The Gibsons
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°82 (septembre - octobre 2011)
Si les fratries ne sont pas rares dans le rock sudiste, on est moins habitué à un groupe formé d'un père et d'un fils. Et bien, il faudra s'y habituer. Voici que les Gibsons déboulent avec à la bouche la parole Divine et à la main leur guitare gémissante.
Bonjour,
Jerry Martin, je lis dans la bio du groupe que vous avez monté Diamondbak, un groupe de rock sudiste avec le batteur originel de Lynyrd Skynyrd, Bob Burns. Quand était-ce et le groupe a-t-il enregistré ?
Jerry Martin On a eu un groupe vers 1983 / 1986. On va vous envoyer un CD de tous les originaux de Diamondback qu'on a enregistré et quelques photos que vous allez vraiment aimer.
Vers 1982-83, j'ai rencontré Harry O'Brien, un bassiste, alors que j'étais couvreur sur un chantier. On a causé et il m'a dit qu'il jouait avec Bob Burns dans un petit groupe principalement composé d'étudiants et qui faisait des reprises. Ils jouaient pour les étudiants, dans les bars, etc. Harry m'a invité à venir chanter avec eux pour un concert à Athens, en Géorgie. J'y suis allé, j'ai rencontré Bob Burns et on est devenu de bons amis. J'avais deux amis de ma ville natale, qui étaient de très bons musiciens : Joel Huggins et Max Hood. Je les ai fait venir à Atlanta pour travailler avec moi, où nous pourrions aussi monter un groupe avec Bob et Harry. J'ai les ai tous fait salarier. Tout le monde sauf Harry travaillait sur le toit, même Bob pendant un moment J'ai réuni tout ce qui était nécessaire pour enregistrer et j'ai même trouvé un ingénieur. On a commencé à écrire et enregistrer des morceaux comme « None Better Than You », « Can't Look Back » et « Back Home ». On les a envoyés à Jimmy Johnson à Muscle Shoals et il semblait qu'on était sur la bonne voie. Deux semaines après qu'on ait discuté avec Jimmy Johnson, Harry O'Brien, le bassiste, a eu un terrible accident. Il s'est brisé le cou ce qui l'a paralysé. Joel Huggins et Max Hood sont repartis à Blairsville en Géorgie. Harry O'Brien est lui parti en rééducation alors que Bob trainait. J'ai déménagé mon studio à Norcross, Géorgie puisque le groupe n'était plus. Là, j'ai rencontré Jeremy Graf de Riggs. Riggs avait été dissous par Warner et Jerry Riggs était parti avec le Pat Travers Band. Jeremy Graf a commencé à enregistrer dans mon studio des gens comme Brent Daniel avec Shebang, Peter Stroud (qui sera plus tard avec Sheryl Crow) ou Rick Richards (qui forma plus tard les Georgia Satellites). Après qu'Harry O'Brien en soit arrivé au point où il pouvait se déplacer dans un fauteuil roulant et utiliser plus ou moins ses mains, j'ai vu qu'il était capable de devenir ingénieur alors qu'il ne pouvait plus jouer de la basse. J'ai financé Harry pour qu'il apprenne le métier d'ingénieur et qu'il puisse nous enregistrer en plus d'écrire de nouveaux morceaux. Shawn O'Brien, le frère d'Harry, est venu jouer de la basse. Bob Burns était à la batterie, Joe Huggins et Perry Boyce aux guitares. Shawn avait du mal à sonner comme Harry le faisait avec Bob ; le groupe entier en souffrait. On a enregistré quelques morceaux avec Mike Anderson à la batterie. J'ai mis fin au groupe car il n'est jamais arrivé à sonner comme il l'aurait dû. Et j'étais aussi fatigué de jouer le rôle du père d'une bande de musiciens. J'ai alors décidé de me retirer du monde de la musique et j'ai mis les bandes dans un placard. Après environ dix ans, j'ai pensé que ça risquait de se perdre définitivement si je ne le passais pas sur CD. Comme il y avait un autre groupe, de country, qui s'appelait Diamondback et que les gens continuaient à confondre les deux, j'ai juste sorti le CD pour mon plaisir et celui de mes amis. Et comme tout le monde me connaissait comme Jerry Martin Gibson, je l'ai titré « Jerry Martin Gibson with Diamondbak ». Toute cette pratique que j'ai eu, c'est l'expérience qui m'était nécessaire pour mettre sur pied The Gibsons avec mon partenaire et co-compositeur Shawn Paul Gibson. Je suis d'accord avec cette assertion : « La vie elle-même sera bientôt terminée, seul ce qui est fait pour le Christ durera ».
Vous aviez un studio vers Atlanta où des gens comme T Lavitz (Dixie Dregs) ou Rick Richards (Georgia Satellites) ont enregistré. Quand était-ce et pourquoi avoir cessé cette activité ?
Jerry Martin J'ai eu un studio à Atlanta de 1982 à 1986. Pendant l'époque Diamondback, on a eu plusieurs connaissances et des amis comme le groupe Riggs, T Lavitz, Rick Richards et Jeremy Graf, qui ont enregistré avec nous ces démos. Après que notre bassiste ce soit brisé la nuque, le rendant paralysé, le groupe s'est dispersé et j'ai déménagé à Hendersonville au Tennessee pour fonder une famille et sans intention de remettre les pieds dans le monde de la musique.
Vous avez enregistré « The Path » avec des musiciens de studio. Quand était-ce et quel était le style musical ?
Jerry Martin J'ai enregistré « The Path » en 1998. Je n'avais plus aucune intention de m'embêter avec la musique mais la forte envie de composer continuait à me tarauder. Je suis allé en studio avec toutes mes compositions et j'ai embauché des musiciens chrétiens de country. J'ai ainsi produit « The Path ».
Il est important d'avoir des musiciens chrétiens ? Qu'est-ce que cela change ?
Jerry Martin Il est important de tirer tous dans le même sens, surtout quand il s'agit d'un groupe de rock sudiste consacré à Dieu.
Votre fils, Shane Paul, a commencé à prendre des leçons de guitare à neuf ans et « Sing The Lord », le premier album date de 2007. Quel âge avait-il ?
Jerry Martin Shane a commencé à prendre des leçons de guitare à neuf ans et il a composé son premier album complet « Sing For The Lord » entre douze et treize ans.
Sur ce disque, Shane Paul joue de la guitare, de la basse et de la batterie. Pourquoi ne pas avoir fait appel à un bassiste et un batteur sur la plupart des morceaux ?
Jerry Martin Il ne semblait pas possible de trouver des gens qui avaient envie de travailler avec une équipe basée sur un couple père - fils. Personne ne semblait avoir la vision que nous avions. Par nécessité, Shane Paul a donc aussi enregistré, mixé, masterisé, fait l'ingénieur et le producteur des trois albums.
Pour ce premier disque, il y a quand même l'adjonction de clavier, de choeurs et parfois un batteur ou un bassiste alors que pour « Shine The Light », en 2008, vous n'êtes vraiment que tous les deux, Shane Paul jouant de tous les instruments. Était-ce mû par une volonté économique ou artistique ?
Jerry Martin Nous en étions à l'étape de composition de la musique et nous n'avions pas alors encore monté le groupe en totalité. On a écrit, produit et sorti « Sing For The Lord » et « Shine The Light » avant même avoir jamais pensé à monter un groupe. On voulait plein de compositions totalement inédites avant de créer un groupe complet pour les concerts.
Shane Paul, quelles sont vos influences à la guitare ?
Shane Paul Elles incluent Allen Collins, Gary Rossington, Ed King, Jimi Hendrix, Duane Allman, Rickey Medlocke, Paul Kosoff, Leslie West, Michael Schenker et David Gilmour.
Et plus largement, quels sont les modèles musicaux du père et du fils ?
Jerry Martin Il suffit de citer Lynyrd Skynyrd ! On tire aussi notre inspiration de Blackfoot, Molly Hatchet et des Outlaws.
Vous vous définissez comme un groupe de rock sudiste. Quelle est votre définition du rock sudiste ?
Jerry Martin Nous sommes l'essence véritable du rock sudiste. Qu'est-ce qui fait le rock sudiste ? Quand les guitares gémissent et chantent ; quand la musique vous fait taper du pied ; quand les paroles ont un sens et racontent une histoire ; quand les chanteurs sonnent comme des mecs.
Vous citez très souvent les noms de Dieu et de Jésus. Vos textes sont-ils entièrement dédiés à des thèmes religieux ou abordez-vous aussi des thèmes profanes ?
Jerry Martin La musique est totalement dédiée à Dieu. On ne veut écrire que la vérité, pas de la fiction car nous sommes un groupe de rock sudiste totalement original consacré à Dieu (« God's All-Original Southern Rock Band ») et c'est lui qui met les chansons dans nos coeurs et nous le savons.
Comment composez-vous à deux ?
Jerry Martin Shane vient avec les idées rythmiques et la musique, un talent que lui a donné Dieu, et après qu'on ait écouté plusieurs fois la musique, je prie Dieu que les paroles soient emplies de vérité et honnêtes, ceci en utilisant le plus possible le pur Verbe divin.
Pour votre dernier disque, on trouve Steve Warfiels à la batterie et Steve Steinhauer à la basse. Pourquoi être passé en quartet ?
Jerry Martin La musique qu'on compose est écrite pour être jouée live par un groupe important. Après « Shine The Light », on a commencé à monter le groupe avec Steve Warfield à la batterie et, pendant un bref moment, Steve Steinhauer à la basse. On est excité d'avoir un batteur pro comme solide troisième élément de notre ministère Gibsons.
Que pensez-vous artistiquement de vos disques, en particulier du dernier ? Quels sont ses points forts et y voyez-vous quelques choses à améliorer ?
Jerry Martin Ça rocke dur ! Spécialement maintenant depuis qu'on a un batteur dynamique. On est très content de la sortie de « Southern Rock Revival ».
Steve Steinhauer ne figure plus sur votre site. Avez-vous décidé de passer en trio ou allez-vous le remplacer ?
Jerry Martin Il a été remplacé et il n'a pas été difficile de trouver un remplaçant. Steve était du sud du New Jersey et on ne pouvait en faire un gentleman sudiste. Il jouait trop lourd et il causait sans cesse. Il a été remplacé par Tony Richardson, un bassiste au feeling plus sudiste.
Quels sont vos projets ?
Jerry Martin Composer autant d'hymnes sudistes totalement inédits et atteindre autant de gens que nous le pouvons jusqu'à ce que nous rencontrions le Seigneur.
Quels sont vos albums favoris de rock sudiste ?
Jerry Martin Nos albums favoris de rock sudiste sont « Pronounced Leh-Nerd Skin-Nerd », « Second Helping », « Nuthin' Fancy » et « Gimme Back My Bullets » de Lynyrd Skynyrd ; « Strikes » et « Tomcattin' » de Blackfoot.
Merci.