Volker Dörfler
Lizard
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°87 (juillet - août 2012)
Lizard is back! Un événement tant le groupe allemand a marqué de son empreinte le paysage et l'histoire du rock sudiste européen. Mais quel est ce nouveau Lizard alors que Georg Bayer, son leader, est décédé depuis trois ans et qu'un nouveau chanteur lui a succédé ? Alors, pour le savoir, on est allé poser quelques questions à Volker Dörfler, qui en a profité pour nous donner une des meilleures définitions du Southern rock...
Bonjour,
Nous sommes très heureux de voir que Lizard, qui a écrit et écrit toujours une des plus belles pages du rock sudiste allemand et européen, est toujours bien là et bien vivant trois ans après le décès de son fondateur Georg Bayer. Pour la plupart d'entre vous, vous avez joué plus de dix ans en sa compagnie. Quel homme était-il et quels sont les souvenirs que vous gardez de lui ?
Pour moi, Georg est devenu un ami. En fait, je l'ai connu quand j'étais âgé d'environ quatorze alors qu'il avait aux alentours de vingt-huit ans à ce moment-là. Je l'ai vu sur scène avec son ancien groupe, Wolkowoj, une formation avec orchestre de cuivres dans le style des débuts de Chicago. Mais c'est une autre histoire... Pour Georg, Lizard a non seulement été un groupe, mais il a été aussi une mission. Il n'était pas seulement le chanteur de Lizard, il en était aussi le manager et ceci avec un grand talent pour créer des réseaux. Je pense qu'il connaissait presque tout le monde qui était d'une façon ou d'une autre impliqué dans le Southern rock.
Pour ceux qui ne connaissent pas le Lizard de Georg Bayer, quel album du groupe lui conseillerez-vous ?
Hum...
Après un premier disque, « Rock'n'Roll Refugees » en 1991, Lizard avait réalisé « Riding On A Train » en 1996 avec votre équipe. Pouvez-vous nous parler de cette période de la reformation de Lizard ? Quand cela s'est-il passé ? Comment chacun est-il arrivé dans Lizard ?
Ça a commencé par un appel téléphonique à la fin de 1994. Il m'a dit : « Je viens d'entendre votre dernier album avec Sinner (« Respect »). Bon travail. En ce moment je suis sur le point de réformer Lizard. Klaus (Brosowski) est à bord. Il y a aussi Andy (Kemmer) et Rainer (Kunert) - tous deux anciens membres de Lizard. La seule chose dont j'ai besoin est de deux « guitareros » (le terme de Georg pour les guitaristes !) ». J'ai dit « OK » et nous avons tous deux réfléchi à qui pourrait être l'autre guitariste. Je lui ai dit : « Il y a un gars au magasin de musique où je travaille au moins une fois par semaine. Son nom est Christoph Berner ». Nous nous sommes tous réunis la première fois le 5 janvier 1995. Nous avons joué notre premier concert le 8 février, quatre semaines plus tard. En juillet, Helmut a rejoint le groupe, parce que Rainer avait déjà un engagement dans un groupe de variété à Stuttgart.
Dans Lizard, vous étiez cinq à entourer Georg Bayer. Quel est l'histoire musicale de chacun ?
Plusieurs covers bands. L'un d'eux avec Ruben (Killian) dans les années quatre-vingt-dix. Le groupe s'appelait Magic Mama's Midnite Ramblers. Nous avons joué ensemble pendant environ trois / quatre ans. J'ai également eu un projet hard rock du nom de Seven Crimes. Après ça, en 1993, j'ai rejoint Sinner pour un court laps de temps. Et puis vint Lizard...
De quelle région d'Allemagne êtes-vous ?
Le Sud-Ouest : Stuttgart, Heilbronn, Esslingen, Göppingen.
Depuis « Riding On A Train », la composition du groupe a très peu évolué. À quoi est due cette stabilité ?
La capacité de chacun à ne pas se sentir ni à se comporter comme « le membre le plus important du groupe ». Et aussi le respect des qualités musicales de chacun dans le groupe. La combinaison de cette attitude cool et de la qualité musicale de tout le monde se traduit simplement par beaucoup de plaisir pour chacun de nous !
Que s'est-il passé lors du décès de Georg Bayer ? Le groupe a continué malgré tout ?
Dans un premier temps, tout le monde a été choqué. Nous nous sommes réunis quelques jours après les funérailles de Georg pour parler de ce que nous devrions faire. Après cinq minutes de conversation, nous savions : Lizard devait continuer !! Il n'y avait pas d'autre possibilité.
Vous avez en la personne de Ruben Killian un nouveau chanteur. Qui est-il ?
C'est un mec que je connais depuis plus de vingt-cinq ans maintenant. Nous avons vécu dans le même coin, chacun jouant dans son propre groupe. Un beau jour, nous avons joué ensemble dans un groupe... Plus tard, on se rencontrait parfois dans des jam sessions, etc.
Comment est-il devenu le chanteur de Lizard ?
On a essayé différents chanteurs. Ils n'étaient pas mauvais mais à chaque fois, il manquait quelque chose. Lors d'une répétition, lors d'une pause, quelqu'un a dit: « Et Ruben ? ». Nous lui avons téléphoné ; on lui a demandé s'il aimerait nous rejoindre et on a fixé une date. Après la première chanson de la première répétition, Helmut a dit : « On dirait que nous avons joué ensemble pendant des siècles ! ».
« Big Road », le nouveau CD, a été enregistré entre juin 2011 et janvier 2012 mais depuis quand est-il en chantier ?
En 2009, beaucoup de chansons étaient déjà écrites. Ruben a rejoint le groupe en 2010 et la première étape a alors été de ramener Lizard sur scène. Après ça, on a re-composé une partie des morceaux déjà écrits et on a composé quelques nouvelles chansons.
L'enregistrement du disque diffère-t-il de ceux faits avec Georg Bayer ?
Oui, vraiment ! Les précédents CDs étaient enregistrés en une semaine ! « Big Road » a été enregistré dans le studio de Ralf. Nous avons donc eu autant de temps que nous avions besoin.
Le style de Lizard a-t-il évolué du fait d'avoir un autre chanteur avec une histoire, une personnalité et une voix différentes ?
Oui, bien sûr. On n'a jamais attendu que Ruben chante comme Georg. Ruben n'est pas seulement un remplaçant de Georg. Il est le chanteur de Lizard, il a sa propre personnalité et Lizard sonne donc différemment. Et c'est bien de la manière dont ça se passe.
Comment définissez-vous le rock sudiste ?
Je me pose cette question depuis que je joue avec Lizard !
Deux morceaux sont cosignés par Georg Bayer, d'autres le sont par Ruben Killian. Il y a donc des morceaux anciens et des tous nouveaux ?
Oui, tout à fait.
« Walking » est dédié à Georg Bayer. Est-ce parce qu'il était chanteur que le morceau est instrumental ?
Christoph a eu l'idée de ce morceau il y a longtemps. Georg disait: « C'est un bon morceau mais il n'a pas besoin de vocaux. » A cette époque, ce morceau avait « Walking » come titre provisoire et était encore censé être à finaliser plus tard avec l'adjonction de vocaux. On a donc continué à travailler sur d'autres chansons. L'an dernier, Christoph nous a demandé: « Vous souvenez-vous de « Walking » ? Que pensez-vous d'en faire un instrumental à la mémoire de Georg? ».Tout le monde était d'accord avec ça et ça s'est retrouvé sur le CD.
Bruce Brookshire a participé à l'écriture de trois titres. Êtes-vous toujours aussi proches ?
Oui, c'est notre frère.
Comment composez-vous avec lui ? En vous rencontrant ? Par Internet ?
Par Internet. Ça ne fait aucune différence d'être assis dans des pièces voisines ou de l'autre côté du globe ! Ce monde est incroyable...
Lizard joue-t-il autant de concerts que par le passé ?
Non mais on aimerait.
Quel est l'état de la scène rock sudiste actuellement en Allemagne ?
La mort de Georg Bayer a vraiment eu un grand impact sur la scène rock sudiste en Allemagne. Georg était l'un des moteurs qui lui permettait de fonctionner.
Il y a des groupes français de rock sudiste qui chantent en anglais, d'autres en français ; il y a des groupes tchèques qui chantent en anglais, d'autres en tchèque ; etc. Je ne crois pas avoir entendu de groupes allemands chanter dans leur langue. Y en a-t-il ?
Je n'en n'ai aucune idée !
N'avez-vous pas, vous, parfois l'envie d'avoir une ou deux chansons en allemand ?
Non ! Je crois que la langue italienne est la mieux adaptée pour l'Opéra, que l'allemand est ce qu'il y a de mieux pour Wagner et que pour la musique rock, c'est l'anglais. Désolé pour ça !
Jouez-vous parfois en dehors de l'Allemagne ?
Oui, nous avons joué à plusieurs reprises en Suisse, Autriche, Suède, Belgique, République tchèque.
Lizard est connu en France. Vendez-vous des disques dans d'autres pays, en particulier aux États-Unis ?
Oui, on en vend. Mais, pour être honnête, vraiment pas beaucoup.
Quels sont vos disques favoris de rock sudiste ?
C'est quoi le rock sudiste ? (rires)
Quel est l'avenir de Lizard ?
Jouer des concerts, faire des disques, boire de la bière et monter le son des amplis ! Oui !!
Merci.
C'était un plaisir.