, la galère. Je ne connaissais pas la moitié des plans, impossible de sortir un solo. C'est du ABB quand même, donc Ludo a pallié à ça, il se tapait tout. Depuis ça va mieux même si la route est longue.
Quel est ton rôle : te contentes-tu de la rythmique ou te lances-tu dans des soli à la Dickey Betts ou à la Duane Allman ?
Il faut remettre les choses à leur place : je n'ai et n'aurais jamais le niveau d'un Dickey Betts. J'espère être meilleur au chant qu'à la gratte ; maintenant je fais quelques soli, mais Ludo reste le Lead à ce niveau là.
Vous avez complètement abandonné l'idée de chercher un autre gratteux ?
Oui, complètement. En réalité, même si mon niveau de guitare n'est pas celui que j'aimerais - je devrais dire qu'on aimerait - ma guitare n'est pas présente tout le temps, même si on commence à l'entendre plus souvent. On s'est rendu compte qu'on était quand même meilleur qu'avant et surtout on s'éclate beaucoup plus ; on a vraiment trouvé l'équilibre parfait. Le terme « groupe » prend toute son importance ; je ne sais pas, il y a quelque chose qui se passe ; l'alchimie quoi.
Sur le premier disque, c'était Alain qui faisait le travail à la slide, un élément important pour un groupe reprenant les Allman Brothers. Je vois d'après les crédits de "One More" que c'est Ludo qui maintenant s'y colle. Il ne pratiquait pas du tout le bottleneck auparavant ?
Très peu, il a commencé le bottleneck avec nous et pour moi cela lui vient très bien ; il a un esprit très « Duanesque » dans son jeu, surtout depuis qu'il joue avec un « corricidine bottle » comme Duane.
Il me semble qu'il y a peu de slide sur ce nouvel album, ce n'est pas trop le truc de Ludo ?
Si, il adore ça, mais il s'avère que nous avons choisi des titres avec peu de slide ; mais nous reprenons des titres où il en joue.
Côté vocal, est-ce que tu travailles ça ?
Prends-tu (ou as-tu pris) des cours de chant ?
Non je n'ai jamais pris de cours de chant. Je travaille très peu la voix. Pas le temps, le peu que j'ai c'est pour la guitare. Mais il m'arrive en écoutant les morceaux de travailler un peu, toujours avec les originaux.
Comment choisissez-vous les morceaux que vous reprenez ?
Et bien en fait, nous sommes très influencés par les débuts des Allman et il y a peu de morceaux récents dans notre répertoire. Le must, c'est l'époque avec Duane, et j'aime bien aussi quand c'était Dickey Betts et Warren Haynes. Maintenant avec Derek Trucks, je suis moins fan.
Comment travaillez-vous les reprises ? À quoi restez-vous fidèles et en quoi prenez-vous des libertés ?
Nous essayons de rester fidèles à l'esprit ABB, même si l'on n'y met notre touche. Mais il est important pour nous que les gens reconnaissent tout de suite. Par contre pour toutes les parties chorus, là on reste libre ; on ne voulait pas non plus « plagier » à fond, cela ne nous plairait pas.
Pour votre premier disque, vous interprétiez trois titres du dernier CD des Allman, "Hittin' The Note" qui était paru environ trois ans avant le votre. Il vous a vraiment marqué ?
Il y a quand même de bons titres. Nous reprenions "Firing Line", "Woman Across The Riveré et "Rockin' Horse" qui est un morceau que Warren Haynes joue avec Gov't Mule. Et nous jouons de temps en temps "Old Friend" en acoustique. Disons qu'à l'époque notre son se rapprochait plus de ces musiques là ; maintenant on revient aux fondamentaux et sur scène c'est quand même sur un "Whipping Post", un "Stormy Monday", un "It's Not My Cross To Bear" qu'on s'éclate le plus.
Les autres morceaux que vous avez enregistrés sont du Allman Brothers époque Duane ou alors jusqu'à "Brothers And Sisters". Votre truc, c'est surtout cette période ? Moins celle avec Warren Haynes ?
C'est plutôt depuis qu'il y a Derek Trucks. Personnellement je suis fan de Warren Haynes et Gov't mule. Mais avec Duane c'était quand le mieux.
Appréciez-vous toutes les périodes de la longue existence des Allman Brothers ?
La plupart, oui : avec Chuck Leavell c'était top, Warren Haynes, Dickey Betts. Avec Dan Toler, c'était moyen.
Sur MySpace, vous vous dites influencés aussi par Lynyrd Skynyrd, Charlie Daniels. Pourquoi alors se concentrer sur disque uniquement sur les Allman à une exception près ?
Je pense que c'est celle que l'on joue le mieux, on l'on s'exprime le plus.
La seule exception, c'est le "Call Me The Breeze" popularisé par Lynyrd Skynyrd... mais qui est de JJ Cale. Pourquoi ce choix ?
En fait de Lynyrd, nous reprenons aussi "Whiskey Rock And Roller" et "Free Bird". "Call Me The Breeze", c'est plus parce qu'on voulait en mettre un autre que des Allman, peut-être pour montrer qu'on pouvait jouer autre chose.
Le titre de votre deuxième album, "One More" a des résonnances avec le nom du groupe mais aussi avec votre premier disque ("One"). Y a-t-il aussi un clin d'oeil vers Lynyrd Skynyrd et leur "One More From The Road" ?
Pas du tout, c'est juste qu'un soir on cherchait le titre de l'album pendant des heures et quelqu'un a lancé « vous n'avez qu'à l'appeler "One More" et le prochain "One More Time" ». Et voilà, je ne sais pas si le prochain s'appellera "One More Time, mais bon.
Vous reprenez donc surtout les standards de la grande époque des Allman mais vous avez aussi choisi "Jelly Jelly" de "Brothers And Sisters", un morceau que les Allman eux même ne semble pas avoir exploité sur scène ou alors rarement. Qu'est ce qui vous a motivé ?
Toute la partie piano, elle est énorme et paradoxalement je trouve qu'on le joue mieux en Live.
Outre vos qualités musicales, vos disques bénéficient d'une belle qualité sonore. Comment se sont passées les sessions d'enregistrements que vous avez faites à La Maison du Bonheur en Charente, les deux fois ?
En fait, c'est un très bon ami à nous, Biquet : il a un studio chez lui et il sonorise de temps en temps. En fait, quand on arrive chez lui, on se plonge dans notre musique ; on ne pense plus qu'à ça. Biquet, quant à lui, nous connaît bien et donc sait ce que l'on recherche.
Avez-vous vécus les deux sessions de la même manière ?
Oui quasiment. C'était plus confortable la deuxième fois car Biquet a fait des aménagements. Le deuxième album est plus abouti au niveau du son. Mais dans les deux cas on les a faits en deux jours.
Quel est votre répertoire scénique ? Est-il autant orienté Allman Brothers Band ?
Oui, 99% ABB, un peu de Lynyrd, Marshall Tucker et on bosse sur "No Place To Go" de Charlie Daniels.
Un groupe comme Texaroma est un peu dans la même mouvance Allmanienne que vous. Les connaissez-vous ?
Bien sûr, même si je ne les écoute que très rarement.
Trouvez-vous facilement des opportunités de jouer ?
Ha la galère des dates. À la Rochelle, c'est très compliqué : notre style de musique n'est pas connu du grand public, mais on arrive à faire quelques dates par chez nous. Réellement, nous recherchons plutôt des festivals ; nous en faisons quelques uns tous les ans où, là, le public est connaisseur et cela permet de faire de superbes rencontres avec d'autres groupes.
Quelles furent les rencontres les plus marquantes ?
Pour moi, c'est plus un ensemble de choses, comme des zicos, mais aussi des ingé sons, des producteurs de festoches, du public. Mais, musicalement, on a passé une soirée festoche avec AWEK, groupe de blues Toulousain qui marche très bien en ce moment, y compris aux US : des mecs super humbles et sympas qui jouaient divinement bien. C'est plus des rencontres comme cela qui me marquent : ils te parlent des tournées qu'ils font, la route, les hôtels, les pointures qu'ils rencontrent. Va demander à Warren, « alors, pas dure la route ? ». Je sais que Benoit a rencontré Charlie Daniels une fois : super souvenir.
Vous vous retrouvez souvent pour répéter et apprendre des morceaux ?
On essaie de répéter une fois par semaine ; on bosse surtout les nouveaux morceaux et on finit toujours par des morceaux en place histoire de se faire un peu plaisir.
Pensez-vous rester un cover band ou avez-vous dans l'idée à passer à de la composition ?
On y pense, on y pense, mais il faudrait que l'on se voit plus souvent. Et en fait, on entame de nouveaux morceau, on bosse dessus et voilà, on n'a du coup pas le temps de travailler les compos. Mais on y pense sérieusement.
Quels projets pour le Feel More Band ? Pensez-vous déjà à un autre album ? Peut-être à un DVD ?
Un autre album oui, on aimerait bien un Live, pourquoi pas un DVD mais il faudrait des âmes charitables qui veuillent bien nous filmer avec du bon matos.
Quels sont tes disques préférés de rock sudiste ?
Allman Brothers « Fillmore East », « Brothers and Sisters », Charlie Daniels « Fire On The Mountain ».
Merci Greg.