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Bryan Cole
Mose Jones
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°76 (septembre - octobre 2010)
Mose Jones à ses débuts à Atlanta
Après trois albums entre 1973 et 1978, les deux premier sur le label Sounds of the South qui lança aussi Lynyrd Skynyrd, Mose Jones disparut. Le groupe d'Atlanta ne renait aujourd'hui pas vraiment de ses cendres mais se rappelle à notre bon souvenir avec un CD enregistré live en 1974 et qui est l'occasion de se rendre compte que le Mose Jones sur scène n'était pas tout à fait celui des microsillons. Bryan Cole nous en parle.
Bonjour Bryan,
Belle surprise de voir un "nouveau" Mose Jones ! Pourquoi avoir choisi de sortir "Live At Richard's - Atlanta, Ga 1974" en 2010 ?
Eh bien, il faut le temps que les choses se fassent et voilà, ça a fini par se concrétiser. Je savais qu'il y avait une bande stéréo deux pistes qui existait. Martin, le fils de Jimmy, et sa femme Susanne étaient submergés par la quantité de bandes que Jimmy possédait. Il enregistrait tout. Un autre fils de Jimmy, Ken Mauldan, a passé la bande à Sean O'Rourke et Rick Hinkle, deux proches amis qui sont des musiciens incroyables. En fait, ils ont fait cuire la bande dans un four à convection pour que l'oxyde adhère au support. Ils l'ont ensuite traitée avec le logiciel Pro-Tools. Quand ils nous ont fait écouter ce que ça donnait, Steve McRay et moi avons pensé que c'était presque le destin qui nous faisait un signe. On devait sortir un hommage à Jimmy et Randy Lewis ainsi qu'un témoignage de notre groupe et de l'incroyable scène musicale d'Atlanta à l'époque. On voulait aussi montrer de quoi on était capables. Un enregistrement live était parfait pour nos besoins. À la fin de la préparation, Monsieur Rodney Mills (notre ami de longue date et ingénieur pour "Mose Knows") exprima le désir de mastériser le disque. Son boulot a amené une partie de la magie qu'on espérait. Nous sommes reconnaissants à tous pour le difficile travail effectué et tout l'amour que nos amis ont mis là dedans.
Sur la page Myspace du groupe, on peut trouver un programme du Richard's avec Mose Jones présent le 28 mai et le 2 juin. Est-ce un de ces concerts qu'on trouve sur le CD ?
Je sais que c'était en juin 1974 mais je ne connais pas la date exacte.
Programme du Richard's
Pouvez-vous nous parler de ce lieu et le décrire ?
Richard's était un endroit incroyable. Le soir d'ouverture, il y avait Elephant's Memory - ils venaient tout droit d'un concert avec John Lennon (paix à son âme) - et nous. Je pense que tout le monde a joué là : Rory Gallagher, 10cc, Hall and Oats, Iggy Pop, The New York Dolls, Marshall Tucker, Lynyrd Skynyrd, Tower Of Power, Bonnie Raitt, Little Feat, Bob Seeger. Le club était à l'arrière de Monroe Drive, dans le coeur d'Atlanta. Il y avait un plafond bas, un système sonore décent pour l'époque et les deux propriétaires (Richard Floyd et Rich Bryan) avaient de bons contacts dans le monde de la musique si bien que beaucoup de stars venaient jammer. La capacité était de trois cent personnes et c'était toujours comble.
Sur Atlanta, trouvait-on beaucoup d'endroits comme ça pour les concerts ?
Oui, il y avait une dizaine de lieux de ce type : Funcochios (là où on a rencontré Skynyrd), Hot'lanta... Je ne peux me remémorer tous leurs noms.
Le concert était retransmis à la radio (WRAS). Ça vous est arrivé souvent ?
Oui, quand MCA était derrière nous. Ils ont été supers pour ce qui est de l'organisation d'interviews radio et de concerts. WLIR à New York, une à San Diego (je ne me rappelle plus son nom), beaucoup dans le Sud Est des Etats-Unis.
Un petit mot concernant Jam Factory en première partie ?
Ils venaient du nord de l'État de New York. Leur batteur était un type qui a joué avec Paul McCartney [NDLR : il sera aussi membre de Sea Level] ; leur trombone, Earl Ford, est resté un ami tout au long de ma vie et on a tourné dans le monde entier ensemble avec divers artistes [NDLR : on peut l'écouter sur plusieurs disques Capricorn]. Jam Factory jouait une super sorte de funk, peut-être un peu comme War si je peux dire mais ils avaient vraiment leur style propre.
Outre Randy Lewis, Jimmy O'Neill, Steve McRay et vous-même, on trouve Davis Causey (Sea Level, Gregg Allman, etc.) à la guitare. Il est crédité comme "special guest" alors que lors de la précédente interview en 2007, vous mentionniez que cette version de Mose Jones incluait Davis Causey. Qu'en est-il en fait ?
Il était dans le groupe. On a voulu attirer l'attention sur lui.
Est-ce que tout le concert est sur le CD ?
Non, on a pris une partie de ce qui était bon. On pensait que c'était le mieux à faire.
Le CD dure soixante cinq minutes. De quelle longueur étaient vos sets ?
Ce set ci dura presque deux heures. On se lâchait beaucoup plus à l'époque et on était beaucoup plus jeunes ! (rires)
Votre set-list changeait-elle beaucoup d'un concert à l'autre ?
Oui, on tentait de sentir l'humeur du public pour savoir si on allait jouer avec énergie ou plus en douceur.
Je crois que le morceau que je préfère, c'est "Julia's Beautiful Friend" qui rappelle à la fois les Beatles et les Allman Brothers. N'est-ce pas un des morceaux de Mose Jones qui résume le mieux la musique du groupe ?
Oui. Je pense que vous avez raison. C'est un des premiers morceaux qu'ai fait Mose Jones. Je n'y avais jamais pensé mais c'est une très bonne observation.
Au programme, sept morceaux qu'on trouvait sur vos deux premiers microsillons et une reprise de celui qui est en partie à l'origine du nom du groupe, Mose Allison. Repreniez-vous souvent ce "If You're Going To The City" ?
On, c'était un morceau fun et la manière dont on le jouait laissait beaucoup d'opportunités pour des jams.
Mose Jones - Live at Richard's 1974
Le morceau dégénère en jam pour une durée des vingt sept minutes. Partiez-vous souvent dans de telles longues jams ?
Ça dépend des morceaux. Par exemple, "Barroom Sweeper" ne présente pas les mêmes opportunités en la matière que "Goin' To The City". Le final de "Julia's Beautiful Friend" ressemble plus aux jams qu'on faisait en concert. En club, vous pouvez transformer un morceau à votre guise.
Avez-vous gardé des souvenirs du concert ?
Oui. C'étaient de super moments. On jouait principalement notre musique et ça marchait. On jouait partout à travers le pays, dans certaines des salles les plus célèbres ; le Whisky A Go-Go à Hollywood, Max's Kansas City à New York, Caines' Ballroom à Tulsa dans l'Oklahoma et d'autres. Une grande époque !
Quel est l'accueil suite à la sortie de ce live ?
Ça a été étonnant ! Le plus surprenant a été la réaction de l'Europe et du Japon où nous n'avons jamais tourné en tant que Mose Jones. Ici, nous avons de très bonnes réactions via le web. On a quelques articles et un possible concert prévu pour faire vraiment la promo auprès des gens. Il faut remercier Dieu qu'il y ait Internet de nos jours. Nos quatre premières livraisons à CD Baby se sont toutes vendues en totalité.
Prévoyez-vous de sortir d'autres concerts en CD ?
On regarde partout ce qu'on a et dans quel état sont toutes ces bandes.
Y aurait-il du matériau pour un DVD ?
Si nous faisons un concert, on pourrait avoir ce qu'il nous faut pour un DVD. Steve a des idées pour quelques extras et bonus, mais tout se fera à partir d'un évènement suffisamment conséquent, comme un concert.
Avez-vous une idée des musiciens qui pourraient former le line-up de Mose Jones pour ces concerts ?
On ne s'est pas trop penché là-dessus mais si je devais mettre en place le line-up, je pense qu'il y aurait Steve McRay aux claviers et au clavier-basse. Marvin Taylor et Davis Causey aux guitares, Sean O'Rourke à la batterie et moi à la seconde batterie et aux percussions. On pourrait ajouter un saxophoniste - chanteur. Bien sûr, tout ça n'est qu'hypothétique. Il serait très intéressant d'interpréter ces chansons trente six ans plus tard. On pourrait aussi tirer des deux autres enregistrements de Mose Jones ("Blackbird" et celui qui n'est pas sorti). Je vous ferez savoir si cela se concrétise.
Vous nous aviez dit qu'un album avait été enregistré après "Blackbird", y a-t-il une chance qu'il sorte maintenant ?
Ou alors d'autres inédits ?
On s'intéresse à "Blackbird" pour une possible réédition, peut-être seulement en téléchargement. Nous essayons de nous renseigner au sujet des droits et de ce genre de chose. Steve McRay a lancé son propre label. Il s'appelle Big Coffee's Records (www.bigcoffeerecords.com) et si vous allez voir sur le site, vous verrez ce qui est prévu. On a tant de projets potentiels du passé, comme l'album live, ou du présent comme le prochain disque de Steve et "Mercy Road". On a juste à pas mal bosser sur ces enregistrements avant que je puisse vous dire avec certitude que nous allons les sortir. Mais, Luc, vous serez un des premiers informés.
Vous nous aviez dit en 2007 être en contact avec une compagnie pour une édition en CD de vos trois LPs. Cela a-t-il progressé ?
Je crains que non. Mais bientôt, nous espérons que Big Coffee, avec l'aide de distributeurs régionaux, sera capable de fournir notre musique aux gens qui le désirent. Si ça marche bien, peut-être pourrons nous délivrer une licence concernant les enregistrements d'origine.
Jimmy O'Neill - Popular Car
Merci pour le 45 tours de Jimmy O'Neill ("Popular Car" / "City Music") et le CD "Mercy Road" par Cole/Taylor [NDLR : Marvin Taylor était le guitariste de Mose Jones sur "Blackbird"] que vous m'avez envoyé avec le live. Y a-t-il eu d'autres disques sortis sous leur nom par des musiciens de Mose Jones ?
Marvin Taylor, de la seconde mouture de Mose Jones, a fait un disque, "How I Spent My Summer Vacation". C'est une sorte de fusion instrumentale, c'est très bon. C'est le seul. Jimmy et moi avions une cassette, le seul truc qu'on pouvait avoir dans les années quatre vingt : "Musical Fun" avec Lucky Pierre.
Comment présenteriez-vous la musique qu'on trouve sur ce 45 tours de 1984 et ce CD de 2008 ?
Le 45 tours a été fait comme une partie d'un EP "Glass And Steel". Mark Penskie était, à l'époque, l'ingénieur de Frank Zappa. On voulait utiliser le nouveau système de synclavier. Mark, un vieil ami, connaissait ça très bien. Il est venu et a coproduit la face A - "Popular Car" - que Billboard a aimé. Il le voyait comme le sosie de Steely Dan. L'autre enregistrement, "Mercy Road", commença comme une collection de chansons que Marvin et moi avons écrites soit seuls soit ensemble. Après mes sérieux problèmes de santé de 2001, j'avais appris en autodidacte à jouer de la guitare et de la mandoline. Juste gratter les cordes en fait. On a donc presque joué toutes les parties instrumentales, Marvin produisant et jouant la majorité du disque. Rodney l'a masterisé et je peux dire que je suis fier de lui. C'est vraiment relax mais c'est comme ça qu'on était à l'époque.
Sur le 45 tours, les musiciens sont ceux de Mose Jones et vous-même avez coproduit le disque et coécrit les morceaux. Pourquoi ne pas avoir utilisé le nom de Mose Jones ?
À cette époque là on ne fonctionnait plus en tant que groupe. J'essayais de m'établir comme producteur, Jimmy comme un artiste solo. Randy et Steve jouaient de temps en temps ensemble et prévoyaient quelque chose de nouveau. Nous étions toujours amis mais parfois il était bon d'opérer en dehors du groupe bien que pas mal de revues régionales se référassent à Mose Jones dans leurs textes. On ne peut donc pas trop s'éloigner de chez soi !
Concernant "Mercy Road", comment peut-on se le procurer et prévoyez-vous une suite ?
Je crois qu'on peut le trouver chez Big Coffee Records, CD Baby et www.five feathers.com. Oui, il y aura d'autres disques centrés sur l'aspect songwriter. Je travaille sur l'un d'eux avec mon ami Chick Cusick à partir de chansons qu'on a écrites et je produis le songwriter d'origine louisianaise Steve Murrell.
Cole/Taylor - Mercy Road
Comment se fait-il que vous ne jouiez pas de batterie sur cet album ?
C'est lié à mes problèmes de santé : j'étais dans le coma pendant un moment en 2001. Je ne veux pas m'étaler là-dessus, merci de le comprendre.
Beaucoup de groupes des seventies se reforment plus ou moins régulièrement? Est-ce le cas parfois de Mose Jones ?
Ça m'étonnerait. Je ne partirais plus jamais en tournée mais j'aimerais faire deux ou trois concerts ici à Atlanta.
Il y a trois ans, vous pensiez qu'Internet était une chance pour les nouveaux groupes. Quelle est l'influence du téléchargement illégal pour vous qui êtes producteur, compositeur et musicien de studio ?
Je pense que c'est plus un problème avec les artistes qui ont des gros hits qu'on retrouve sur tous les sites ou autres. Je travaille sur des enregistrements obscurs ou très spécialisés. Nos fans sont conscients que personne n'est riche parmi nous et ils ont le bon reflexe d'acheter pour soutenir les artistes.
Quelle est votre actualité en ce moment et vos projets ?
Eh bien, je compose toujours, J'aide Steve McRay pour Big Coffee et je viens de commencer à travailler sur le disque de Steve Murrell.
Merci Bryan.
Merci à vous Luc et merci bien sûr à vos lecteurs et auditeurs.
Radio Blues Intense Sweet Home RBA All Blues Dixie Rock