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Tom Coerver
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°80 (mai - juin 2011)
Tom Coerver
Ce gars-là est infatigable. Il ne se contente pas d'être guitariste ou alors joueur de clavier ou alors batteur ou alors chanteur, non, il est guitariste et joueur de clavier et batteur et chanteur ! Et en plus, il a fait et fait partie d'un nombre incroyable de groupes... Il n'arrête pas. Et comme en plus il est sympa, on ne regrette pas de l'avoir interviewé... Ah oui, il s'appelle Tom Coerver.
Bonjour Tom,
Sur votre nouvel album, « Wood, Wire, Vibes... & Slide », vous jouez de tous les instruments. Pratiquiez-vous ces instruments dès votre jeunesse ?
J'ai commencé le piano à sept ans et j'ai pris des leçons à l'école pendant environ quatre ans. Je me suis intéressé à la batterie quand mon cousin en a eu une à Noël 1968 alors que j'avais dix ans et j'en ai demandé une le Noël suivant. Mes vieux m'ont acheté une batterie Sears bon marché. (fabriquée par Pearl, croyez-le ou pas !) La guitare est venue ensuite alors que j'avais treize ans, quand mon pote Jody Turner a eu une guitare électrique Teisco bon marché. Après, j'ai économisé de l'argent en tondant les jardins et j'ai acheté une guitare copie Ventura Les Paul. Elle ressemblait vraiment à la nouvelle Gibson / Epiphone de Joe Bonamassa. Ça me ramène en 1973.
Vous avez passé votre jeunesse entre Baton Rouge et Houston. Comment s'est déroulé votre apprentissage musical ?
J'ai pris des leçons de batterie à Houston par un super prof du nom de Denny Hair, qui avait une formation de huit musiciens avec une section de cuivres. Ils jouaient du Chicago et d'autres standards rock/pop. Denny m'a permis de jouer avec le groupe et les types m'ont donné pas mal de bons conseils sur la manière de jouer avec un groupe, comme « suivre la guitare basse avec la grosse caisse » ou « jouer pour le morceau - les passages plus techniques pour passer du couplet au refrain ». Et ainsi de suite. J'ai commencé à jouer de la guitare à l'oreille et j'ai appris certaines parties des enregistrements de Cream et Creedence. Et, plus tard, quand j'ai commencé à jouer dans des groupes au lycée, les guitaristes (Ed Gassie, Tim Lawson, etc.) m'ont montré quelques riffs et suites d'accords et, à partir de là, j'ai continué à progresser. Plus tard, en fac, j'ai suivi des cours de piano et de solfège d'une musicienne majeure du nom de Laura O'Leary. Elle était l'amie d'un ami. Quand j'ai déménagé à Jacksonville, j'ai connu dans un magasin de musique un grand claviériste qui s'appelait Garius Hill. On est devenu amis et il m'a montré comment surmonter certaines mauvaises habitudes que j'avais prises au piano et à l'orgue ainsi que pas mal de renversements d'accords, de doigtés pour les gammes. J'ai fait aussi plus de solfège. J'ai également pris des leçons de guitare d'un super guitariste jazz de Jacksonville. Il s'appelait Gary Starling et j'utilise toujours certaines des idées qu'il m'a transmises comme la gamme diminuée et ainsi de suite.
Vous avez joué dans des groupes comme BooKooWattz ou Lafauci. Étaient-ce vos premiers groupes et quel âge aviez-vous ?
Mon premier groupe, c'était fin 1973 et j'avais quinze ans. C'était à Houston et on n'a jamais pris de nom ! Notre famille est revenue à Baton Rouge à l'été 1974 et j'ai commencé à jouer dans quelques groupes (Southbound et Haze) tout en étant au lycée. Plus tard, début 1976, j'ai eu un boulot dans un magasin de musique où je vendais claviers, guitares et équipements de sonorisation. Un de mes clients était un bassiste noir de funk qui jouait avec John Fred & The Playboys : Randy Jackson, qui vingt-cinq ans plus tard deviendra célèbre avec « American Idol ». Curieux, non ?
Tom Coerver
Il me semble que vous étiez en même temps à l'Université. Vous arriviez à concilier études et tournées ?
Ça s'est plutôt bien passé pour ma première année à LSU [NDLR : Louisiana State University] de mélanger études et musique. Mais la seconde année a été difficile. J'essayais d'étudier à l'arrière du bus de LaFauci lors de ces longs déplacements entre les concerts que nous trouvait un agent de la Nouvelle Orléans qui nous faisait jouer partout en Louisiane, dans le Mississippi et l'Arkansas. Il y a eu un semestre (à la fin de 1978) où j'ai eu toutes les notes possibles (jusqu'à un 'F' en maths [NDLR : les notes vont de A à F. F est la plus mauvaise]). J'ai donc arrêté les concerts jusqu'à ce que j'ai mon diplôme LSU en décembre 1980.
Avez-vous enregistré çà cette époque ?
J'ai enregistré à la batterie avec LaFauci / BooKooWattz à l'été 1977 et on a eu du bon temps aux studios historiques de J.D. Miller à Crowley en Louisiane, là où Lightnin' Slim, Slim Harpo et d'autres artistes Louisianais ont enregistré des morceaux légendaires. Mais Sal Lafauci et son manager se sont séparés peu après et le disque n'est pas sorti. Le groupe s'est séparé. Sal a monté le groupe LaFauci avec la plupart des mêmes gars mais il est passé à la batterie. Il a enregistré l'album « LaFauci » en 1978 au studio In The Country à Bogalusa en Louisiane. Ensuite, un des guitaristes, Keith Gudroz, a quitté le groupe. Comme Sal m'avait entendu jammer à la guitare avec l'autre gratteux, Steve Dodds, il m'a demandé de remplacer Keith à la guitare dans LaFauci. Et voilà comment mes notes scolaires ont commencé à dégringoler !
Vous êtes ensuite parti à Jacksonville pour travailler, en 1981 je crois. Vous n'étiez donc pas musicien professionnel ?
Après un boulot d'été dans une usine chimique près de Baton Rouge en 1978, j'ai juré que je ne voulais plus jamais mettre le pied dans une usine susceptibles de provoquer des explosions et des fumées toxiques. Mon ami Eric Hunter m'a alors parlé d'un job qu'offrait le centre de maintenance de la base aéronavale de Jacksonville (NAS Jax). J'ai eu un entretien avec eux alors que les seules offres de travail que j'avais à Baton Rouge étaient dans des usines chimiques. J'ai pris le boulot et j'ai déménagé à Jacksonville, en Floride, en février 1981. Je jouais de la musique juste chez moi et pour le plaisir. Et j'enregistrais des parties instrumentales avec mon vieux magnéto TEAC 2340. Ce magnéto a une place très importante dans ma vie. (D'avantage plus tard !)
Jacksonville, c'est une des capitales du rock sudiste, avec Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet, 38 Special, Blackfoot, etc. Est-ce que ces groupes et le rock sudiste étaient à cette époque pour vous des influences ?
J'étais un grand fan de Lynyrd Skynyrd, du Rossington-Collins Band, de l'Allman Brothers et de Blackfoot quand j'ai déménagé à Jacksonville et j'avais étudié le style de slide de Duane après que le magazine Guitar Player en 1981 ait expliqué comment il utilisait les accords ouverts et standards ainsi que sa technique d'étouffement [NDLR : pour éviter les bruits parasites lorsque l'on utilise la slide].
The Philters ouvrant pour le Rossington Collins Band, Jacksonville 1982
Je suppose qu'on pouvait voir alors sans cesse des concerts de ces fameux groupes ?
En août 1981, j'ai rejoint un groupe que s'appelait The Philters et on avait un ami, Jim Kelley, qui faisait le son pour le Johnny Van Zant Band. Il nous a emmenés à de super concerts, en particulier le concert où Blackfoot était tête d'affiche et où Rickey Medlocke m'a époustouflé par sa présence sur scène, son chant, son jeu de guitare en slide ou standard. The Philters a ouvert pour le Rossington Collins Band au Jacksonville Coliseum, début 1982, ce qui fut leur dernier concert. Ça a été une des expériences les plus mémorables que je n'ai jamais eues en jouant de la musique ! Notre balance a tourné court et Billy Powell était désolé pour moi. Il m'a dit « Tu peux mettre ton synthétiseur sur mon Hammond B3 et utiliser mon support de claviers si tu veux. » et Allen Collins m'a laissé utiliser son ampli guitare de rechange sur les cinq morceaux sur lesquels je jouais de la guitare et vous pouvez vous imaginer comme il sonnait bien !
C'est là que vous avez rencontré Bobby Ingram ? Comment cela s'est-il passé ?
Scott Montgomery des Philters avait joué dans le groupe de Bobby de la fin des seventies qui s'appelait Rum Creek. Quand il était à Jacksonville, Bobby venait nous voir pour quelques concerts donnés par les Philters. Scott m'a présenté à Bobby. Il jouait alors au sein du Danny Joe Brown Band et le groupe s'est cassé la gueule un petit peu après que je ne rencontre Bobby. Il m'a appelé pendant l'été 1982 pour me demander si je pouvais l'aider à enregistrer quelques démos avec ma TEAC 2340. Le Bobby Ingram Project venait juste de se former et ils avaient déjà un son énorme avec Rik Blanz à la seconde guitare qui doublait beaucoup des parties de Bobby. J'ai tout de suite aimé leur son. Ensuite, quand les Philters ont splitté, en janvier 1983, j'ai auditionné pour plusieurs groupes, que ce soit à la guitare ou à la batterie. J'ai eu une offre pour aller au Japon comme batteur avec Tom Skidmore & The Teen Angels (C'est un truc qu'on ne peut pas croire. La vérité est toujours plus étrange que la fiction) quand Bobby a su que j'étais disponible. Il m'a appelé pour savoir si je voulais bien jouer du clavier au sein du Bobby Ingram Project. J'ai rejoint le Bobby Ingram Project en mars 1983. Tout de suite, on s'est mis à composer et répéter six jours par semaine.
Sur votre site Internet, j'ai pu lire dans votre biographie que pendant six ans vous avez ensemble composé et fait des concerts, ouvert pour le Rossington-Collins Band, le Johnny Van Zant Band, Molly Hatchet, etc. Était-ce avec le Bobby Ingram Project ?
J'ai joué, enregistré et composé des morceaux avec le Bobby Ingram Project de mars 1983 à juin 1988 et on a persévéré malgré pas mal de déceptions. Bobby n'a jamais perdu la foi ; il nous a toujours poussés à écrire et faire des démos plutôt que de nous contenter de faire des reprises dans des petits bars. On a signé un contrat de management avec Pat Armstrong et Associés en 1984 et les contacts de Pat qui lui venaient de son management de Molly Hatchet, Pat Travers, Stranger, etc. ont aidé à nous ouvrir des portes pour des premières parties de concerts. Ça nous a aussi permis d'avoir de l'argent de CBS pour faire quelques bonnes démos aux studios Bee Jay d'Orlando et des concerts de présentation pour quelques producteurs importants et différents labels.
Aviez-vous des amis dans ces groupes ?
Danny Joe Brown, Dave Hlubek et Riff West de Molly Hatchet étaient très amicaux envers nous et ils venaient frayer avec Bobby et nous. On a fait un concert au profit de la banque alimentaire de Jacksonville et on a ouvert pour le Johnny Van Zant Band au Florida Theatre de Jacksonville. Il y a aussi Don Barnes qui a vendu son terrible ampli Marshall Plexi de 1969 et son caisson de haut-parleur Basket Weave 4x12 à Bobby. Il est venu jeter un oeil quelques fois. Il était vraiment sympa et assez tranquille.
Avez-vous quelques bons souvenirs à nous raconter, des anecdotes ?
Il y a eu quand notre vieux bassiste du Bobby Ingram Project, Jim Wheat, trébucha sur notre roadie Chuck à un concert dans un grand club de Jacksonville, le Playground South. Chuck s'était penché pour brancher le cordon de guitare de Rik et Jim reculait à ce moment-là. Il n'a pas remarqué Chuck avant d'être assis sur son dos. Chuck s'est alors levé rapidement. Jim est retombé parfaitement sur ses pieds mais il a été écraser les quatre cordes de la basse pendant environ deux secondes. Et alors la sono de 12 000 watts que nous avions louée a fait un son pareil à un très court tremblement de terre ! Parmi d'autres grands moments, il y a eu des concerts de présentation privée pour des producteurs importants comme Terry Manning, Geoff Workman, Tom Werman, etc., soit dans notre vieille salle de répétitions déglinguée à Jacksonville, soit dans les studios Bee Jay à Orlando. Il y a eu le fantôme d'Elvis à l'étage dans la loge du Florida Theatre (Johnny Van Zant nous mettait en boite... c'est un drôle de type!). Il y a eu enfin, une fois au début du Bobby Ingram Project, lorsque nous faisions une interview en direct à la radio Jax Rock 105, avec Danny Joe Brown qui a appelé et m'a demandé si il pouvait parler avec le « pénis à oreilles » Bobby Ingram. On était morts de rire ! Bobby et Danny avaient joué ensemble dans un groupe que Bobby avait appelé Rum Creek vers 1975 et ils étaient de bons amis mais Danny aimait une bonne blague de temps en temps.
The Bobby Ingram Project
Quel style de musique jouiez-vous avec le Bobby Ingram Project ?
Une sorte de mélange de 38 Special, Boston, Allman Brothers, Night Rangers, Blackfoot, Styx, Journey. On a fait quelques chouettes démos fin 1984 aux studios Bee Jay et on a eu quelques offres des labels A&M et Epic mais Pat Armstrong nous a conseillé de ne pas y donner suite et de chercher un nouveau chanteur parce que les offres étaient faibles (du type contrat pour un seul disque). Le retour que Pat avait était que le chanteur à cette époque (Richard Smith) n'était pas assez lourd pour la musique du Bobby Ingram Project. On a alors fait passer des auditions et embauché Ron Perry comme chanteur. Richard était un très bon bassiste et quand notre bassiste d'origine, Jim Wheat, nous a quittés pour rejoindre le Johnny Van Zant Band en 1986, Richard est passé à la basse et aux choeurs. On avait alors quatre solides vocalistes et on a commencé à mettre encore d'avantage d'harmonies vocales.
Quel était le line-up ?
Moi aux claviers (piano, orgue, synthétiseurs) et aux choeurs, Bobby Ingram à la guitare lead et aux choeurs, Kevin Taylor à la batterie, Jim Wheat puis Richard Smith à la basse et aux choeurs, Ron Perry au chant et Rik Blanz aux guitares lead et rythmique.
Avez-vous enregistré quelque chose ?
On a fait dans notre salle de répétitions des millions et des millions de démos de morceaux qu'on avait écrits. Puis quand Pat Armstrong a eu assez de morceaux qu'il aimait, on est allé à Sterling Sound à Jacksonville ou à Bee Jay à Orlando pour faire des démos plus élaborées et plus couteuses afin que Pat puisse nous vendre à un label.
Je lis aussi que vous vous occupiez également de management d'artistes. De qui vous occupiez-vous ?
Je n'ai jamais vraiment géré des artistes mais j'ai réalisé des enregistrements pour des artistes de la région de Baton Rouge avec mon studio maison, y compris Tabby Thomas (avec des invités comme Chris Thomas King, Tab Benoit et Henry Gray), Chicago Al, John Lisi, Crosstown Traffic, Burton Gaar, etc.
Quand et pourquoi le Bobby Ingram Project s'est-il transformé en China Sky ?
Pat Armstrong avait réuni le Bobby Ingram Project et un auteur compositeur du nom de Frank Wildhorn en 1987. Une des chansons de Frank pour le projet contenait les paroles « Under A China Sky » [NDLR : « sous un ciel chinois »] et le label pensait que ça ferait un meilleur nom pour le groupe que The Bobby Ingram Project. Nous avons découvert le nom quand nous avons vu l'étrange pochette du disque. Tout le monde détestait le nom et il s'est rapidement transformé ensuite, pour les membres du groupe, en « Chinese Guy » [NDLR : « le gars chinois »].
Tom Coerver avec le Bobby Ingram Project à Playground South, 1985
Comment avez-vous signé avec CBS pour l'album de China Sky ?
CBS a signé un accord de distribution avec le nouveau label de Pat, PARC (Pat Armstrong Recording Company). Pat a négocié le contrat avec CBS pour de l'argent afin d'enregistrer (dans les nouveaux studios de PARC construits en collaboration avec Full Sail Recorders et Audio School). Pat était alors notre manager, notre président de label et le propriétaire de nos studios d'enregistrement. Plutôt pratique, hein ?
Il me semble que vous n'étiez pas parmi les musiciens qui ont enregistré l'album. À quoi est-ce dû ?
Pat a embauché le claviériste/joueur de synthés se sessions de Los Angeles Bob Marlette (qui est maintenant aussi un gros producteur. C'est lui qui a fait le « God & Guns » de Skynyrd) pour aider aux arrangements de clavier et synthétiseurs, au séquençage de batterie et de percussion, aux lignes de basse. J'ai joué quelques parties non créditées avec Bob sur quatre morceaux mais j'étais là comme consultant, pour la conception sonore, les harmonies vocales. J'ai poussé aussi, tout le temps de la production, pour avoir plus de guitares et moins de ces agaçants synthés eighties. Pat a viré Rik, le guitariste, et Kevin, le batteur, avant de commencer l'enregistrement mais pas avant d'avoir obtenu de nous tous de faire un showcase pour les nouveaux cadres de CBS / Sony afin de prouver que nous valions la peine de dépenser leur argent. Après que j'ai vu la pochette et les photos ringardes de Ron, Richard et Bobby sur la pochette arrière et que j'ai ensuite entendu la troisième et la dernière version remixée et remasterisée de l'enregistrement, j'ai été heureux que ma photo ne figure pas sur ce disque de merde. Je n'aimais que quatre des chansons, dont l'une a dû être abandonnée au final parce qu'elle ressemblait trop à un hit de Bon Jovi. J'ai aimé la musique que Bobby, Richard, Ron et moi avons écrite et qui était bien meilleure que le plus petit dénominateur commun de merde pop que Frank Wildhorn avait co-écrit. Cependant, j'ai beaucoup apprécié de travailler avec Bob Marlette qui m'a montré quelques plans clavier vraiment sensationnels que j'utilise encore aujourd'hui. Karl Richardson m'a appris quelques supers trucs de production et j'ai eu beaucoup de plaisir à passer du temps avec eux. Frank a été un emmerdeur fini dès le premier jour et la seule raison pour laquelle j'apparais sur ce disque, c'est que Pat aimé mes harmonies vocales haut placées et qu'il pensait qu'elles étaient importantes pour le son du Bobby Ingram Project / Chinese Guy. Bien sûr, Pat m'a viré ensuite pour mon look «trop effrayant pour les petites filles » après avoir obtenu ce qu'il voulait de moi. Il a été assez gentil pour me libérer du contrat et de ma part d'un sixième des 250 000 dollars de dépenses que nous avions eues pour l'enregistrement et les démos de 1984 à 1987.
Le groupe n'a fait qu'un seul album. Que s'est-il passé ensuite ?
Ron et Bobby se haïssaient mutuellement et quand le disque a fait flop, ils ont décidé de se séparer. Bobby était déjà avec Molly Hatchet depuis environ trois ans après avoir pris la place de Dave Hlubek quand celui-ci quitta Hatchet en 1986 ou quelque chose comme ça.
Êtes-vous toujours en contact avec Bobby Ingram ? Ne vous a-t-il jamais demandé de le rejoindre dans Molly Hatchet ?
Notre ami commun, Michael Buffalo Smith, me tient au courant de tout ce qui concerne Ingram mais je n'ai pas vu Bobby ou parlé avec lui depuis 1995, lorsque Hatchet a joué Baton Rouge et que je suis allé les voir. Le diabète de Danny causait de gros problèmes avec les annulations et autres trucs du genre mais ils sonnaient super ce soir-là et la seule chose que j'ai remarquée c'est que Danny était un peu mou et qu'il était très chaleureux. J'ai eu une longue conversation bien sympa avec Bobby ce soir-là, après le concert et il m'a dit que la sécurité de mon poste d'ingénieur au GEC où j'ai travaillé, à ce jour, pendant plus de 20 ans, était appréciable.
Tom Coerver
Ensuite, vous avez monté votre studio, enregistré et joué avec des musiciens Louisianais comme Rockin' Tabby Thomas, Larry Garner, Tab Benoit, etc. Pouvez-vous nous parler de ça ?
Lorsque je suis retourné à Baton Rouge, j'ai joué dans plusieurs groupes en même temps que j'ai repris des études pour obtenir mon master. J'ai rencontré beaucoup de gens de la scène pop, blues et rock des environs de Baton Rouge. Ça m'a conduit à jouer avec John Lisi qui était le guitariste de Tabby Thomas de 1998 à 2000. Et puis John a obtenu que je joue des claviers avec Tabby ce qui m'a apporté pas mal de connexions blues de par la fréquentation de nombreuses blues jam sessions du jeudi au club local Phil Brady's. C'est là que j'ai rencontré et jammé avec Larry, Raful Neal (le père de Kenny Neal qui était un légendaire chanteur et harmoniciste de blues de Baton Rouge), Henry Gray, les Delta Rockets, Rudy Richard et James Johnson du groupe de Slim Harpo. Avec plusieurs autres artistes aussi.
Que du blues ?
Principalement du blues, mais aussi de la pop, du rock, du folk et des concerts de rhythm and blues, que ce soit à la guitare ou aux claviers.
Faites-vous toujours ça ?
On m'a diagnostiqué un cancer de la prostate en 2008, et l'opération chirurgicale d'ablation de la prostate a pas mal ralenti mon activité ces dernières années. Mais j'ai recommencé à jouer un peu plus avec un groupe de pop sixties qui s'appelle Timewarp et avec mon partenaire de blues / rhythm and blues, Burton Gaar. Je fais aussi des concerts en duo acoustique avec mon vieil ami Patty Houk. Nous faisons des concerts du duo Tom & Patty depuis plus de 15 ans maintenant !
Et comment va maintenant la santé ?
J'ai eu la chance que le cancer ait été détecté très tôt et que l'opération ait réussi. La tumeur était très petite mais elle était proche de ma vessie et c'est pourquoi le médecin a choisi d'opérer tout de suite. J'ai un ami dont le cancer s'est propagé de la prostate à sa vessie et la radiothérapie a donc dû être assez brutale, mais il a été guéri et sa vie est sauvée. Je suis vraiment heureux de ne pas avoir à passer par la torture qu'il a dû subir et nous sommes maintenant tous les deux guéris du cancer (dosage PSA à zéro [NDLR : ce dosage est couramment utilisé dans le dépistage du cancer de la prostate]). Après l'opération, j'ai pris du recul avec les concerts pendant un mois de convalescence. J'ai essayé de recommencer à jouer trop tôt après l'opération et ça a été un grand gâchis. Mais j'ai entièrement récupéré environ deux mois après la l'opération et maintenant j'ai une santé à peu près normale. Sans entrer dans les détails... disons simplement que si j'éternue... ça peut parfois devenir désagréable !
Tom Coerver - Backwater Tales
Faisiez-vous ou faites-vous toujours, en parallèle, partie d'un groupe ?
J'ai été dans Catdaddy (au début des années 90), The Delta Rockets (1996 et 2001), Timewarp (1998 et de 2010 à aujourd'hui), Burton Gaar Band (2001 à 2005 et de 2010 à aujourd'hui), Tabby Thomas & The Mighty House Rockers (1998 à 2000), John Lisi & Delta Funk (1999 à 2002), Chicago Al (1998 à2003) et Groove Unit (2008 à 2009).
Quand avez-vous commencé à chanter et jouer comme leader ?
Je n'aimais pas avoir mon nom à l'affiche des concerts et être responsable d'un groupe ; d'avoir à être le meneur, celui qui se charge de fournir l'alcool et de faire la nounou des musiciens. Je n'ai donc pas monté mon propre groupe jusqu'en 2003 avec Tom Coerver & Backwoods BBQ. Ça n'a duré que neuf mois jusqu'à ce que ne débutent les querelles et que ne leur prenne le désir inévitable d'être mieux payés pour les concerts en jouant dans des covers band. Ensuite, quelques mois après que groupe se soit séparé, mon camarade de classe de l'école secondaire, Bill Doran, est retourné à Baton Rouge et s'est retrouvé à travailler avec mon beau-fils pour l'Armée de l'Air. Il a recommencé à jouer de la basse de sorte que nous avons monté un groupe avec son ami Keith Simoneaux à la batterie. Ça a fonctionné si bien que nous avons donc commencé à donner des concerts après avoir enregistré le disque « ... Thirds & More » en tant que trio. Le frère de Bill Matt est un grand joueur de clavier et nous avons obtenu que Matt puis Patty Houk nous rejoignent. Nous avons joué des concerts de 2005 à 2008 jusqu'à ce que Bill déménage pour un nouveau job.
« Backwater Tales » en 2003 était-il votre premier album solo ?
Oui, « Backwater Tales » était en préparation en arrière-plan depuis environ 1996, lorsque j'ai acheté une station de travail numérique pour enregistrer quelques démos et remplacer mon vieux TEAC 2340. J'ai aussi acheté à cette époque un piano demi-queue Yamaha et des idées de chansons ont commencé à germer à chaque fois que je me mettais à jouer sur ce « vrai » piano. Il n'y a rien de tel que des instruments réels !
Qu'est-ce qui vous a décidé à enregistrer ?
John Lisi était venu pour travailler sur des idées pour son premier album solo et je lui ai fait écouter quelques démos à moi. John m'a dit que je devais trouver le temps de peaufiner ça pour en faire un disque officiel. John m'a aidé avec de nombreuses idées intelligentes de production grâce à son expérience dans les studios de Los Angeles. Et ça a commencé à sonner si bien que j'ai senti que j'avais quelque chose qui se mettait en place et sur laquelle je serais heureux de mettre mon nom.
Tom Coerver - Waterfront View
J'ai lu que Bobby Ingram était venu jouer dessus. Est-ce exact ?
Bobby était trop occupé avec Molly Hatchet pour venir jouer sur mes trucs mais son jeu rock & roll a eu une très grande influence sur mon évolution guitaristique côté rock. J'ai particulièrement apprécié son jeu rythmique avec le Bobby Ingram Project sur beaucoup d'originaux Et ses astuces m'ont servi pour les morceaux les plus orientés rock et non slidés de mes CD.
Je ne connais pas ce CD ni « Waterfront View » (2005). Étaient-ce avec des accompagnateurs comme Goin' South ?
J'ai joué tous les instruments et fait tout le chant. Il y a eu juste quelques « invités spéciaux » aux claviers, à la batterie et aux choeurs sur « Tales Backwater », « Waterfront View » et le dernier CD, « Wood, Wire, Vibes ... & Slide ». J'ai fait ce genre d'enregistrements depuis 1976, époque à laquelle j'utilisais deux magnétophones pour rajouter du son sur un autre enregistrement sonore. J'enregistrais la guitare sur une cassette et puis je passais cette cassette dans une table de mixage et j'ajoutais de la batterie sur le deuxième magnétophone. Puis j'ajoutais le reste en faisant la navette d'un magnétophone à l'autre. C'est devenu beaucoup plus facile en 1978 quand j'ai eu ma TEAC 2340 chérie avec un système « Simul-Sync» qui permettais d''enregistrer plus facilement des overdubs et d'obtenir un meilleur mixage. Et puis quand j'ai eu mon premier enregistreur numérique huit pistes en 1996, vous pouvez imaginer le saut stratosphérique de qualité de son, de montage, de mixage et de flexibilité que j'ai eu ! J'ai maintenant un poste de travail audio numérique Roland VS-2480 vingt- quatre pistes avec lequel j'enregistre. Après ça, j'ai l'habitude de prendre les fichiers wav de chaque piste pour les mixer dans un autre studio. Je me suis fatigué de faire tout ça tout seul et il est tellement plus facile d'avoir une bonne paire d'oreilles à consulter comme celles de Devon Kirkpatrick ou Rick. Ça m'évite de m'obséder avec le dernier truc que j'ai enregistré (généralement la guitare lead ou slide...) au détriment de l'équilibre global. J'ai fait techniquement tout l'enregistrement, le mixage et le mastering de mes trois premiers CDs et ça m'a pris de plus en plus de temps pour en arriver au point où j'étais satisfait du résultat. J'ai réalisé à partir du moment où j'ai enregistré avec Burton Gaar et d'autres gens que cela allait beaucoup plus vite pour généralement un meilleur résultat si je collaborais sur le mixage et le mastering.
Pouvez-vous nous parler un peu plus de ces deux disques ainsi que de « Thirds... & More » (2006) et « From The Mud... To The Sky » (2008), nous les présenter ?
« Tales Backwater » est né progressivement alors que je commençais à monter mon home studio et après que j'ai eu mon agréable piano acoustique. J'ai alors commencé à avoir des idées pour les progressions d'accords et les mélodies. Et quand mon pote John Lisi a commencé à venir enregistrer ses titres, je lui ai joué des choses que je travaillais. Ses encouragements m'ont poussé à faire mes propres morceaux. Je me suis tellement cramé à écrire et à enregistrer de démos avec le Bobby Ingram Project de 1983 à 1987 que je pensais que je n'écrirais plus jamais de chanson. J'étais heureux de simplement gagner décemment ma vie en tant qu'ingénieur électrique et informaticien débile tout en ayant du plaisir musicalement à jouer des reprises avec des groupes le week-end. En outre, j'avais eu l'habitude de collaborer avec Richard Smith, Ron Perry et Bobby Ingram pour l'écriture des chansons et j'ai trouvé très difficile d'écrire des paroles par moi-même, Donc, les petits morceaux de chansons qui flottaient dans ma tête n'ont commencé à se finaliser qu'environ vers 1996 alors que je travaillais avec un autre ami du nom de Mike Owings (alias « RL Spencer des Delta Rockets ») sur certaines de ses chansons. Son énergie m'a motivé pour créer de nouveau des morceaux originaux. « Waterfront View » est arrivé alors que le groupe Backwoods BBQ a splitté à cause de la frustration induite par les concerts mal payés où on jouait notre propre musique. Pendant un moment, j'ai juste eu plaisir à écrire et enregistrer à la maison alors que je n'avais pas à compter sur la musique pour gagner ma croute.
Tom Coerver - Thirds... & More
Lesquels ont eu le plus de succès et lesquels ont vos préférences ?
Jusqu'ici, les meilleures ventes sont « Tales Backwater »et « Thirds... & More ». « Tales Backwater » me laisse beaucoup de bons souvenirs concernant la découverte de nouveaux trucs pour l'écriture, les techniques d'enregistrement pour certaines de mes créations instrumentales favorites telle la guitare sur « Badlands », la guitare slide sur « Backwater Rising » et la version piano solo de « Mississippi Mud » que John Lisi me supplia de faire après avoir joué les claviers sur son CD « Blues For Chloe ». Le nouveau CD est probablement mon préféré car il contient tellement de styles différents de musique avec lesquels j'ai grandi et parce qu'il s'est fait relativement facilement dans l'interprétation, l'enregistrement (J'ai eu souvent auparavant à faire à des pannes d'équipement. Cette fois, les nouveaux équipements l'ont rendu beaucoup plus facile), le mixage et la mastérisation.
« Backwater Tales » semble composé uniquement de compositions personnelles, des disques comme « Waterfront View » ou « From The Mud... To The Sky » comportent 20% de covers alors que pour « Thirds... & More » et « Wood, Wire, Vibes... & Slide », la moitié des morceaux sont des reprises. Pourquoi ce facteur varie-t-il tant d'un disque à l'autre ?
Mon copain John Lisi a suggéré que je ne fasse que des chansons originales pour mon premier CD et j'ai accepté. L'idée était que je voulais avoir les meilleures des chansons que j'avais écrites jusqu'alors, afin que les gens puissent les entendre et qu'elles ne restent pas à prendre la poussière sur mon disque dur ! Sur « Waterfront View », je voulais faire quelques reprises en hommage à des artistes qui m'ont inspiré au fil des ans, en particulier Howlin' Wolf, Johnny Winter. Il y a aussi le « Sittin'On Top Of The World » de Cream, et le Chicago jazz rock des débuts de Terry Kath avec « Sing A Mean Tune, Kid » / « A Hit By Varese ». Ce genre de choses a vraiment changé ma vie quand mon professeur de batterie Denny Hair me l'a fait découvrir avec d'autres morceaux de jazz-rock au début des seventies.
Ceux qui semblent vous inspirer le plus, à lire les crédits, sont Lynyrd Skynyrd, les Allman Brothers et les Rolling Stones. Sont-ce vos principales influences ?
Il est si difficile de réduire la liste des influences à seulement trois noms mais de nombreux sages ont suggéré de ne pas dépasser ce nombre, voire moins, afin que les gens se fassent rapidement une idée de ce à quoi vous ressemblez. Ces trois noms et aussi ceux de Creedence Clearwater Revival, Bob Dylan, Jimi Hendrix, ZZ Top, Little Feat et Jeff Beck (et ses claviers / arrangeurs !) tendent à être parmi mes principales influences en ce qui concerne l'écriture des morceaux. La liste des influences instrumentales est beaucoup trop longue pour faire moins qu'un « top 100 de mes influences » !
Tom Coerver - From The Mud... To The Sky
Venons-en à votre nouvel album, « Wood, Wire, Vibes... & Slide ». Pourquoi avoir enregistré seul, ou presque ?
Mon dernier groupe, Goin 'South s'est séparé en 2008, époque à laquelle mon bassiste Bill Doran a décidé de prendre un emploi au Texas. C'est aussi à cette époque qu'on m'a diagnostiqué le cancer de la prostate et je n'avais donc tout simplement pas assez de « carburant » pour m'atteler à mettre sur pied un nouveau groupe après l'opération et tout ça. Vous remarquerez que j'ai aussi enregistré environ la moitié des morceaux des deux CDs avec Goin 'South seul. C'est parce que j'ai tendance à enregistrer soit tôt le matin avant mon travail, soit pendant ma pause déjeuner (j'habite près du bureau...), ou tard le soir quand j'ai du temps disponible entre les moments où il me faut être un « papy » pour mes cinq petits-enfants et ceux où je dois être un mari pour ma femme Esther. J'ai pu avoir Patty Houk et Debbie Landry qui viennent ajouter des choeurs et Dave "The Tube Guy" Long pour de l'harmonica sur quelques morceaux du nouveau CD, un disque qui avait besoin de ces sonorités et de ces couleurs. Et pour cette petite compagnie d'amis, il y avait mon petit studio de quatre mètres sur six (Baton Rouge Blue Room).
Comment avez-vous choisi les reprises ?
Principalement pour les groupes et les artistes qui ont été de grandes influences. Ensuite, j'ai essayé de choisir une de leurs chansons qui était assez bien connue et qui collerait bien avec mes propres morceaux et instrumentaux que j'avais alors déjà enregistrés.
Comment est venue l'idée de coupler les deux « Chevrolet » ? Juste à cause du même titre ?
Derek Trucks a repris ce vieux morceau de blues, « Chevrolet » et j'ai aimé son interprétation que j'ai combinée à quelques saveurs californiennes que Robben Ford avait sur sa version. D'autre part, j'ai toujours aimé le « Chevrolet » de ZZ Top. Alors j'ai pensé qu'il serait amusant de présenter une version du morceau de ZZ avec un groove démultiplié pour qu'elle se coule parfaitement dans le vieil air de blues. Cela a été une expérience amusante qui a marché... J'avais tenté d'intégrer une cheville carrée dans un trou qui était rond avant et c'était beaucoup plus dur que cette expérience. Ces expériences ratées resteront au « purgatoire numérique » sur mon disque dur !
Y a-t-il eu des reprises plus difficiles que d'autres à vous approprier ?
Oui, « Red & Orange » qu'interprétait John Abercrombie (écrit par Jan Hammer) a été très difficile à s'approprier jusqu'à ce que je trouve un groove à la batterie qui soit plus mon truc. J'ai toujours aimé le jeu de batterie de Jack DeJohnette mais il faut deux ou trois batteurs pour approcher ce qu'il peut faire avec ses deux mains et ses deux pieds. Alors j'ai continué à repartir de zéro jusqu'à ce que je trouve ce groove et dès lors ça a commencé à bien sonner pour moi. Et puis j'ai pensé au cool Fender Rhodes de Jan Hammer et au travail du Mini Moog sur le « Stratus » de Billy Cobham ; j'ai eu alors l'idée de faire un mélange des deux airs et de l'appeler « Red & Orange Stratus ».
« Red & Orange Stratus » et « Zoot Allures » semblent un moment éloigner quelque peu le disque de votre blues rock habituel, non ?
Oui, j'ai toujours aimé ces trucs instrumentaux « planants, funky, jazzy, touffus et tendus » et c'est ainsi que « Decisions »» (écrit en 1981 !) s'est retrouvé sur « Waterfront View », « Adrift » sur « Thirds ... & More »", « Fat 'Lanta Strut » sur « From the Mud... To The Sky » et « Timeshift », « Red & Orange Stratus » et « Zoot Allures » sur le nouveau CD.
Tom Coerver - Wood, Wire, Vibes... & Slide
Comment composez-vous ?
Le plus souvent, ça commence avec une image dans mon esprit qui me suggère un titre de chanson. Ensuite, j'écris les paroles puis la mélodie vocale et ça me suggère les suites d'accords, les harmonies et le groove. Parfois, les chansons évoluent des riffs ou progressions d'accords sur lesquelles j'achoppe. Ça reste logé dans mon esprit jusqu'à ce que j'entende une mélodie vocale, qui suggère alors une ambiance puis des paroles.
Jouez-vous souvent en concert ?
J'ai beaucoup joué les week-ends avec des groupes et bien des fois le jeudi avec Tom & Patty et ceci jusqu'à la fin de 2008. Après, avec l'opération chirurgicale, ça s'est ralenti. Je me suis aussi fait assez méchamment mal à la hanche à l'été 2009 ce n'est donc pas avant l'an passé que j'ai commencé à rejouer plus souvent.
Je suppose que vous mélangez là aussi beaucoup de reprises à vos compositions ?
Pour les concerts autour de Baton Rouge, je fais principalement des reprises. J'y glisse discrètement quelques-unes de mes chansons ici et là mais ici les gens n'accrochent pas trop aux morceaux originaux et je ne vais donc pas trop loin dans cette direction. Merci mon Dieu qu'il y ait les Européens ! Je pense qu'environ 75% de mes ventes se font en Europe.
Les claviers apportent sur disque pas mal à votre musique. Cela ne vous manque-t-il pas sur scène de ne jouer qu'en trio, sans clavier ?
J'aime le défi de faire de la musique avec juste une basse, une batterie et ma guitare comme les grands power trios du passé, Cream, Hendrix, Gov't Mule, etc. Je continue à jouer pas mal de claviers surtout récemment du fait que j'ai rejoint le groupe de Burton Gaar. J'y joue des claviers environ 75% du temps et de la guitare slide environ 25% du temps pendant que Ken Harrington est à la guitare.
Quels sont vos projets ?
Je vais faire des concerts en 2011 avec Timewarp, Burton Gaar et Tom & Patty. Burton a aussi quelques surprises en préparation pour plus tard dans l'année.
Puis-je vous demander votre définition du rock sudiste ?
Tout ce qui groove dur, combine des éléments de blues, de rock, de rockabilly, de jazz, de swing, de boogie, des shuffles, du New Orleans second-line, du mambo, de la rumba, du Tejano, du Cajun, du gothic Gulf Coast, des contes de la côte Atlantique ou de la côte du Pacifique (ou des contes de l'intérieur de ces régions !), traite de la vie des montagnes, de la vie des marais, de la vie des trous perdus, des grandes ou petites villes. En d'autres termes, il n'est pas nécessaire que ça provienne d'une région géographique donnée mais il faut que ça ait cette ambiance !
Et vos albums préférés de Southern rock ?
« Eat A Peach », « Live At The Fillmore », « Brothers & Sisters » et « Shades Of Two Worlds » de l'Allman Brothers Band ; « Rio Grande Mud », « Tres Hombres », « Tejas » et « Degüello » de ZZ Top ; les trois premiers albums de Leon Russell ; « Bayou Country », « Green River » , « Willy & The Poorboys » et « Cosmo's Factory » de Creedence Clearwater Revival ; « Johnny Winter », « Second Winter », « Johnny Winter And », « Johnny Winter And - Live », « Still Alive & Well » et « Third Degree » par Johnny Winter ; le premier album de Ry Cooder ;, « Sailin' Shoes », « Dixie Chicken », « Feats Don't Fail Me Now », « The Last Record Album », « Waiting for Columbus », « Hoy-Hoy » et « Let It Roll » par Little Feat ; « Pronounced », « Second Helping », « Live » et « Street Survivors » par Lynyrd ; « Marshall Tucker Band » et « Fire On The Mountain » du Marshall Tucker Band ; les quatre premiers Gov't Mule et beaucoup d'autres, y compris Wet Willie, Point Blank, Grinderswitch (Richard, Bobby et moi avons fait les choeurs sur une session avec Dru Lombar !), Dixie Dregs, Jaco Pastorius, The Flaming Lips (de l'Oklahoma...), Drive-By Truckers, The Iguanas, Johnny Rivers (né Ramistella. Il a grandi à Baton Rouge...), Grits Cold Grits & Black Eyed Peas (l'ancien groupe de Duke Bardwell et Luther Kent), Potliquor, LeRoux (à l'époque de Jeff Pollard...) et beaucoup d'autres... mes doigts me tomberaient des mains si je devais tous les citer !
Tom Coerver
La session avec Dru Lombar est-elle sortie sur un disque ?
Cette session a été un ensemble « secret » d'overdubs d'harmonies vocales sur "Edge Of Sundown" et quelques autres morceaux de l'album live de Molly Hatchet « Double Trouble » pour lequel Pat Armstrong avait obtenu que nous (moi, Bobby, Richard Smith) et Dru doublions les harmonies vocales live pour « épaissir » le son dans le style des années 80 (c'était en 1985). Nous avons également eu beaucoup de plaisir à traîner avec Danny quand Pat a loué le camion d'enregistrement mobile Full Sail et qu'ils l'ont garé à l'extérieur des studios Sterling Sound Studios à Jacksonville (Floride...). Il a rajouté quelques overdubs vocaux sur le même disque avec une prise de vidéosurveillance de Danny qui était dans la salle principale, à l'extérieur du camion alors que nous étions assis dans le camion à regarder et à écouter Danny crier « TEXAS Helloooo ... » Ça a été l'une des nuits les plus hilarants de ma vie ... Danny pouvait être vraiment drôle quand il était de bonne humeur.
Avez-vous parfois croisé la route de Potliquor ou Louisiana's LeRoux ?
J'avais l'habitude d'aller voir Potliquor dans les clubs des alentours de Baton Rouge vers 1977-1978. Ils ont toujours déménagé ! Je n'ai jamais connu personnellement aucun des gars mais, en 1998, j'ai fini par acheter à mon pote Bob Sanchez de Live Music le piano électrique Fender Rhodes de George Ratzlaff. Bob était l'ami de George avant qu'il ne déménage (je pense qu'il est de nos jours en Floride...). Il a dit que George faisait bien d'aller là où il y avait du business. Le batteur de Potliquor, Jerry Amoroso, a eu un salon de coiffure populaire à Baton Rouge pendant des années mais je ne suis pas sûr de ce qu'il est devenu à présent. Quant à LeRoux, on se réunissait tous pour aller voir le Jeff Pollard Band vers 1976 (avant qu'ils ne changent leur nom en LeRoux) dans les clubs par ici. Ils jouaient beaucoup de chansons qui ont figuré sur le premier LP de LeRoux. « Bridge Of Silence » était une de mes favorites. Ils ont également accompagné Gatemouth Brown pour beaucoup de concerts et c'étaient des shows d'enfer ! Le batteur de LeRoux, David Peters, a toujours été parmi mes favoris. Il a joué avec Gatemouth jusqu'à ce que ce dernier ne décède peu de temps après l'ouragan Katrina en 2005. Jeff Pollard aura toujours une place spéciale dans mon coeur pour sa gentillesse envers moi un jour de 1976 quand je traînais dans une boutique d'instruments à baver sur les guitares et les batteries. J'ai entendu une belle ballade en Mi mineur provenant d'une Stratocaster et malgré ma timidité à l'époque, je suis allé regarder Jeff jouer le « Little Wing » d'Hendrix. Il a remarqué mon regard et m'a demandé si je jouais. Je lui ai dit que j'étais un batteur qui « touchait à la guitare ». Il a passé le temps à m'apprendre l'intro de « Little Wing » avec toutes les subtilités de main sur le manche. Je me sers toujours pas mal de ces figures. Après que Jeff ait eu quitté LeRoux pour devenir pasteur, ils ont eu plusieurs chanteurs jusqu'à ce qu'ils trouvent Randy Knaps à la fin des années 80. Quand je suis retourné à Baton Rouge en 1988, je me suis retrouvé pendant quelques mois à jouer dans un groupe du nom de Cool Toys dont Randy était le chanteur. En plus d'être un grand chanteur et artiste, Randy est un vrai personnage. Une fois, nous jouions un morceau lors d'un concert et j'ai entendu un harmonica. Je me suis demandé d'où diable ça pouvait venir... personne ne jouant de l'harmonica. Et puis j'ai levé les yeux et j'ai vu Randy tordre la bouche et refermer ses mains autour de sa bouche pour créer ses sons à l'harmonica. Randy est maintenant « le roi des publicités pour voiture » dans toute la région du golfe du Mexique. Il continue à jouer avec LeRoux en concert de temps en temps.
On parle beaucoup de la baisse de ventes de disques et des problèmes de téléchargement illégal. À votre niveau, en ressentez-vous les conséquences ?
Concernant la baisse des ventes et des fortunes de chacun (artiste grand ou petit), il faut plutôt blâmer la combinaison
- des jeux vidéo, des DVD, de la télévision par câble, d'Internet (!!!), et d'autres formes concurrentes de divertissement ;
- du nombre impressionnant de CD et de mp3s qui sortent (de manière légale ou illégale) grâce à l'avènement bon marché de logiciels et d'équipements d''enregistrement multipistes numériques et de mixage de haute qualité ainsi que du fait de la distribution à bas prix par CD Baby ou autres et du téléchargement en ligne (légal et illégal) ;
- de la fragmentation des radios, chacune spécialisée dans sa petite niche ;
- de l'absence d'un « nouveau mouvement » comme le grunge comme dans les années 90 ou le rap dans les années 80 ou encore Britney dans les années 2000 qui capte l'attention des gens.
Votre site Internet n'est plus à jour, est-il abandonné ?
Je plaide coupable de ne pas consacrer temps et argent pour mettre à jour mon site web depuis environ 2006 mais je reçois des courriels de quelques personnes à travers le lien de contact du site www.tomcoerver.com et chaque fois ça me donne l'envie de mettre le site à jour. Mais il semble que je devienne paresseux : je télécharge simplement quelques photos de temps en temps et j'appelle ça une « la mise à jour ». J'ai besoin de trouver un webmaster ou une dactylo !
Merci Tom.
Merci pour votre intérêt, Luc et compagnie ! Si ce n'était pas pour les Européens (en particulier la France, l'Allemagne, l'Italie, les pays de l'ancien «rideau de fer», etc.) et ceux des environs, je n'aurais probablement pas enregistré ou rien sorti après « Backwater Tales » parce que les États-Unis ne semblent plus trop intéressé par ce type de musique. Je vous remercie tous.
Tom Coerver
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