Robert Nix
Candymen
Atlanta Rhythm Section
Alison Heafner
Interview par Luc Brunot.
Traduction par Dominique Turgot et Luc Brunot.
Publié dans Bands Of Dixie n°65 (novembre - décembre 2008)
Dans le numéro précédent, Robert Nix nous avait conté son histoire musicale avec
"The Days Of Love & Blood". Nous complétons aujourd'hui ce texte par une interview en bonne et due forme sur les Candymen, l'Atlanta Rhythm Section, Alison Heafner, etc.
Bonjour Robert,
Comment avez-vous commencé la musique ?
Je suis juste devenu fou quand, très jeune, j'écoutais Elvis, Fats Domino, Little Richard, Sam Cooke, James Brown, Ray Charles et plus tard Otis Redding.
Quelles sont vos influences en tant que batteur ?
Joe Morrelo (Dave Brubeck Quartet), Hal Blaine, Cozy Cole, Buddy Rich et tous les batteurs jouant du rock et du rhythm and blues.
Quand avez-vous rejoint Roy Orbison ?
1964.
Jouiez-vous dans d'autres groupes ou avec d'autres artistes avant ?
Oui, j'ai joué avec les Jazz Cats, avec des noirs jouant du rhythm and blues, avec des types plus vieux qui faisaient de la country et avec tous les styles de jeunes rockers de Jacksonville en Floride. C'était un super endroit pour expérimenter tous les types de musique.
Combien de temps ça a duré avec Roy Orbison ?
J'ai joué cinq ou six ans.
C'est après que les Candymen se sont formés ?
Non. En fait, on s'est formés en tant que groupe pour accompagner Roy Orbison. Ensuite, on s'est mis à faire notre propre musique et on a eu un contrat discographique avec ABC Paramount Records à New York. On a failli déménager à Londres et signer avec une compagnie que possédaient Graham Nash et Ron Richards. Quand les Beatles enregistraient "Sergent Pepper's", ils ont fait un break d'une nuit et ils nous ont laissé utiliser leur équipement et leur ingénieur aux studios Abbey Road, avec Graham Nash à la production. Notre manager et Graham ne se sont pas entendus, on est donc revenus à Atlanta et Bill Lowery nous a obtenu le contrat.
Vous avez fait deux disques ?
Oui.
Quel était le style ?
Les Beatles, Dylan et certaines des racines sudistes avec lesquels on avait grandi.
Quand et pourquoi le groupe a-t-il disparu ?
J'ai été le premier à quitter le groupe. Je voulais me concentrer sur l'écriture, la production et jouer de la batterie sur des hits. J'ai eu presque immédiatement mon premier hit avec une chanson que j'ai écrite avec Bill Gilmore. C'était "Cherry Hill Park" par Billy Joe Royal.
Comment s'est passée la création de l'Atlanta Rhythm Section ? Qui a choisi de réunir ces musiciens là ?
On était des musiciens de studio à Atlanta et on formait une section rythmique. Buddy Buie et Bill Lowery ont été les catalyseurs derrière nous qui nous ont amenés à devenir un groupe par nous mêmes, à écrire nos propres chansons pour nous-mêmes. On a eu des hits avec pas mal d'artistes différents et on a senti qu'il était temps de faire notre propre truc. Bill Lowery nous a baptisé l'Atlanta Rhythm Section.
Comment avez-vous rejoint la section rythmique ?
Je faisais du travail de studio avec J.R. Cobb, Dean Daughtry, Emory Gordy et plus tard Barry Bailey et Paul Goddard. Dean Daughtry et moi-même étions dans les Candymen de Roy Orbison avant de devenir musiciens de studio. Finalement, en faisant beaucoup d'enregistrements avec différents artistes, nous avons décidé de faire notre propre disque. Buddy Buie a pensé que nous pourrions être un grand groupe et il nous a eu un contrat avec Decca MCA. Bill Lowery nous a appelé l'Atlanta Rhythm Section. On a continué à jouer sur des enregistrements de quelques artistes, spécialement Al Kooper et ses nombreux projets mais un jour on a fini par ne plus faire que nos disques.
Connaissiez-vous les autres musiciens avant ?
En fait, j'ai fait mes études lycéennes à Jacksonville, en Floride, avec J.R. Cobb. Après que Roy m'ait embauché, Dean et moi avons joué des années au sein des Candymen. Je connaissais Barry Bailey et Paul Goddard pour les avoir vus jouer dans des groupes du coin dans les clubs d'Atlanta.
Vous étiez tous des instrumentistes. Comment avez-vous trouvé votre chanteur, Rodney Justo ?
Rodney était le chanteur originel des Candymen avec Roy Orbison. C'était un super chanteur et il pouvait chanter n'importe quoi de Tom Jones aux Beatles. Il était vraiment bon pour chanter en harmonie avec Roy. Ensuite, il est devenu le premier chanteur de l'Atlanta Rhythm Section.
Au début, vous n'étiez que des musiciens de studio. Comment et quand vous êtes vous transformé en groupe à proprement parler ?
On nous a offert un contrat en tant que groupe avec MCA (Decca) et voilà comment c'est arrivé.
À partir de quand avez-vous fait des concerts ?
Ça a commencé doucement, en jouant juste quelques dates. Ronnie Van Zant a eu un impact majeur pour que nous tournions davantage. Il trainait avec nous au studio One. Lynyrd Skynyrd enregistrait toute la journée et, ensuite, on venait la nuit. Il venait nous écouter et disait "Merde, les gars, on va montrer ça aux gens". Pas mal de nos premiers concerts se sont fait avec Skynyrd.
Vous souvenez vous quand et où a eu lieu le premier concert de l'Atlanta Rhythm Section ?
Le premier concert dont je me souvienne avec l'Atlanta Rhythm Section, c'était à l'Alex Cooley's 'Electric Ballroom. On a fait un show d'enfer et après il y a eu beaucoup d'agitation autour de l'Atlanta Rhythm Section. Le reste, c'est de l'histoire. On a vraiment eu beaucoup de chance pour le succès qu'on a eu.
Quelle était votre set-list à ce moment là ?
Pas mal de morceaux de "Back Up Against the Wall" et de "Red Tape" plus quelques reprises. Je me rappelle qu'il y avait quelques chansons du Band et "Live And Let Die" de McCartney.
En tant que musiciens de studio, qui l'Atlanta Rhythm Section a-t-elle accompagné ?
Dennis Yost et les Classics IV, Billy Joe Royal, Joe South, the Tams, B.J. Thomas. Il s'agit juste de quelques uns dont je me rappelle. J'ai aussi joué de la batterie sur des disques de Paul Davis, Ike et Tina Turner, Lynyrd Skynyrd et j'ai joué sur plusieurs projets d'Al Kooper.
Le premier disque de l'Atlanta Rhythm Section est sorti en 1972. Avez-vous mis longtemps à le préparer ?
Pas trop. On en a eu l'idée au milieu de nos autres engagements d'enregistrement et de composition. On jouait aussi sur pas mal de jingles et de pubs. Coca Cola, Dr. Pepper, Kentucky Fried Chicken et des équipes de sport comme l'équipe de Baseball Atlanta Braves.
Les morceaux de l'Atlanta Rhythm Section sont la plupart du temps écrits à plusieurs et on retrouve souvent votre nom. Comment se passait cette composition à plusieurs ?
Buddy Buie, J.R. Cobb, Dean Daughtry et moi étions les catalyseurs de la plupart des morceaux mais on écrivait avec tout le monde. J'aimais simplement écrire avec qui que ce soit, à n'importe quel endroit et n'importe quand. J'ai le sentiment d'être béni d'avoir partagé des crédits avec tant de gens si différents.
Pourquoi Rodney Justo a-t-il quitté le groupe après le premier disque ?
Rodney Justo est un grand artiste et je pense qu'il voulait vraiment déployer ses ailes et voler dans pas mal d'autres directions. Il est parti pour travailler à New York avec Steve Tyrell (le manager de B.J. Thomas) et des artistes comme Steve Marriot et Humble Pie en tant que tour manager.
"Back Up Against The Wall" parait en 1973, année où Lynyrd Skynyrd sortait "Pronounced Leh-Nerd Skin-Nerd". Les connaissiez-vous alors ? Vous ont-ils influencé alors ou plus tard ?
Lynyrd Skynyrd est de ma ville natale, Jacksonville en Floride. Je me souviens d'eux jouant dans des clubs locaux de rock comme le Comic Book club. C'étaient des gars sans complexe et visiblement très décidés à faire leur truc. La fois d'après où je les ai vu, ils étaient devenus Lynyrd Skynyrd. Toujours des gamins sans complexes mais enregistrant au Studio One avec Al Kooper à la production. On savait tous alors que Ronnie Van Zant et ses gars allaient faire un tabac.
Avez-vous parfois partagé les mêmes scènes ? Jammé ensemble ?
Oui, on a pas mal joué de concerts avec eux avant qu'on commence à devenir tête d'affiche. Oui, parfois, on jammait ensemble en concert.
Quels furent les rapports de l'Atlanta Rhythm Section et de Lynyrd Skynyrd pendant ces années soixante-dix ?
On s'aimait et on se respectait réciproquement. Ronnie avait l'habitude de dire "Ce vieil ARS est le meilleur". J'ai joué de la batterie sur "Tuesday's Gone". Ronnie disait que c'était un de ses morceaux favoris. J'ai été très honoré que Ronnie Van Zant et Al Kooper me demandent de jouer sur ce morceau.
Pourquoi vous et non pas Bob Burns, le batteur de Skynyrd, sur cette chanson ?
Al Kooper et Ronnie Van Zant m'ont demandé de jouer sur "Tuesday's Gone". Je pense que c'était peut-être au moment où Bob Burns commençait à avoir quelques problèmes personnels. N'importe comment, je me suis senti vraiment béni d'avoir aidé à réaliser cet enregistrement. Ronnie Van Zant me disait toujours que c'était un de ses morceaux favoris de tout ce qu'avait fait Lynyrd Skynyrd.
On ne sent pas tellement de parenté entre la musique des Allman Brothers et celle de l'Atlanta Rhythm Section mais vous ont-ils malgré tout influencé ?
Quand j'étais dans les Candymen, on tournait partout dans le monde et on revenait à la maison et on jouait dans des clubs partout dans le Sud (Dixie). Un groupe qui m'a impressionné plus que tout autre a été les Allman Joys. Duane et Greg avaient quelque chose dont vous saviez juste qu'un jour ça allait exploser à la face du monde. Nos musiques (Atlanta Rhythm Section et les Allman) pouvaient être sensiblement différentes mais on avait en commun la classe et le style. C'est indéniable ! Duane Allman a influencé tous les guitaristes flingueurs depuis qu'il a enfilé son premier bottleneck. Gregg Allman est le Ray Charles blond et aux yeux bleus !
Quelles sont finalement les principales influences de l'Atlanta Rhythm Section ?
Elles sont vraiment trop nombreuses à citer. Tout du jazz, du rock, du rhythm and blues et même un peu de country et de bluegrass. Et un peu de classique. Ça couvre tout le spectre. Pour moi personnellement, ce sont Bob Dylan, les Beatles, Roy Orbison, Bacarach and David, Joe South, Johnny Cash, tout le vieux rhythm and blues, les gars qui font de la soul. Buddy Buie et Bill Lowery m'ont aussi aidé au début à façonner mon écriture pour les morceaux. Mon dieu, je souhaite que ces jeunes auteurs compositeurs d'aujourd'hui puissent, selon les grandes paroles de Maya Angelu, "ne pas cracher sur leur histoire" et apprendre d'elle. Le monde en serait d'avantage éclairé.
Ces deux premiers disques ont-ils eu du succès ? Des passages radio ?
Bon, on a eu pas mal de bonnes critiques qui semblaient annoncer tout ce qui a suivi. Notre première percée majeure à la radio et auprès de nos fans a été l'album "A Rock and Roll Alternative" à cause du single "So Into You". Tous les passages radio et tout le reste se traduisait en succès.
De ces deux disques [NDLR : les deux premiers], les morceaux restent me semble-t-il assez méconnus. Comment les voyez-vous avec le recul ?
Ces chansons nous ont permis de progresser dans l'art de faire les choses de la bonne manière pour la radio.
Comment et pourquoi l'Atlanta Rhythm Section est-elle alors passée chez Polydor ?
Après deux albums avec MCA (Decca), on sentait qu'on n'obtenait pas ce dont on avait besoin pour nous permettre de percer, que ce soit en termes de promotion ou de support pour les tournées. MCA/Sounds Of The South avait Skynyrd et bien que nous aimions Mike Maitland, le président de MCA, on avait le sentiment qu'on serait un plus gros poisson dans un plus petit bassin chez Polydor records. On aimait aussi Jerry Shonbaum et Arnie Geller chez Polydor.
À partir de "Third Annual Pipe Dream" (1974), vous êtes crédité comme producteur associé. Aviez-vous alors un rôle plus important dans ce domaine ? En quoi cela consistait-il ?
En fait, je jouais un rôle majeur depuis le début de l'Atlanta Rhythm Section. Buddy Buie et moi-même étions "soudés par la hanche" concernant toutes les choses à faire concernant l'Atlanta Rhythm Section. On a écrit ses succès majeurs. On rêvait ensemble aux concepts des albums. Même les pochettes. On planifiait ensemble chaque session avec bien des tasses de café noir mais aussi avec différentes autres "substances". On a même appelé Phil Walden et Alex Hodges à Paragon tard une nuit pour savoir s'ils pouvaient prendre le groupe. Ils ont dis "Oui" et le reste, c'est de l'histoire. Je regrette que Buddy Buie et moi ne continuions pas à écrire, produire et juste à rêver à ce qu'on pourrait faire et à faire que ça se réalise.
Au sujet des pochettes, la plupart des LPs de l'Atlanta Rhythm Section ont des pochettes incroyables, parmi les meilleures de l'histoire du rock. Ces pochettes, étaient-ce vos idées ou celles de Mike McCarty, celui qui faisait les illustrations ?
Buddy Buie et moi-même, on venait avec un concept pour les pochettes. En général, ça venait du titre du disque. On devait ensuite rencontrer Mike McCarty et lui communiquer nos idées. Mike est un vrai génie artistique. Il devait ensuite apporter sa touche à la pochette. C'était toujours brillant.
On parle souvent de Barry Bailey comme étant le guitariste lead et de JR Cobb comme le guitariste rythmique. Je suppose que JR Cobb prenait quand même certains soli. Dans quelle proportion environ ?
Barry Bailey et J.R. Cobb sont deux des plus grands guitaristes du monde. Barry est comme un joueur de stradivarius et JR. Cobb peut jouer comme B.B. King, Steve Cropper, Chet Atkins ou n'importe qui qu'il voudrait prendre comme modèle. Les deux ont une chose en commun, ils sont nés pour jouer de la guitare et pour la jouer avec le coeur et l'âme.
Au dos de "Dog Days" (1975), on voit le groupe en concert. Vous faisiez combien de dates par an ?
Une année, je crois que c'était en 1978, on a joué 262 dates, on a écrit les morceaux de "Champagne Jam" et on a enregistré l'album. Personnellement, je n'ai pas vu ma famille si ce n'est deux ou trois fois dans l'année;
Faisiez-vous encore des enregistrements en studio pour d'autres artistes comme au début ?
Non !
"Red Tape" (1976) est l'album le plus rock, le plus hard de l'Atlanta Rhythm Section. Était-ce une volonté délibérée de faire un disque plus rock ?
C'était à cause de moi. Buddy est issu d'un courant du rock plus doux que le mien. Chaque fois que je pouvais influencer les choses dans mon sens, je le faisais. En fait, on a eu une dispute une fois parce que je l'appelais Pat Boone et que je lui disais que je ressemblais d'avantage à Elvis Presley. Mais je pense qu'on faisait de grandes choses quand on s'accordait. J'ai été en total désaccord avec la direction qu'on a pris après "Champagne Jam". Pas mal de choses se sont produites après ce disque qui ont fait que Buddy, le groupe et moi n'avons plus été d'accord. J'étais plus ou moins sur la touche du fait d'une panne de créativité. L'alcool et la drogue se sont ajoutés à ce tableau et je sais que c'était difficile de vivre avec ça.
Pourquoi avoir repris "Another Man's Woman" déjà enregistré sur le premier LP ?
On avait le sentiment que "Another Man's Woman" était fait pour le live et on l'a développé avec un grand solo de basse pour un des plus grands bassistes de la terre, Paul Goddard.
Oh oui, quel bassiste incroyable ! Pouvez-vous nous parler de sa personnalité, de son importance au sein de l'Atlanta Rhythm Section ?
Paul Goddard était un type merveilleusement super talentueux. Je suppose que certains pourraient dire qu'il était un peu excentrique. En fait, j'aimais cette facette qu'il avait. Il était très important pour le son de l'Atlanta Rhythm Section. Il jouait de la basse d'avantage comme une guitare. Je pense que Paul était en avance sur son temps. Pas mal de bassistes modernes ont des techniques similaires à celles que Paul avait déjà.
En 1976, vous sortez un second disque, "A Rock And Roll Alternative" avec toujours de superbes morceaux. Entre les concerts, la composition et l'enregistrement, le rythme de vie devait être dément ?
Oui, c'était assez fou. En plus, on tournait avec Skynyrd, Marshall Tucker, Charlie Daniels, ZZ Top, Wet Willie, 38 Special et d'autres. C'était terrifiant. On pensait vraiment qu'on était tous des supermans.
"So Into You" aura été votre plus grand succès ?
"So Into You" nous a fait passer du statut de groupe régional de première partie à celui de groupe culte. Du fait des nombreuses diffusions radio jusqu'à aujourd'hui, c'est une des nos chansons les plus performantes chez BMI.
Avez-vous pressenti que vous auriez un tel succès avec cette chanson ?
Oui, On avait tourné et joué principalement comme première partie jusqu'au succès du 45 tours "So Into You". Après que ça ait été un hit, on a eu plus de demandes pour être tête d'affiche.
Le morceau "Champagne Jam" sur l'album du même titre (1978) est un peu dans la même veine. Avez-vous essayé de créer un autre "So Into You" ?
Pas vraiment. "Champagne Jam" est juste un genre de chanson sur les rockers prenant du plaisir en buvant chic plutôt que du tord boyaux. C'est "Imaginary Lover", qui a été un hit majeur, que je vois d'avantage comme étant dans la veine de "So Into You". Il a été conçu pour en faire un succès pop/rock. Il est celui qui vient juste après en ce qui concerne les performances de diffusion radio chez BMI.
Que pensez-vous de ce disque ("Champagne Jam") ? Il y a de très bons morceaux, il s'est très bien vendu mais il me semble plus froid, moins vivant ?
Je pense que c'est un grand disque. Je pense que c'est un des grands maillons dans la chaine depuis "A Rock and Roll Alternative".
"Underdog" (1979) semble ensuite plus intimiste, mélancolique. À quoi est due cette évolution ?
"Underdog", ça me semble être le moment où on a perdu de vue ce vers quoi on devait tendre. Personnellement, j'aurais aimé le faire plus rock comme "Red tape". Je pense vraiment que ce disque a été notre ruine. C'est juste mon opinion.
Quand et pourquoi avez vous quitté le groupe ?
C'était juste après "Underdog". J'avais une panne totale de créativité. Je pensais simplement qu'on aurait dû aller dans une autre direction. Il était très difficile à vivre pour moi qu'on me donne des "ordres de marche".
Vous n'êtes pas crédité sur le double LP live "Are You Ready!" mais on ne voit pas la photo non plus de votre remplaçant Roy Yeager. Qui était à la batterie ?
C'était moi mais je pense que Buddy a pris Roy Yeager en studio et a modifié les pistes. Après ça, sur toutes le
s photos du groupe, j'étais totalement effacé. Je suppose que c'était une décision du management et du groupe.
Quels sont les disques que vous préférez de cette période ?
J'aime différents morceaux de différents albums pour différentes raisons. J'aimerais vraiment bosser à composer mon propre album "Atlanta Rhythm Section Greatest Hits".
Quels seraient les morceaux qui composeraient votre "Atlanta Rhythm Section Greatest Hits" ?
"Dog Days", "Oh What A Feeling" (de l'album "Red Tape" ), "Georgia Rhythm", "So Into You", "Imaginary Lover", "I'm Not Gonna' Let It Bother Me Tonight", "Outside Woman Blues", "Spooky", "Champagne Jam", "Angel", "Doraville"...
N'y a-t-il pas eu de concerts filmés dans les 70's qui pourrait laisser espérer un jour voir sortir un DVD concernant cette époque ?
Il faudrait que vous le demandiez à Buddy Buie. J'ai toujours pensé que nous aurions dû être filmés et enregistrés live beaucoup plus qu'on ne l'a été. On a joué des concerts assez importants, depuis Kebworth en Angleterre (205.000 fans) jusqu'à la Maison Blanche, jusqu'au Day On the Green, sans parler de notre propre Champagne Jam. Je pense vraiment que c'est une chose que le management de Skynyrd a bien fait. Ils ont tant de séquences de concerts sur film ! Pour quelque raison, il semble qu'il n'y ait pas trop de matériel pour l'Atlanta Rhythm Section. C'est quelque chose sur quoi je suis totalement en désaccord.
Avez-vous encore des contacts avec vos anciens camarades de l'Atlanta Rhythm Section ?
Oui, je parle souvent avec Buddy Buie. Dean Daughtry, Alison Heafner et moi, on a écrit quelques super nouvelles chansons ensemble. [NDLR : Dean Daughtry est co-compositeur sur trois morceaux du disque homonyme d'Alison Heafner]
L'Atlanta Rhythm Section me semble un peu oubliée aujourd'hui (à ma connaissance tous les disques n'ont pas été réédités en CD) malgré des albums splendides. Est-ce votre avis ? Pourquoi ?
Je pense que la marque Atlanta Rhythm Section s'est dépréciée en jouant constamment avec des membres qui n'étaient pas des musiciens d'origine. En plus, il n'y a plus une machinerie de management / publication / promotion derrière le groupe. La seule chose qui rende l'Atlanta Rhythm Section digne est l'attention toujours forte portée par les radios au classic rock et au rock sudiste. L'Atlanta Rhythm Section ne vit qu'à travers de ses hits. Il n'y a plus au gouvernail de Bill Lowery, de Buddy Buie, d'Arnie, d'Alex Hodges, de Buck Williams, de Terry Rhoads ou d'Alex Cooleys.
Qu'avez-vous fait après votre départ du groupe ?
J'ai travaillé avec Alison Heafner. C'est une des plus grandes chanteuses, auteurs-compositeurs-interprètes avec qui j'ai été en contact. J'ai été honoré de travailler avec Roy Orbison, Billy Joe Royal, B.J. Thomas, Dennis Yost, Joe South, Al green et le grand Ronnie Van Zant. Alison Heafner est une artiste totale dans tous les sens du terme et je la place en tête de liste.
Depuis quand travaillez-vous avec Alison?
Maintenant en ce qui concerne, des artistes comme Alison, il en arrive peut-être tous les vingt ou trente ans. Elle est une chanteuse stupéfiante sur scène. Les gens sont totalement fascinés et stupéfaits par elle quand elle chante. Steve Cropper adore Alison. Il dit que, quand elle chante, elle est la seule artiste depuis Otis Redding qui lui donne l'envie de sangler sa guitare et de jouer. J'ai d'abord rencontré Alison quand j'ai fait appel à un de mes amis ingénieurs, une nuit à Memphis. Il disait qu'il m'attendait et m'a invité à venir au studio pour entendre une fille chanter a capella. Je suis entré dans le studio et je ne pouvais croire ce que j'entendais. Alison chantait comme Janis Joplin chantant Wilson Pickett. Sauf que c'était bien mieux que ça ! J'ai su alors que c'était une artiste vraiment exceptionnelle. Je ne savais pas que c'était aussi une auteur-compositeur exceptionnelle. Plus tard, on a on a commencé à écrire et enregistrer des démos de nos chansons. J'ai alors fini par comprendre qu'elle était un génie naturel. Mélangez ça avec ses performances live et vous obtenez ce dont le monde a besoin et doit découvrir. Je peux penser aux quelques artistes qui ont possédé ce qu'Alison possède et ça commence avec Elvis. George Klein (de l'Elvis Radio à Graceland) dit qu'elle a exactement ce truc de star qu'avait Elvis. Le DJ de Rock 103 à Memphis dit qu'Alison va secouer le monde avec sa musique. Duane Hitchings (qui a coécrit avec Rod Stewart "Do Ya' Think I'm Sexy?", "Young Turks", "Infatuation", "Passion" et bien d'autre choses) a trouvé Alison sur le Web et lui a envoyé un message disant qu'elle était l'artiste la plus importante qu'il ait écouté depuis Janis Joplin, avec laquelle il avait travaillé. Il a même demandé à Alison d'écrire des paroles et de chanter deux morceaux sur lesquels il travaillait pour Rod Stewart. Alison vient juste de terminer d'écrire les morceaux et on est sur le point de les enregistrer.
Qu'avez-vous fait entre l'Atlanta Rhythm Section et votre collaboration avec elle ?
J'ai écrit des chansons et j'ai fais quelques enregistrements avec quelques bons vieux copains. J'ai produit et joué sur un mes morceaux, "The Mighty Clouds of Joys" sur l'album "Testify" d'Al Green. Je l'avais composé et enregistré à l'origine avec B.J. Thomas. Ça a été un grand succès en single pour B.J. Leon Russell a enregistré le morceau avec sa femme, Mary McCreary, sur son album à elle. Je suis très honoré que chacun ait enregistré ma chanson.
Y avez-vous participé ? Quel est votre rôle : batteur ? producteur ?
Oui, producteur, co-auteur-compositeur, batteur, mentor et tout ce qu'il peut y avoir entre ça, dont le fait d'essayer d'être manager.
N'êtes-vous pas son mari comme je l'ai lu dans un article de journal que vous m'avez envoyé.
Alison et moi nous sommes mariés à Franklin, dans le Tennessee le 21 novembre 2008.
Est-ce que ce disque sans titre est son premier album ?
L'album homonyme "Alison Heafner" est en fait un package qu'on a fait pour Rock 103 Memphis après qu'Alison ait gagné le concours Great Unsigned en 2007. Elle a reçu 2 500 000 votes et elle est allée ensuite jouer en compétition avec deux autres groupes au Crawfish Festival. Elle les a mis sur le cul et de là elle est parti jouer sur la grande scène sur Beale Street à Memphis au festival musical de mai. Elle a fait de nouveau un tabac.
Quand et où a-t-il été enregistré ?
Ça a été enregistré en différents studios à Nashville, Dothan en Alabama, à Atlanta et Memphis à différents moments.
Qui étaient les musiciens ?
"Designated Lover" : guitares, Cris Tench - claviers, Hassel Teakle - batterie, Robert Nix - basse, June Bass - overdubs, Hal McCormack, Joe 'Boogie' / "Killer" : guitares, Hal McCormack - claviers, Joe 'boogie', batterie, Robert Nix / "End of The Line" : batterie, Robert Nix - guitares, Hal McCormack, basse, Jeff Adams / "Face In The Mirror" : batterie, Robert Nix - claviers, Jim Hallengren - guitares, Hal McCormack - basse, Jeff Adams / "Reggae Love" : batterie - Robert Nix - guitare, Larry Byrom - claviers, Larry Byrom - basse, Larry Byrom - overdubs, Hal McCormack, Joe Boogie / "Crucified" : batterie, Robert Nix - guitares, Chris Tench - claviers, Hassle Teakle - Overdubs, Hal McCormack, Joe Boogie / "To The Moon" : batterie, Robert Nix - claviers, Dean Daughtry - guitares, Doug Lanceo, Steve Stone, Chris Tench / "Missta' Sippi" (*): batterie, Robert Nix - guitares, Will Smith, Jimbo Mathus - claviers, Jimbo Mathus - basse, Doug 'Handgun' Gordon - harmonica blues, Jimbo Mathus / "Ode to Billy Joe" : Guitares, Chris Tench - Batterie, Robert Nix - Claviers, Hassle Teakle - Overdubs, Guitare, Hal McCormack - Claviers, Joe Boogie / "I Won't Take No" : Batterie, Robert Nix - Claviers , Dean Daughtry - Guitares, Steve Stone, Ron Norris.
(*) Enregistré à Delta Recording Service, Como, Mississippi.
Quelles sont les influences musicales d'Alison Heafner ?
Janis Joplin, Tina Turner, Elvis, Robert Plant, Ronnie Van Zant et pas mal de rock européen.
Je la vois sur des photos avec un T-shirt Lynyrd Skynyrd. Est-ce que le rock sudiste et spécialement Lynyrd Skynyrd sont des influences pour elle ?
Alison aime certaines choses du rock sudiste et en particulier les titres "Tuesday's Gone" et "Can't You See". Elle aime aussi la plupart des choses que l'Allman Brothers Band a faites.
Est-ce que le disque se vend bien ?
Ça marche super aux concerts et dans les engagements en club. Ça marche aussi fort par commandes postales. Vous pouvez l'avoir en envoyant un chèque ou un mandat pour 17,95 $ à Alison Heafner - P.O. Box 1932 - Batesville, MS.38606.
Vous avez aussi envoyé une piste live provenant du Thunder Beach Bike Rally. Est-ce que ça provient d'un album live à sortir ?
Alison aime le morceau "Folsom Prison Blues" tirée du film sur Johnny Cash. Elle a tellement aimé la bande son faite par Joaquin Phoenix qu'elle chante ça live et elle rend le public fou. On a joué au Thunder Beach Bike Rally à Panama Beach, en Floride l'an passé et on l'a enregistré. On va enregistrer les concerts à partir de maintenant et faire un album live avec les meilleurs prises.
Quand est-ce que ça a été enregistré ?
Septembre 2007.
Était-ce avec les mêmes musiciens qu'en studio ?
Oui et aussi avec Phil Swindle à la slide. Phil est de Jacksonville et a joué avec tous les gens de Skynyrd au fil des ans.
Le morceau est plus bluesy que le matériel studio. Elle joue plus blues en concert ?
Oui. Alison a ce truc qui vient quand elle fait face au public en concert. Je pense que c'est quelque chose que vous avez quand vous êtes né avec. Elvis, Jimi Hendrix et Janis Joplin l'avait. Quand vous la voyez sur scène, vous l'avez !
Êtes-vous satisfait par le développement de sa carrière ?
Il faut juste qu'on continue ce qu'on fait. L'industrie musicale est un grand désappointement pour moi actuellement. Avec l'aide de gens tels que vous et tout ce que vous faites, on peut sauver une partie de notre incroyable héritage avec quelques artistes étonnants comme Alison Heafner. On éclaire surtout les jeunes et on satisfait les vieux avec ce qu'on sait qui est la vérité. Le ROCK 'N' ROLL ne mourra jamais.
Jimmy Hall nous avait parlé de Deep South. Où en est le projet ?
Deep South est actuellement au placard mais qui sait ce qui peut se passer dans le futur ?
Quels sont vos disques préférez de rock sudiste ?
Bien entendu, j'aime les premiers trucs des Allman Brothers, en particulier les lives. J'aime aussi certains trucs de Lynyrd Skynyrd. J'aime du Marshall Tucker Band, spécialement "Can't You See". Il y a un album qu'on peut je pense classer dans le rock sudiste : Derek and The Dominoes, à cause de l'influence de Duane Allman ainsi que de celle de Bobby Whitlock aux claviers, pourrait être rangé dans la catégorie du rock sudiste.
Pas d'Atlanta Rhythm Section ?
"Dog Days", "Third Annual Pipe Dream", "A Rock & Roll Alternative", une partie de "Red Tape" et une partie de "Champagne Jam".